Le mardi 6 juin 2023, plus de 200 caravanes se sont installées dans le secteur de Molsheim, dans le Bas-Rhin. Un convoi composé de 600 membres d'une mission évangélique. La municipalité s'insurge de ne pas avoir été prévenue en amont.
Il était 11h30 ce mardi 6 juin 2023 quand les premières caravanes sont arrivées au nord-est de Molsheim (Bas-Rhin). Les 600 membres de la mission évangélique qui composent le convoi devraient rester une dizaine de jours. La Ville regrette de devoir gérer cette situation dans l'urgence, elle qui n'a pas été prévenue.
D'après les forces de l'ordre, cette arrivée massive depuis Nancy a causé un long ralentissement de trois kilomètres depuis la commune voisine d'Avolsheim. "Notre objectif a été de sécuriser la circulation et l'arrivée des caravanes. On ne pouvait plus rien faire d'autre", explique à notre équipe Pascal Joffrin, responsable de la police de Molsheim.
Le policier continue : "C'est une installation illicite puisque personne n'a été prévenu. On est ici sur un terrain privé, avec différents agriculteurs concernés, dont un qui devait couper de l'herbe dès la semaine prochaine. Malheureusement, l'installation remet tout en question."
En janvier, la commune de Molsheim avait répondu défavorablement à la demande d'installation faite par l'association Action grand passage (AGP). "Nous n'avons pas d'aire qui puisse accueillir autant de caravanes et de personnes. Pour l'instant ça va, il fait beau. Mais s'il se met à pleuvoir, cela va causer des problèmes de circulation sur cet espace engazonné", ajoute Pascal Joffrin.
Il faut agir dans l'urgence.
Pascal JoffrinResponsable de la police de Molsheim
Ainsi, la commune et les services de l'État n'ont pas pu anticiper l'arrivée de ce convoi. "Il faut agir dans l'urgence. La police municipale fait le lien avec le Select'om pour faire venir des bennes et avec le syndicat des eaux pour mettre en place un compteur provisoire mais aussi avec Électricité de Strasbourg pour faire venir un compteur électrique." À 16h, une arrivée d'eau a pu être installée. L'électricité n'est cependant toujours pas arrivée. EDF aurait du mal à fournir la puissance suffisante pour 600 personnes, indique la mairie de Molsheim.
Chantal Jeanpert est adjointe au maire de Molsheim en charge de la sécurité. Elle dénonce l'arrivée de ces véhicules sur le terrain. "Une installation électrique leur a été proposée mais ils l'ont refusée et ils continuent à utiliser des branchements sauvages. À vrai dire, on tourne un petit peu en rond ! Mais c'est normal, nous n'avons pas été mis au courant. La préfecture nous avait parlé d'une cinquantaine de caravanes fin juin et on aurait pu les accueillir. Mais pas 200."
La surface n'est en effet pas adaptée, contrairement à celle proposée par la commune d'Eschau, à 26 kilomètres de là. "Ils auraient pu aller là-bas, mais apparemment le terrain ne leur convenait pas. Alors, ils ont décidé de venir à Molsheim parce que ça leur allait mieux. Sauf qu'ici, contrairement à Eschau, nous ne sommes pas équipés ! Il n'y a pas de sanitaires, rien. Mais ils font ce qu'ils veulent, ils s'imposent."
"On préférerait bien sûr aller dans des aires de grands passages où tout est structuré avec un accueil, une convention, des dates d'arrivée et de départ. Sauf que l'aire d'Eschau ne répond pas à nos besoins en termes de superficie et de salubrité. Un champ comme celui de Molsheim, ça nous va très bien !", commente Frédéric Dupille, de l'association Action grand passage.
Ce dernier assure avoir tout fait pour causer le moins de nuisances possibles. "On a attendu que le foin et les ballots soient ramassés, le terrain était ouvert, rien n'a été fracturé. On a mis le chapiteau le plus loin des habitations, délimité une zone de non-droit pour ne pas déranger. On pensait que ça allait correspondre à tout le monde, mais il faut croire que non."
Treize jours de présence à Molsheim
De son côté, Chantal Jeanpert s'inquiète des prochains jours. L'association compte rester à Molsheim jusqu'au lundi 19 juin au matin avant de prendre la route pour Colmar. "Je leur ai demandé de ne pas trop s'approcher de l'Ehpad pour ne pas déranger les personnes âgées. Ils sont juste à côté ! On va aussi rester vigilant tout le temps qu'ils sont là. L'an dernier, ici, un groupe avait fait un mariage jusqu'à 5h du matin, je n'ai pas envie que ça se reproduise."
Ça va bien se passer parce que nous sommes des gens pacifiques.
Frédéric DupillePasteur et membre de l'association Action grand passage
Frédéric Dupille se défend. "Aujourd'hui, il y a quelques petites tensions, mais ça va bien se passer parce que nous sommes des gens pacifiques. Je suis un pasteur donc quelqu'un de pacifique ! On n'est pas là pour faire la guerre. Je pense surtout que les gens ne nous connaissent pas. Et en France, quand on ne connait pas, on a peur !"
L'après-19 juin est déjà dans l'esprit de l'adjointe au maire. "S'il n'y a pas de déchets ni de dégradations, on s'en contentera. Mais je me demande dans quel état ils vont laisser le site. On n'est pas à l'abri de quelques surprises." Chantal Jeanpert craint qu'avec les fortes chaleurs annoncées et les conditions sanitaires non réunies, la santé des occupants, en particulier des enfants, ne soit pas assurée.