Alsace-Moselle : un nouveau bâtiment mémoriel pour les victimes de la Seconde Guerre mondiale, "on pourra voyager au travers des itinéraires personnels"

La Région Grand Est prévoit la construction, à Schirmeck (Bas-Rhin) d'un lieu de mémoire pour rendre hommage aux morts d'Alsace-Moselle pendant la Seconde Guerre mondiale, et ainsi prendre en compte de manière globale les victimes spécifiques de ce territoire annexé par l'Allemagne entre 1940 et 1945.

Un nouveau monument mémoriel doit voir le jour à Schirmeck (Bas-Rhin), à proximité du Mémorial d'Alsace-Moselle. Au lieu d'un "Mur des noms" avorté, qui aurait recensé de manière linéaire les 52.000 victimes alsaciennes et mosellanes de la Seconde Guerre mondiale, la Région Grand Est prévoit un bâtiment dans lequel le numérique vient soutenir le travail mémoriel, et expliquer au public les spécificités des victimes d'Alsace-Moselle.

Pour mieux comprendre les enjeux d'un tel ouvrage, nous avons posé trois questions à Frédérique Neau-Dufour, historienne et présidente du comité scientifique chargé du suivi de ce projet.

Pourquoi un tel monument ?

"Ce monument mémorial doit servir à rendre hommage à des victimes très spécifiques à un contexte alsacien et mosellan, où la plupart des morts pour la France ne sont pas morts en Alsace et en Moselle ; ils sont morts très loin de leur territoire, qu'il s'agisse des incorporés de force, mais également des populations juives, des résistants et déportés.

Face à l'absence de lieu de sépulture pour beaucoup de familles qui ne peuvent pas se recueillir quelque part, il a été décidé par la région Grand Est de créer un lieu où chacun pourrait venir retrouver la trace, le nom de son parent ou de son proche décédé, et aussi un lieu où on pourrait approfondir la connaissance de son parcours."

Un ancien projet de "Mur des noms" a été abandonné, au profit de ce nouveau lieu. Pourquoi ?

"Il était nécessaire que le grand public comprenne bien que tous ces gens qui sont morts parce qu'ils étaient alsaciens et mosellans ne sont pas morts pour les mêmes raisons : on ne meurt pas pour les mêmes raisons quand on est incorporé de force ou quand on est un juif ou un résistant ou un militaire sous uniforme français en 1940. L'Histoire, c'est refléter cette complexité et l'expliquer aux gens.

On est donc passé d'un projet qui était un projet très traditionnel d'affichage de tous les noms côte à côte, à un projet beaucoup plus approfondi, grâce au numérique. Le nom des victimes reste central, et c'est une demande des familles de descendants. Le nom sera projeté, mis en valeur de manière assez émouvante, mais on apporte une dimension pédagogique et scientifique avec la possibilité d'ajouter des documents d'archives, et donc on n'est plus du tout sur un mur linéaire."

A quoi cela va ressembler ?

"Le projet sera présenté prochainement par le président de la région Grand Est. On est sur un bâtiment dans lequel on entre et symboliquement, c'est important parce qu'on entre véritablement dans le passé. On y trouvera un système d'écran et de projection numérique des noms et de bornes interactives tout autour pour découvrir les itinéraires personnels des victimes.

Adossé à ce lieu d'hommage central, il y aura un lieu d'explication par catégorie et par nom où on pourra entrer dans des bases de données. Ce sera un monument numérique où on pourra voyager au travers des itinéraires personnels, aller à la rencontre de ces personnes. On va être confronté directement à ces noms à la fois dans leur globalité parce que ce sont des victimes alsaciennes et mosellanes mais surtout dans leur spécificité, selon les raisons pour lesquelles elles sont mortes. A l'extérieur du monument est prévu un espace pour les commémorations et pour les hommages."

Le calendrier des travaux n'est pas encore précis. Le projet d'architecte retenu après l'appel à projet de la Région pourrait être révélé en septembre, avec un "démarrage des travaux en 2023, pour une livraison d'ici deux à trois ans", avance Frédérique Neau-Dufour.

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