VIDEO. Des paysages gelés dans les prairies inondées, "c'est presque du land art"

À Muttersholtz (Bas-Rhin), les prairies du Ried sont inondées depuis un mois. Avec les températures négatives de ce mois de janvier, cela crée des paysages givrés. Pour ce passionné d'oiseau, photographe amateur et ce batelier, ce sont des moments précieux qu'il faut savourer.

À Muttersholtz, commune du Bas-Rhin du Grand Ried, les pluies des dernières semaines ont inondé une grande partie de la plaine. Combinées aux températures négatives, les inondations ont créé des paysages gelés, figés dans la glace. Difficile d'imaginer que ces vastes espaces sont des prairies le reste de l'année. Au printemps, quand elles ne sont pas noyées, celles-ci deviennent des prés de fauche. 

En hiver, pour le photographe amateur, Denis Gerber, c'est un terrain de jeu idyllique, à la beauté éphémère. "C'est presque du land art, pour apprécier ces moments il faut sortir au bon moment, avant que la glace fonde. Quand le soleil sort, alors là, tout éclate".

Un petit paradis pour les oiseaux

Quand il ne sort pas son appareil photo, c'est avec ses jumelles que ce passionné d'ornithologie scrute les espèces qui nichent dans le Ried. Comme les mésanges charbonnières, présentes toute l'année, même en hiver. "Elles mangent un peu de tout. Elles fouillent sous les écorces pour chercher les vermisseaux ou les larves d’insecte en dormance".

Pour la grande aigrette, c'est une autre histoire. "C'est un héron tout blanc, assez récent en hivernage, chez nous en Alsace. Quand j'ai commencé à m'intéresser à l'ornithologie, on allait voir la grande aigrette de l'île de Rhinau. Il n'y en avait qu'une. Maintenant c'est un oiseau courant".

La prairie inondée, c'est un vrai garde-manger pour les aigrettes.

Denis Gerber, photographe amateur

Pour ces oiseaux, les inondations sont une aubaine. Les aigrettes et les hérons cendrés vont pouvoir se nourrir aisément. "Ils vont manger les micromammifères, c’est-à-dire les mulots, les campagnols et les musaraignes que l’inondation fait sortir du sol. La prairie inondée, c'est un vrai garde-manger pour les aigrettes".

Sur le chemin, Denis Gerber, rencontre avec notre équipe d'autres espèces qui peuplent le Ried, comme le rouge-gorge, la mouette ou cet oiseau que seul un œil exercé peut remarquer. "Regardez juste en bas dans le buisson, un troglodyte mignon, l’un des plus petits oiseaux qu'on peut trouver chez nous", fait observer l'ornithologue.

Si les oiseaux y trouvent leur compte, les prairies inondées apportent également leurs bienfaits aux habitants de la plaine. "La capacité de stockage de ces prairies inondables permet d’éviter l’inondation de Strasbourg et des villages alentour", explique Denis Gerber.

Au fil de l'eau

Ces grandes étendues d'eau font aussi le bonheur de Patrick Unterstock, l'un des derniers bateliers du Ried. Avec sa barque à fond plat, qu'il a fabriquée lui-même, il se plaît à naviguer dans les bras de l'Ill, là où la glace n'a pas encore pris. "C'est un paysage féerique, on a l'impression d'être dans un autre monde, loin de tout".

Ces températures négatives, c'est aussi l'occasion pour le batelier de sortir son épervier, un filet de pêche traditionnel, adapté aux périodes de froid. Avec le geste du lancer qui va bien, le filet, tel un parachute, vient se positionner dans l'eau. Il n'y a plus qu'à le tirer, en espérant ramener du poisson. "Ici on peut pêcher du poisson blanc, du barbeau, des gardons ou des ablettes pour faire de la friture. À cette période de l'année, ils restent au fond des rivières en état de léthargie". 

D'après les prévisions météo, les températures vont rester négatives encore quelques jours. Les prairies du Ried pourraient alors se transformer en patinoire. Pour le plus grand bonheur des habitants.

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