Le prix du café a atteint son niveau le plus élevé depuis 50 ans. Les causes sont multiples : réchauffement climatique, hausse du coût de l'énergie, géopolitique instable... Les répercussions, elles, se font ressentir chez les professionnels du secteur et sur les habitudes des particuliers.
Beaucoup comptent sur la tasse de café du matin pour affronter la journée. Un budget qui pèse de plus en plus lourd dans le porte-monnaie. "Dans le café où je vais d'habitude, le café est passé de 2,40 à 2,50 euros. Je vais essayer d'en trouver un moins cher", nous confie une cliente attablée à une terrasse de café.
En boire ou non ? La question se pose pour cet autre client. "Je ne suis pas assez riche pour boire du café tous les jours. Je pense à retourner vers des chocolats chauds, boire du thé." Si certains pensent à changer leurs habitudes de consommation, c'est parce que le café est devenu un luxe. Son prix augmente en flèche.
Les commerces contraints d'augmenter leurs prix
Pour Ny Aina Bernardson, le gérant du Café Bretelles à Strasbourg, la hausse du prix du café est arrivée comme un coup de massue. "Avant, nos paquets de grains coûtaient en moyenne 9 euros. Aujourd'hui, on a pris 2 ou 3 euros de plus par paquet." Et c'est l'accumulation des dernières années qui est la plus difficile à digérer. "Avec le changement climatique, on se doutait qu'il y aurait des répercussions sur le prix du café. Mais la guerre en Ukraine, le prix de l'énergie, du transport, les salaires, ... C’est devenu très compliqué."
À deux pas du campus de l'université, la clientèle de ce café compte beaucoup d'étudiants. Le gérant tient à ce que ce public ne soit pas trop impacté par la hausse des prix. "Notre espresso est à 2 euros. On ne veut pas y toucher." Ce seront d'autres boissons chaudes qui verront leur prix augmenter. De 3,40 à 3,60 euros pour le cappuccino, par exemple. Pas le choix pour cet établissement emblématique de la Krutenau, qui préférerait proposer du café de qualité à un prix moindre. "C'est un produit qui doit rester abordable pour tous."
Maintenant, on va voir les distributeurs 2 à 3 fois par an pour modifier les tarifs.
Nicolas Schulé, président des Cafés Sati
Mais ce n'est pas ce que présage la tendance. Nicolas Schulé, président de l'entreprise de torréfaction alsacienne, les Cafés Sati, a les yeux rivés sur le cours en bourse du café. Il parle d'une crise inédite. "On était entre 150 et 160 cent par livre, aujourd'hui nous sommes à 326 cent par livre. Le marché a plus que doublé."
Lui, n'a jamais connu ça. Le café est plus cher à l'achat de jour en jour et il faut répercuter cette hausse sur le prix de vente aux distributeurs. "Quand on travaille avec la grande distribution, c'est difficile. On négociait nos contrats annuellement. Maintenant, on va voir les distributeurs 2 à 3 fois par an pour modifier les tarifs. C'est une vraie révolution."
Un mauvais mélange pour expliquer le prix
Les causes ? Elles sont multiples. Dans les principaux pays producteurs de café comme le Brésil ou le Vietnam, c'est le climat qui joue. Le réchauffement climatique entraîne sécheresses et autres phénomènes météorologiques, affaiblissant les récoltes. Qui dit mauvaise récolte implique une hausse des prix. Par-dessus, un peu de spéculation et une situation géopolitique tendue salent la note. Et ce n'est pas tout.
"Le port de Santos au Brésil, plus grand port de café au monde connaît une situation tendue, avec des grèves, des containers perdus. Le canal de Suez fermé engendre des coûts de transport et d'énergie supplémentaires. J'oubliais le prix du dollar qui est faible par rapport à l'euro, surtout depuis les élections américaines", regrette Nicolas Schulé. Toute une série d'explications qui complexifient le marché mondial du café.
"Ce qui est inquiétant, c'est qu'on ne voit pas de facteur endogène au marché qui pourrait annoncer une baisse, en tout cas pas à court terme." C'est déjà la troisième fois de l'année que les Cafés Sati ont eu à augmenter leurs prix.