Guerre en Ukraine : les entreprises du BTP vont devoir suspendre de nombreux chantiers, "nous allons dans le mur à 200 km/h"

Flambée récente du coût des énergies, pénurie des matériaux, les entreprises alsaciennes du BTP ne vont pas réussir à tenir le choc sans aide. La situation est dramatique pour de nombreux artisans du secteur qui sortent à peine de la crise sanitaire.

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La situation est inédite, dramatique et ne va pas s'améliorer dans les prochains mois. Le téléphone n'arrête pas de sonner à l'antenne bas-rhinoise de la Fédération française du bâtiment et les nouvelles des artisans sont toujours les mêmes. En raison de la guerre en Ukraine, leurs entreprises sont dos au mur, elles ne savent pas comment s'en sortir.

"Le problème est facile à comprendre" explique Olivier Lang, vice-président de la fédération. "Le coût des énergies a augmenté, mais c'est encore un petit problème. C'est le cas dans tous les secteurs. Ce qui est dramatique est la pénurie de matériaux qui s'annonce suite à la hausse du prix des énergies".

Pour cuire des tuileries à 1.000 - 1.200 °C, fabriquer des vitres, il faut beaucoup d'énergie. Les entreprises n'auront pas les finances pour assurer cette production. Pour composer du béton armé, il faut de l'acier dont le coût explose. "C'est démentiel" pour Olivier Lang, spécialisé - lui - dans la construction bois. "Dans mon domaine, il faut savoir que certaine usines de bois ont brûlé en Ukraine. Nous allons manquer de panneaux d'OSB à base de bois pour les constructions et pour les meubles".  

Travailler à perte ou tout arrêter

"Je viens de dire à l'un de mes clients qu'il aura les tuiles pour son habitation en 2023" raconte Olivier Lang. Elles devaient être posées en juillet de cette année. Les stocks s'épuisent, "dans trois semaines les chantiers vont devoirs s'arrêter.

En Alsace, les entreprises du BTP avaient plutôt bien résisté au Covid grâce aux stocks disponibles, à la flexibilité des banques, au prêt garanti par l'Etat et grâce à la suspension des charges. Cette fois-ci, c'est différent. Elles commencent à être dans le rouge d'autant que le temps est venu de rembourser le prêt accordé durant la crise sanitaire.

"Les prix des marchés publics sont figés. Nous ne pouvons pas les augmenter. Aujourd'hui mes devis ne sont valables que pour une semaine". Le choix est cornélien, continuer de travailler à perte ou tout arrêter.

Face à la situation, les entreprises demandent l'aide de l'Etat. "Si on ne fait rien, c'est un plan de casse massif qui nous attend" conclut Olivier Lang.

Sur les réseaux sociaux, Olivier Salleron, président national de la Fédération française du bâtiment, assure que Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, intégrera le BTP dans le plan de résilience présenté dans les prochains jours.  

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