Écologie : une appli ludique pour changer les mentalités, "je ne pensais pas que les gens joueraient de manière aussi intense"

Elle rend service à l'environnement, l'application Ma Petite Planète invite périodiquement ses participants à relever des défis écologiques. Consommer moins, économiser les ressources, ou encore découvrir des alternatives vertes fait partie du challenge.

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C'est un jeu de société numérique qui se joue avec une application mobile (téléchargeable gratuitement sur Android et Apple iOS). Ma Petite Planète rassemble de plus en plus d'adeptes de l'écologie, des dizaines de milliers de joueurs s'impliquent personnellement à chaque édition, dont la durée est de trois semaines. Le prochain rendez-vous en faveur de notre petite planète aura lieu le 14 novembre pour les élèves, et le 23 janvier pour les adultes.

L'appli se joue par équipes autour de défis écologiques à relever entre amis, collègues, camarades ou en famille. Les nombreux défis – plus d'une centaine selon les éditions – portent sur l'alimentation, les déchets, la mobilité, l'énergie, la biodiversité, ou encore la technologie.

On y parle concrètement de do it yourself (faire soi-même), de seconde vie des objets, ou de valorisation d'aliments habituellement jetés. Parmi ces défis qui rapportent chacun un certain nombre de points, une quinzaine d'actions malus sont à proscrire pour éviter d'en perdre, comme utiliser des sacs en plastique, prendre un bain, ou voyager en jet.

Exemple de défis : acheter des légumes locaux de saison (+ 2 points), venir au travail à vélo pendant une semaine (+ 4 points), dégivrer son congélateur (+ 3 points), remplir une bouteille de mégots de cigarette (+ 7 points), supprimer les fichiers inutiles sur son cloud (+ 2 points), ou encore n'acheter aucun objet neuf pendant la durée du challenge (+ 2 points).

La 17e édition du jeu qui s'est terminée ce lundi 17 octobre, a rassemblé plus de 18.000 participants, majoritairement en France, dont plusieurs centaines sur la région Grand Est. Coïncidence, cette édition tombe en période de crise énergétique, ce qui rend riche de sens les objectifs de ce challenge.

Ma Petite Planète vient d'une très forte envie d'agir pour lutter contre le dérèglement climatique : le plus grand défi de l'histoire de l'humanité.

Clément Debosque, cofondateur de Ma Petite Planète

Pour Clément Debosque, le cofondateur de l'association Ma Petite Planète, l'idée vient d'une "très forte envie d'agir pour lutter contre le dérèglement climatique : le plus grand défi de l'histoire de l'humanité. Frustré d'avoir du mal à fédérer son entourage autour de la cause à coups d'arguments rationnels et moralisateurs, il a eu l'idée de créer une expérience collective et motivante autour d'un challenge".

Depuis août 2019, 115.000 personnes ont participé aux seize précédentes éditions, dont 70.000 élèves de la maternelle au lycée. Les enseignants semblent être à la recherche d'un "moyen de parler d'écologie avec les jeunes dans un format très pédagogique, leur donnant le pouvoir d'agir, malgré leur âge". Sensibiliser la génération de demain, c'est aussi amener les bons réflexes en classe, dans la cour de récréation, et plus largement, en famille.

Des entreprises de la région participent

De la start-up au grand groupe, 83 entreprises et collectivités participent au challenge, dont Décathlon, France Télévisions, les hôpitaux de Paris, Vinci, le département des Yvelines, Sciences Po, les écoles universitaires de management, et de plus petites structures comme Uvex Heckel et l'IUT de Haguenau, dans le Bas-Rhin.

Pour Uvex, une entreprise d'équipements de protection individuelle dans le Val-de-Moder (Bas-Rhin), 44 des 45 collaborateurs se sont prêtés au jeu. Pour Axel Ruf, directeur général de l'entreprise, c'est un vrai succès. Cette démarche sensibilise les salariés aux enjeux écologiques "de façon sympathique et ludique, tout en faisant réfléchir sur les pratiques pas toujours vertueuses" du quotidien.

Je ne pensais pas que les gens joueraient de manière aussi intense. L'intérêt c'est de sensibiliser les gens.

Axel Ruf, directeur général délégué d'Uvex Heckel

Les employés de l'entreprise ont constitué un groupe de covoiturage, s'échangent des astuces pour fabriquer des produits ménagers, tandis qu'au bureau, ils réduisent le nombre d'impressions, suppriment les e-mails inutiles, et trient les déchets. "J'espère que ces mesures seront pérennes. L'émulation dans l'équipe d'Uvex semble dépasser les frontières du jeu, il y a une belle bagarre pour gagner le prix décerné à ceux qui auront rassemblé le plus de points. Je ne pensais pas que les gens joueraient de manière aussi intense. Si c'est juste pour la gagne, ça n'a pas d'intérêt. L'intérêt c'est de sensibiliser les gens. À l'issue du défi, on synthétisera les bonnes pratiques qu'on pourrait perpétuer dans l'entreprise." conclut Axel Ruf.

Ce n'est pas du greenwashing, Clément Debosque nous l'assure : "Je pense que c'est très sincère. C'est souvent des gens qui sont engagés, qui ont envie que ça bouge. On n'est pas là pour aider les grandes entreprises qui polluent, on est là pour aider les salariés à rendre leur entreprise davantage cohérente sur le sujet et à embarquer la société vers un mode de vie plus sobre".

Des étudiants se joignent au défi

À Haguenau (Bas-Rhin), dans l'un des plus petits institut universitaire de technologie de France, 81 des 600 étudiants participent au défi, en parallèle de 22 membres du personnel. "C'est au-delà de nos attentes, c'est pas mal, réagit Justine Zimpfer, chargée de communication de l'IUT. On voulait quelque chose de ludique et positif pour amener ces questions clivantes et pesantes."

Sur le pan pédagogique, le défi Ma Petite Planète permet de mesurer la demande des étudiants en matière d'environnement. L'établissement propose aux apprenants une visite de l'usine de traitement des déchets de Haguenau, investit dans de "super-poubelles hyper modernes" sur le campus, et organise une journée de troc de vêtements entre étudiants. L'évolution des consciences atteint même les alternatives alimentaires. "Quand j'organise un événement, je tiens compte des différents régimes. Maintenant, on propose systématiquement une version végétale."

L'équipe enseignante et administrative, quant à elle, s'est aussi mise au covoiturage. "On a appris à mieux se connaître. Ça créer des conversations qu'on n'aurait jamais eu avant. C'est un super générateur de lien, nous dit Justine, surprise de l'effet de synergie du challenge. En voyant ce que font les autres, il y a plein de choses où je me suis dit «finalement, ça n'a pas l'air si compliqué que ça», ça m'a donné envie d'essayer."

France 3 Grand Est s'engage

Au sein de votre média régional, un groupe d'employés participe également au challenge. À Strasbourg, le comité social et économique a mis en place un jardin de permaculture biologique en 2022, sous l'antenne de France 3 Alsace. Les équipes internes ont mis en place des points de collecte de tri et communiquent sur des éco-gestes simples pour économiser les ressources. Enfin sur les antennes de France Télévisions sont désormais diffusés des bulletins météo EcoWatt sur le niveau de consommation électrique du pays.

Notre ambition, c'est de rendre la sobriété plus attrayante que la surconsommation.

Clément Debosque, cofondateur de Ma Petite Planète

Dans un contexte de crise énergétique, la mission de Ma Petite Planète est de rendre la sobriété plus attrayante que la surconsommation. "On incite les gens à placer l'humain parmi les autres êtres vivants et d'arrêter de voir la faune et la flore comme des ressources, s'indigne Clément. C'est pas open bar, il y a eu open bar pendant les 50 dernières années. Je ne m'avance pas trop en disant que le gouvernement actuel n'est pas à la hauteur des enjeux. On pense que la mobilisation citoyenne est nécessaire, mais ne sera pas suffisante."

L'ambition de Ma Petite Planète

À terme, les créateurs de Ma Petite Planète ont pour ambition d'en faire le jeu de société écologique de référence en Europe, avec – ils l'espèrent – une intégration de l'écologie dans les programmes scolaires de l'Éducation nationale. "On attend un peu plus de 50.000 élèves pour la prochaine édition scolaire. Ça avance vite" conclut Clément.

Pour clôturer ces trois semaines de challenge, les joueurs ayant décrochés le plus de points gagneront des box apéro à partager, des pots de miel, des coffrets de produits bio, des cartes cadeaux et des livres sur le zéro déchet. Sans compter le plaisir d'avoir participé collectivement à une expérience qui conscientise l'impact sur l'environnement.

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