Vingt ans après le 26 décembre 1999, la tempête Lothar est encore dans beaucoup de têtes. Et pour certains agriculteurs de l'Outre-Forêt, dans le nord du Bas-Rhin, l'après-tempête n'a pas été facile du tout.
Un hangar effondré. C’était en 1999 à Ohlungen sur l’exploitation de Frédéric Ott. Il perd alors la moitié de son élevage de poulets en quelques minutes. "Tous les animaux se sont mis dans les coins, en plus il pleuvait et il faisait froid. Donc ils se sont étouffés. Et sur les 12.000, il y en a peut-être 1.500 qui ont survécu. [...] C’était en choc. C'était en 1999, moi je me suis installée en 1997, ça faisait même pas trois ans, le bâtiment était neuf pour moi. C'était un coup dur, surtout que j'ai commencé à zéro, avec rien, c'était mon premier investissement."
La perte de revenus et les animaux sont indemnisés, par contre le bâtiment est évalué à 30% de moins de sa valeur. Frédéric Ott en reconstruit un nouveau en dur, plus cher. Il a mis presque 5 ans à s’en sortir financièrement. "Aujourd’hui on n’y pense plus, c'est un mauvais souvenir, on espère que ça ne reviendra plus. Mais financièrement, c'était un coup dur."
A Surbourg, Patricia Rauch a vécu quelque chose de similaire il y a 20 ans : le toit de tôles de son étable s’est envolé, ses vaches allaitantes se sont retrouvées dehors. "J'avais un poste de radio dans la salle de traite, j'ai mis la radio et ils ont annoncé un fort coup de vent, mais pas de tempête comme maintenant. J'ai téléphoné au grand-père pour lui dire de ne pas sortir les poules. Puis j'ai fini ma traite et je suis rentrée."
"Quand tout était fini, on est allé voir, et là le ciel te tombe sur la tête, c'était un vrai capharnaum, c'était affreux. [...] il y avait des tôles enroulées autour des arbres, comme des guirlandes." Deux veaux nés quelques jours auparavant meurent. Et les vaches sont stressées. Les semaines qui suivent, Patricia Rauch fait appel au vétérinaire de nombreuses fois. Et quelques jours après la tempête, il s’est mis à neiger sur ses bêtes. 1999 a marqué un tournant dans sa vie.
"On a tellement galéré, et financièrement et avec les bêtes, qu'on ne voulait plus réinvestir. Mais à un moment, il fallait [réinvestir]. Du coup on a arrêté le lait. Ca a changé notre vie".
Le hangar a été reconstruit, mais Patricia Rauch a changé d’activité, elle est maintenant salariée. Et dans un an, elle part en retraite. La tempête l’a frappée en plein milieu de sa vie active.
"Quand on voit les catastrophes à la télé, eh bien nous on était dans la même situation".
Le 26 décembre 1999 a marqué ces deux agriculteurs, comme bon nombre d’habitants de l’Outre-Forêt.