Goldorak, Albator ou Ulysse 31 : ils ont grandi et rêvé devant ces héros mythiques des séries télés des années 1980. Deux artistes alsaciens préparent un hommage tout en photos et figurines. L’album de 150 pages devrait sortir en fin d'année.
"Golodorak, go, rétrolaser en action!" : ces quelques premiers mots du générique de Goldorak suffisent pour nous replonger dans l’univers d’Aktarus, les années 1980, les mercredis après-midis devant Récré A2.
Certains quadragénaires et quinquagénaires ne s’en sont jamais vraiment remis et prolongent à leur façon cette madeleine de Proust. C’est le cas de Thierry Raynaud, artiste plasticien strasbourgeois et de son ami le photographe Dominique Ambs, alias Mononoeil.
Aidés par Agapé, l’épouse de ce dernier, ils préparent à eux trois un bel album de photos mettant en scène des figurines en résine tirées de 14 séries mythiques des années 1980 : de Goldorak à Cat's Eyes en passant par les Cités d’Or ou Albator.
Marqué à vie par Aktarus
Il suffit de lui demander "et vous quel est votre personnage préféré ?" pour voir le visage de Thierry Raynaud, chevelure grise un tantinet hirsute s’éclairer d’un coup : "Ah moi, c’est Aktarus, le prince de l’espace ! Je me le suis pris en pleine figure quand j’avais 8 ans. Cela a été une révélation. Depuis, cela a toujours été mon dessin animé préféré, même si techniquement, il faut bien reconnaitre que c’est douteux".
L’artiste plasticien poursuit : "Ce qui est certain, c’est que ça m’a donné envie de le dessiner, de faire des figurines, de bricoler des poupées. Je ne trouvais pas ce que je voulais dans le commerce donc je m’amusais, déjà à l’époque à customiser, faire des vaisseaux en papier. Ce générique, ce rituel de s’installer le mercredi après-midi devant la télé, c’était merveilleux".
L’artiste parle même d’obsession : une obsession, fondatrice du métier qu’il exerce aujourd’hui.
Il était une fois un album de photos
Il y a six ans, Thierry Raynaud se lance dans la confection de figurines de séries des années 1980 pour lui, pour sa déco intérieur. Comme lorsqu’il était enfant, il ne trouvait pas ce qu’il cherchait dans les magasins : "Au niveau du look, c’était soit trop fidèle, soit cela faisait trop jouet. Et surtout, il n’y avait jamais tous les personnages".
Cette frustration mêlée à son goût pour les Lego et les "Japan art Toys", ces petites figurines japonaises customisées et le voilà parti : "Je voulais faire quelque chose d’hybride entre quelque chose de simple, et en même temps avec suffisamment de détails, joli à exposer et design".
Il opte pour des figurines de résine de 20 centimètres de haut, "pratiques à intégrer dans une étagère Ikea". Il rajoute quelques articulations avec des aimants, un petit élastique pour les bras comme les vieilles poupées Mégo d’autrefois pour pouvoir leur donner vie.
A tout seigneur, tout honneur, il commence par Aktarus et tous les autres personnages de Goldorak, enchaîne avec Albator. Le résultat lui plaît, il est content. Il profite du confinement et du coup de frein sur son activité principale pour en créer de plus en plus.
En 2021, lors d’un salon, il croise son ami photographe Dominique Ambs alias Mononoeil. Séduit par la taille des figurines, leur possibilité d’être en mouvement, Mononoeil commence à faire ses mises en scène et ses clichés. Clic ! Clac ! Les deux artistes se mettent alors à rêver à un livre, histoire de rendre hommage à leurs années jeunesse.
Thierry Raynaud précise : "On fait Goldorak, Capitaine Flam, Albator dans version 1978 et 1984, Ulysse 31, les Cités d’Or, Jayce et les conquérants de la lumière, Cats eyes, Boba, Tom Sawyer, la Bataille des planètes, Cosmo 4. On s’est limité à 14. L’idée n’est pas de faire une bible !"
Grands enfants de 40 et 50 ans
Les compères ont remarqué que bon nombres d’artistes, de réalisateurs, de chanteurs ou d’hommes politiques de cette même génération évoquent ces personnages au fil des interviews, comme autant de petites pépites de leur enfance.
Thierry Raynaud et Mononoeil ont dans l’idée de leur demander des capsules dans lesquelles chacun raconterait son personnage préféré, une anecdote, un souvenir.
Parmi ces grands enfants célèbres, Philippe Lachaux, Mathieu Chédid sont déjà partants. D’autres comme Alexandre Astier, Gaëtan Roussel, Orelsan, Kavinsky sont identifiés : "On va les approcher les uns après les autres et après on se dit que cela marchera par le bouche à oreille".
A la recherche de fonds
Thierry Raynaud le reconnait : ce travail prend du temps, et donc de l’argent, d’autant qu’il fabrique toutes ces figurines en résine de A à Z. Idem pour Dominique et le traitement de ses photos.
Le duo envisage de faire des tirages papier. Il faut payer les graphistes qui travaillent sur la maquette. Le livre fera entre 140 et 150 pages. Il sera imprimé en autoédition.
Le duo met en vente sur son site Nos Récrés à 2 des exemplaires uniques de ses figurines. "Cela va permettre d’amorcer la machine", espère Thierry Raynaud, "l’idée c’est d’avoir le plus rapidement possible des gens qui nous font confiance pour pouvoir avancer sur le livre. L’album devrait être prêt, si tout va bien, pour les fêtes de fin d’années.