Des milliers de pêcheurs en France nourrissent une passion dévorante pour la carpe. Philippe Lagabbe, résident de Beinheim dans le Bas-Rhin, est un pionnier de la pêche moderne de ce poisson. Il nous dévoile pourquoi cette espèce le fascine autant.
Philippe Lagabbe habite Beinheim (Bas-Rhin). Âgé de 69 ans, il a consacré une bonne partie de sa vie au développement de la pêche de la carpe en France. Dans les années 1980, il fut l’un des premiers à s’intéresser à la pêche de cette espèce pourtant présente en nombre dans la plupart des cours d’eau. Pour ce carpiste légendaire surnommé "Le bison", la pêche est une aventure permanente qui mêle recherche et partage, un bon moyen aussi pour être en communion avec la nature. C’est une forme d’accomplissement.
Un poisson vénéré
La carpe est présente dans la plupart des fleuves, rivières et plans d’eau de l'Hexagone. C’est une espèce rustique qui peut atteindre des tailles exceptionnelles. Il n’est pas rare de prendre des spécimens de plus de 15 kg parfois 20, franchir la barre des 30 kg est exceptionnel. Au bout d’une ligne, elle est très combative. C’est ce qui motive de nombreux pêcheurs à se spécialiser dans la quête de ce poisson.
Sa chair est estimée dans de nombreux pays et pourtant les pêcheurs d’Europe de l’ouest préfèrent relâcher leurs prises pour qu’elles puissent continuer à vivre et grandir. Philippe Lagabbe a largement contribué à cette pratique. Une belle photo suffit pour se remémorer l’action de pêche. La carpe doit être relâchée dans les meilleures conditions. Il n’est pas rare que le pêcheur se mette à l’eau en signe de respect pour le poisson, et l'accompagner lorsqu'il repart dans son milieu.
Une créature fascinante et capricieuse
Philippe Lagabbe ressent toujours la même émotion lorsqu’il met à l’épuisette l'une de ses prises. Pour lui, les carpes ont quelque chose de différent des autres poissons : "Ce sont des créatures magnifiques, elles sont toutes différentes, elles se rapprochent d’avantage de certains mammifères dans leur comportement, elles empruntent des circuits très précis à certains moments de la journée". Toute la difficulté est de comprendre leurs habitudes.
Leur pêche est loin d’être une science exacte, c’est une discipline où l'on cumule les constats, sans acquérir de certitude. Malgré le temps passé au bord de l’eau en compagnie des meilleurs pêcheurs, il faut toujours se remettre en question. Chaque partie de pêche est différente, un plan d’action est méticuleusement préparé à l’avance pour essayer de toucher les plus gros poissons. "Le bison" puise dans son expérience mais s’adapte à chaque fois, au service de sa passion. Une ligne de conduite qu’il applique à la pêche comme dans sa vie, et ça lui réussit.
Article initialement publié en juin 2022