Georges Beck a été violemment pris à partie et roué de coups par un habitant de la commune jeudi 9 juin. L'homme l'a frappé à cause d'un différend autour de la délimitation d'un terrain. Le maire souffre du dos et de la jambe. Il est en arrêt pour au moins 10 jours.
Neuf jours après les faits, Georges Beck reste confus et très éploré. Il raconte cette matinée du jeudi 9 juin : "il était 8h du matin, à un arrêt de bus. Un couple d'habitants me prend à partie. Tandis que je sors un smartphone pour caler un rendez-vous en mairie avec eux, l'homme me pousse violemment. Je tombe par terre, presque évanoui. Et tandis que je suis au sol, l'homme enjambe la clôture qui nous séparait et se met à m'attaquer par derrière, à me frapper très violemment, à la tête et dans le dos. Comme ces hooligans qu'on voit à la télé. Je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais que me protéger la tête. S'il n'y avait pas eu au même moment des mamans - des héros - pour s'interposer, je ne sais pas ce qui se serait passé".
La scène décrite est d'une grande violence. Le maire explique que c'est en effet grâce à des mères de famille, deux grands-mères qui étaient à l'arrêt de bus et un automobiliste qui s'est arrêté en voyant les faits qu'il a pu s'en sortir. L'homme qui l'a frappé était lui-même accompagné de sa femme - qui n'est pas intervenue pour calmer son mari, selon le maire - et son enfant d'environ 3 ans.
Trois plaintes déposées contre l'agresseur
Un vieux contencieux semble opposer le couple - arrivé il y a huit ans dans le village - et la municipalité. Un différend les oppose quant au bornage de leur terrain et l'enrobage d'un chemin agricole qui jouxte leur parcelle. Pour autant, le maire indique que jamais encore il n'avait eu affaire à ce couple, jamais ils n'avaient sollicité d'entrevue avec lui. Trois jours avant cette rixe, l'homme s'en serait déjà pris à l'adjoint au maire, en l'agressant verbalement. Le lendemain, c'est au tour de la secrétaire de mairie de se faire insulter, à son domicile. L'adjoint et la secrétaire ont également porté plainte. Pour diffamation."C'est la fonction qui a été attaquée"
S'il souffre physiquement, c'est moralement que Georges Beck semble le plus abattu. Agé de 57 ans, voilà plus de 30 ans qu'il se dévoue pour Geiswiller dont il est maire depuis 1989. Jamais il n'avait été confronté à pareille situation. "C'est un idéal qui s'est envolé. C'est la fonction qui est attaquée. Ces derniers jours, j'ai bien failli démissionner". Pour l'instant, il ne l'a pas fait mais ne sait pas encore s'il ira au bout de son mandat. Lui qui ne prend que 60% de ses indemnités, laissant le reste dans le budget de la commune. Lui qui désherbe avec les autres habitants les espaces verts. Lui qui est engagé au sein de la communauté de communes et président du syndicat d'assainissement. Il explique que ce sont tous les témoignages de solidarité des habitants - ils sont 210 à Geiswiller - et des maires des villages voisins qui le font jusqu'ici tenir.L'agresseur de Georges Beck a été entendu par les gendarmes de Hochfelden. Il devrait être jugé au tribunal corectionnel de Strasbourg le 6 septembre
Témoignages de solidarité
- Le député du Bas-Rhin Patrick Hetzel (LR) a fait paraître ce communiqué en soutien à Georges Beck :
"C’est avec effroi que j’ai appris que Monsieur Georges Beck, maire de Geiswiller, avait été violemment agressé par un concitoyen. Je tiens à lui faire part de mon entier soutien. Je souhaite rendre hommage à son action et témoigner de son engagement pour défendre les intérêts de Geiswiller et de ses habitants.
Aucun différent de quelque nature que ce soit ne peut justifier le recours à la violence.
Je déplore très vivement et condamne fermement cet acte inqualifiable. Dans nos communes rurales, les maires et les élus municipaux font preuve d'un très important dévouement au service de l'intérêt général et de nos concitoyens, ne comptant pas leurs heures pour venir en aide aux autres.
Puisse tout le monde avoir conscience que notre vivre ensemble passe par le respect de tous et donc aussi de ceux qui ont reçu mandat pour représenter leurs concitoyens."
- L'association des maires du Bas-Rhin a également réagi à cette agression :
Auparavant, l'agresseur s'en était pris verbalement à l'encontre de son collègue Adjoint au maire, ainsi qu'au personnel de la Mairie. C'est inacceptable.
Il n'y a malheureusement pas une seule année sans l'agression physique d'un maire dans notre département.
Au nom de l'association et en son nom personnel, le Président tient à exprimer tout son soutien et sa solidarité avec le maire de Geiswiller et demande à ce que l'auteur de cet acte de violence soit condamné avec la plus extrême sévérité par les tribunaux.
Les maires ont droit au respect dû à leur fonction, comme tous les représentants de notre Etat de droit.
Elus de proximité, les maires sont en première ligne et confrontés de plus en plus à l'intolérance, aux insultes et aux agressions.
Il est fondamental que les pouvoirs publics rappellent que les maires sont des garants du vivre ensemble dans notre pays et doivent être protégés."