Si le contournement de Rothau dans le Bas-Rhin est mené à son terme, le camping "au bord de Bruche", géré depuis 12 ans par Philippe Vandenbroucke, pourrait bien être rayé de la carte. Un drame, pour celui qui a tout quitté dans le nord pour s'installer à Rothau et faire vivre le camping.
C'est un camping familial, situé au bord de la Bruche à Rothau dans la vallée de Schirmeck. Il est verdoyant, dans un cadre nature et dispose de 5 chalets en bois en plus de ses 39 emplacements pour tentes et/ou caravanes.
Le cadre, c'est ce qui a séduit Philippe Vandenbroucke quand il a décidé de s'installer loin de son Nord-Pas-de-Calais natal, il y a 12 ans. Il signe alors un bail emphytéotique de 30 ans avec la mairie de Rothau, propriétaire du terrain. Sans savoir alors que son camping se trouvait peut-être au beau milieu d'un projet routier de contournement de la ville.
"On ne sait rien, regrette-t-il, au micro de notre équipe sur place. Quand le projet a commencé à devenir concret, on nous a parlé de 2021 comme échéance puis 2024 et là probablement 2027.
Peut-être que grâce à votre passage, on aura des infos, je ne sais pas. C'est compliqué à vivre. Vous ne savez pas si vous devez investir sur un an ou deux et puis on ne sait pas quoi dire à nos clients. Comme celui-ci qui veut organiser un mariage dans le coin dans un an ou deux, qu'est-ce que je lui dis?
Un projet dans les cartons depuis longtemps
En réalité ce projet de contournement de Rothau est dans les tuyaux depuis des décennies. Parce que la ville est traversée par un trafic incessant : 1 100 camions et 8 000 voitures y passent quotidiennement. Il s'agit donc d'aménager la RD1420 avec un contournement d'1,6 kilomètres. Un projet porté et financé par la Collectivité européenne d'Alsace à hauteur de plus de 20 millions d'euros.
"C'est un projet souhaité par les habitants depuis 40 ans, précise Frédéric Bierry, président de la CEA. Rendez vous compte que ceux qui vivent dans la grande rue de Rothau ne peuvent pas ouvrir leur fenêtre à cause de la circulation !"
Un projet à volets multiples défend encore Frédéric Bierry. "L'objectif, c'est d'éloigner les nuisances sonores et la pollution du centre de la ville mais aussi d'améliorer la sécurité des passants. Et puis ce dossier comprend la renaturation de la friche industrielle Steinheil et le réaménagement écologique de la Bruche qui va pouvoir s'étendre au moment des crues, réintroduire des zones humides."
Un projet plébiscité par les habitants en effet. Sauf qu'au départ, il ne devait pas passer par le camping. C'est du moins ce que défend Marc Scheer, le maire de Rothau, c'est lui qui a signé le bail emphytéotique de 30 ans avec Philippe Vandenbroucke. "Le risque de contournement existait mais au départ, cela ne concernait pas son camping. On regrette vraiment de ne pas avoir été suffisamment visionnaire. Si on avait su que le projet définitif passerait par là, on n'aurait pas fait signer ce bail, c'est là notre erreur", reconnaît le premier édile.
Trouver des solutions de relogement ou d'indemnisations
Mais alors si vraiment cette route se fait, et Frédéric Bierry l'espère à l'horizon 2027, une fois la déclaration d'utilité publique décrétée (parce que ce n'est pas encore fait), que va-t-il advenir de Philippe Vandenbroucke ?
La mairie travaille à des propositions de relogement. "Reproduire ce camping au bord de la Bruche, c'est impossible, pour cause de problématique de zone inondable, et pas sur Rothau, car le ban communal est trop petit. Mais je sais que des communes avoisinantes ont proposé des terrains."
Recommencer son affaire autre part c'est aussi le souhait de Philippe Vandenbroucke. "J'espère en effet redémarrer quelque chose et que cela puisse se faire suffisamment tôt pour préparer le terrain parce qu'il y a beaucoup de choses à faire en amont comme de l'insertion paysagère."
Et si d’aventure aucune solution de relogement n'était trouvée, Frédéric Bierry comme Marc Scheer s'y engagent, Philippe Vandenbroucke sera indemnisé à hauteur du préjudice.