Yves et Patrice se sont dit oui, le 15 juin 2013. Premier couple homosexuel à se marier à Strasbourg grâce à la loi Taubira, promulguée quelques semaines auparavant. C'était il y a dix ans. Aujourd'hui, Patrice ne regrette rien, même si le couple a depuis divorcé. Cet engagement allait au-delà de leur union amoureuse.
Le jour même où la loi autorisant le mariage pour les personnes de même sexe fut promulguée, le 18 mai 2013, Patrice et Yves ont fait leur demande à la mairie de Strasbourg. Moins d'un mois plus tard, ils se disaient oui devant le premier magistrat de l'époque, Roland Ries.
C'était le 15 juin. jour de la Pride, la marche des visibilités. Tout un symbole. D'ailleurs, caméras et micros étaient présents en nombre, précisément ce que recherchait le couple : se déclarer unis en prenant à témoin l'ensemble de la société. "J'ai conscience d'avoir mené une bataille, et d'avoir accompli quelque chose", reconnaît-il aujourd'hui.
Car en effet, il y a dix ans, le sujet avait provoqué des débats enflammés, certains allant jusqu'à prédire l'Apocalypse. Elle n'a pas eu lieu, et depuis 70.000 mariages entre personnes de même sexe ont été célébrés dans les mairies de France, soit 3% de l'ensemble des cérémonies, et de plus en plus, dans l'indifférence générale. Une évolution que Patrice confirme. "La société a évolué. Évidemment, on ne peut pas avoir une adhésion à 100%., mais ça s'est normalisé."
Libres de se marier... Ou pas
Patrice et Yves ont été mariés huit ans. "C'était important aussi d'un point de vue juridique, pour avoir les mêmes droits et la même protection que n'importe quel couple", explique Patrice. Mais les trajectoires parfois finissent par s'écarter. Et c'est ce qui s'est passé pour eux. "Ce serait à refaire, je le referai", affirme-t-il néanmoins.
Aujourd'hui cependant, les années de militantisme sont derrière lui, et il partage sa vie avec un autre homme, sans être marié. " J'ai 40 ans, les circonstances ne sont plus les mêmes. Il faut laisser faire le temps, le mariage n'est pas quelque chose que nous envisageons tout de suite" dit-il. Désormais, il a le choix.