Matthieu Wurtz, président du collectif FestiGays, reconnaît n'avoir jamais entendu un tel récit : un déchaînement de haine et de violence lors une agression homophobe perpétrée à l'encontre d'un homme de 28 ans, à la station de Tramway Rotonde à Strasbourg dans la nuit du 26 au 27 avril. Deux militaires étaient jugés en comparution immédiate lundi.
Il se dit extrêmement choqué. Matthieu Wurtz, le président de FestiGays à Strasbourg est tellement bouleversé que son premier geste, au sortir de l'audience au Palais de justice de Strasbourg, fut d'appeler la presse. Pour dénoncer. Pour dire que ces actes sont insoutenables, et qu'ils ne doivent pas se reproduire.
Devant le tribunal correctionnel, les faits sont énoncés : à la station de Tramway Rotonde, un homme de 28 ans a été roué de coups, jeté au sol, tabassé, projeté contre les parois vitrées par deux militaires en état d'ébriété. Une scène d'une violence rare, qui a duré une éternité, au point d'alerter les riverains.
Pourquoi? "Par racisme et homophobie" résume Matthieu Wurtz. Les militaires ont écopé d'un an de prison ferme avec aménagement possible pour l'un, un an avec sursis pour l'autre, et 3 000 euros d'amende. Une peine qu'il trouve insuffisante.
Dans les mentalités, les choses n'ont pas vraiment évolué
Matthieu Wurtz, président de FestiGays
"C'est important de sensibiliser le public à ces questions, dit-il. Car ce que l'on voit, c'est juste la partie immergée de l'iceberg. Beaucoup de victimes n'osent pas témoigner, parce qu'elles ne peuvent pas assumer leur orientation sexuelle ou leur identité de genre. La peur, la honte que cela se sache dans la famille, ou au travail". Même en 2024. "Il y a eu des avancées juridiques, comme le mariage pour tous", affirme-t-il, "mais dans les mentalités, les choses n'ont pas vraiment évolué".
Voilà pourquoi la marche des visibilités reste importante. "Ça n'est pas une Gay Pride, ce n'est pas une question de fierté, mais de montrer que nous sommes là" précise-t-il. La marche des visibilités se tiendra cette année le 15 juin, précédée par un mois d'animations et d’événements dans toute la ville.
Les élus du conseil muinicipal de Strasbourg ont tenu à réagir dans un communiqué : "Nous tenons à apporter tout notre soutien à la victime et condamnons fermement l’agression subie. Cette manifestation de haine rappelle encore une fois qu’en matière de lutte contre les discriminations homophobes nous devons toujours redoubler d’effort et rester en alerte. Nous appelons les autres institutions à s’emparer de ce sujet avec détermination".