Le 26 septembre 2021, auront lieu les élections législatives en Allemagne. Un rendez-vous électoral qui actera le départ d’Angela Merkel après 16 ans de pouvoir. Quatre mandats pendant lesquels la chancelière a marqué l’Alsace et sa capitale, Strasbourg. Retour sur les moments forts de ses visites.
Les élections législatives approchent à grand pas en Allemagne. Le 26 septembre prochain, le départ d’Angela Merkel marquera la fin d’un tournant politique Outre-Rhin mais aussi en Alsace et en particulier à Strasbourg où la chancelière est venue à maintes reprises.
"Elle n’a jamais hésité à venir à Strasbourg, considérant que c’est une évidence. Je crois qu’elle en apprécie l’atmosphère", avance Fabienne Keller, députée européenne et ancienne maire de Strasbourg.
Sa première visite remonte à 2007. L’Allemagne vient de prendre la présidence tournante de l’Union Européenne. Angela Merkel vient présenter son programme à Strasbourg. Très attendue, elle ne va pas manquer d’asseoir son autorité et ses convictions. Elle entend relancer l’Union Européenne et plaide en faveur d’avancées, en matière de politique étrangère ainsi qu’une meilleure répartition des compétences entre les Etats et l’Europe.
Elle reviendra en 2009 à l’occasion du sommet de l’Otan. La France et l’Allemagne réunissent les dirigeants dans une ville cadenassée, en état de siège, où l’on retiendra surtout l’image d’un Barack Obama encensé devant les lycéens et étudiants au Rhénus.
En 2011, la chancelière retrouve Nicolas Sarkozy qu’elle rencontre lors d’un mini-sommet consacré aux questions européennes à l'Hôtel du préfet de Strasbourg. Aux côté de l’Italie, il y est notamment question de la crise économique. Le couple franco-allemand ne parvient pas au consensus sur l’épineuse question d’une intervention plus déterminée de la Banque centrale européenne (BCE) pour acheter de la dette des pays en difficulté, à l'instar de ce que fait la Réserve fédérale américaine. L’un est pour, l’autre contre.
"Ces dîners lui ressemblaient bien"
Sur le terrain de l’unité, c’est avec François Hollande qu’elle trouve ses marques. Par l’entremise de Martin Schultz, le président allemand du Parlement européen, les trois dirigeants dînent ensemble à plusieurs reprises dans des restaurants strasbourgeois. En janvier 2015, c’est par exemple au Ysehuet, le long de l’Ill, qu’ils échangent autour d’un menu chargé. Les relations franco-allemandes, la situation de la Grèce, la recrudescence des combats dans l’est de l’Ukraine ou encore la lutte contre le terrorisme. Des rencontres informelles discrètes, à l’abri des regards de la presse, qui permettent au passage d’inscrire la ville comme un lieu d’échanges et de pourparlers incontournables.
"Angela Merkel n’a pas apprécié le côté bling-bling de Nicolas Sarkozy, en revanche elle a toujours eu une sympathie personnelle pour François Hollande même s’ils n’étaient pas sur la même ligne politique. C’est quelqu’un de simple, qui n’a jamais aimé les bains de foule. Ces dîners lui ressemblaient bien", commente Kai Littmann, journaliste.
En 2015, c’est toujours aux côtés de François Hollande que la chancelière reviendra au Parlement Européen défendre sa politique migratoire face aux députés européens. Les deux leaders soignent à nouveau l’accord parfait face aux crises qui secouent une Europe divisée. Solidarité, responsabilité, tous d’eux parlent le même langage.
Dernière visite au Parlement en 2018. Angela Merkel à qui on a souvent reproché le manque de vision européenne, plaide en faveur d’une défense commune. "Nous devrions travailler à moyen terme à l’élaboration d’une véritable armée européenne", avait-elle déclaré.
Une prise de position surprenante
La même année, Angela Merkel si prompt à fréquenter la région avait malgré tout détonné en prenant part à un débat interminable. Pour ou contre un siège du Parlement européen unique, aujourd’hui réparti entre Bruxelles et Strasbourg. Le bataille avait été relancée par des attaques de dirigeants européens, dont celui de la chancelière, contre la capitale de l'Alsace. "Je pense que le Parlement européen doit concentrer son travail sur un seul site", avait-elle déclaré au cours d'une réunion du Parti populaire européen (PPE, droite, parti majoritaire au Parlement européen) à Munich. "Je sais quels problèmes je cause, à la France et au Luxembourg [qui accueille des services administratifs du Parlement, NDLR], mais je pense qu'à la longue, cela ne renforce pas sa capacité d'action", avait-elle expliqué.
Un plaidoyer qui n’avait pas manqué d’émouvoir Fabienne Keller qui en avait appelé à Emmanuel Macron pour défendre la position strasbourgeoise. "Cette prise de position a été une surprise. Strasbourg incarne quelque chose de très particulier en Europe. Et je crois que malgré tout, Angela Merkel porte un certain respect pour Strasbourg et à ses institutions. Elle a fait vivre naturellement Strasbourg dans son rôle de capitale européenne ».
Reste à attendre de savoir qui de Olaf Scholz, grand favori et francophile convaincu, d'Armin Laschet, chef des conservateurs, ou de l’écologiste Annalena Baerbock succèdera à celle qui restera la première chancelière allemande de l'histoire.