L’association SOS Préma et les Lactariums de France lancent un appel au don de lait maternel, en baisse en 2021. Ce lait, vital pour les bébés prématurés, ne manque pas encore en Alsace, mais comme partout ailleurs, les stocks s’y amenuisent.
Ce n’est pas encore la pénurie, mais ce n’est pas non plus la panacée. "Sur le fil constant", les lactariums d’Alsace se disent "solidaires" d’un appel au don de lait maternel lancé massivement au niveau national par l’association SOS Préma et l’association des Lactariums de France. Un lait considéré comme vital pour la survie des bébés prématurés mais dont les stocks se sont considérablement amenuisés dans l’Hexagone en 2021.
"Chez nous, nous avons suffisamment de lait pour les bébés hospitalisés, en revanche, nous ne sommes plus en capacité d’envoyer du lait cru à d’autres lactariums pour leur venir en aide", avance Jean-François Munier, cadre de santé au sein du lactarium du CHU de Hautepierre.
L’entité strasbourgeoise collecte entre 2000 à 2500 litres de liquide par an dans le Bas-Rhin, dont une partie de lait dit "anonyme", issu de dons. "C’est celui-là qui fait défaut pour qu’on puisse répondre à la demande d’autres établissements. En début d’année, le lactarium de l’hôpital Necker, en Île-de-France, nous a sollicités, mais nous n’étions pas en mesure de leur répondre favorablement. Ça aurait mis à mal nos stocks".
Un équilibre fragile
Concrètement, si 1050 litres provenant de dons extérieurs avaient pu être récoltés en 2020, 779 litres l’avaient seulement été en 2021. Une baisse également constatée à Mulhouse. "D’habitude, nous avions toujours du surplus pour dépanner d’autres lactariums, mais aujourd’hui, nous n’en avons plus", affirme Christine Menegazzo, puéricultrice référente du lactarium du groupe hospitalier régional Mulhouse Sud Alsace.
"Au lieu de rentrer 90 litres de lait par mois, on n’en a rentré que 30 en novembre et décembre de l’année dernière". Suffisant pour alimenter les bébés du pôle, ainsi que ceux des hôpitaux de Colmar, de Trévenans (Franche-Comté) et d’Epinal (Lorraine) qui ne disposent pas de centre de collecte et de traitement de lait maternel, mais pas plus.
Un équilibre fragile, induit par la crise sanitaire. La faible quantité de dons serait liée au redémarrage de l'épidémie et à une ambiance morose en cette fin d'année. "Les mamans sont certainement préoccupées par autre chose avec la crise sanitaire. Elles doivent gérer beaucoup de choses et doivent se dire "je n’ai plus le temps", pourtant c’est simple de donner son lait", reprend la puéricultrice.
Un lait médicament
Simple et surtout indispensable. Car en France, la prématurité touche chaque année environ 55.000 naissances. Des enfants qui ne peuvent pas boire autre chose que du lait maternel dans la mesure où leur tube digestif est immature.
"Les bénéfices nutritionnels pour les nouveau-nés sont reconnus et il n’y a pas de débat là-dessus. Le lait de mère est celui qui est le plus adapté au système digestif. Sans ce lait-là, il y a une perte de chances", explique Jean-François Munier.
"On considère le lait maternel comme un médicament car il contient des cellules immunitaires et des facteurs de croissance du tube digestif, qui permettent de mieux le protéger et de stimuler le système immunitaire", ajoute sa collègue, Jacqueline Matis, responsable médicale du lactarium de Strasbourg.
Il n'y a pas de petits dons
Christine Menegazzo, puéricultrice
Elle non plus ne tire pas la sonnette d’alarme concernant la situation alsacienne, mais, affirme-t-elle, "nous restons demandeurs car on a des stocks de 100, 200 litres seulement. Donc ça peut aller vite. Il suffit qu’il y ait deux trois donneuses qui s’arrêtent pour qu’on se retrouve en difficulté".
A Mulhouse, pour stimuler la générosité des mamans qui présenteraient un surplus de lait, même de petite quantité, on cherche avant tout à déculpabiliser. "Un préma boit en moyenne 30 ml par jour, parfois moins. Donc les mamans ne doivent pas avoir de complexes parce qu’elles ne donnent pas beaucoup. Il n’y a pas de petits dons", insiste Christine Menegazzo.
Les mamans donneuses reçoivent un colis avec les flacons de recueil, un tire-lait, ou encore un thermomètre. Quelques contre-indications existent néanmoins, telles que la consommation d’alcool, de stupéfiants, ou de certains médicaments. Fumer ou présenter certaines infections virales sont également des freins au don. Pour se renseigner et donner, il est recommandé de contacter directement les lactariums de Strasbourg et de Mulhouse.