Bar à jeux de société à Strasbourg : "On préfère venir ici que de passer le jeudi soir dans des soirées étudiantes"

Immersion totale, ambiance soignée, ludothèque fournie et licence 4: un cocktail détonant qui ravit petits et grands de "7 à 77 ans". "Episode Zéro" de Dooz est un temple dédié aux dés, aux cartes et à la bonne humeur.

"Le Skull King gagne toujours. Sauf quand une sirène a été jouée. Tout le monde a son point faible." Attendez avant de prendre vos jambes à votre cou: ceci est parfaitement normal. Ce ne sont pas les élucubrations d'un psychopathe en plein délire. Il s'agit de "Hep van Tell", le barman un peu spécial, en pleine explication de partie. C'est lui le maître de cérémonie. Il accueille, compose les tablées de joueurs, choisit les jeux en fonction du niveau revendiqué.

Ce jeudi soir, le thème c'est la piraterie. Les uns se sont essayés à Jamaïca, une course de bateaux pirates où tous les coups sont permis. Pour les autres ce sera donc Skull King, rapport à la tête de mort. Un jeu de carte au système simple et diablement efficace, expliqué en quelques minutes par notre barman multicarte.


Des cartes, des dés, et des rencontres

D'un côté, trois étudiantes en master à l'université de Strasbourg. De l'autre trois copains. "Vous venez pour la première fois?" Les deux groupes ne se connaissaient absolument pas avant de franchir la porte façon cuivre rivetée. Ils se retrouvent pourtant à la même table à écouter religieusement, après de très brèves présentations, les explications.
-"Il y a du hasard alors!"
-"Et, en tout, il y a combien de manches?" 

Les barrières, s'il y en avait, tombent assez rapidement:
-"Elle essaye de nous arnaquer!"
-"Mais non, je gagne 40, pas 20 sur ce coup-là, non?" 

Bref, la soirée est lancée.

L'endroit est cosy, l'ambiance extrêmement soignée. tendance steampunk, rétro-futuriste un peu dark. Le paradis pour s'immerger dans une partie de jeux. Même la musique et l'éclairage sont optimisés pour maintenir la pression: la lumière tressaille, un grondement sourd de tonnerre... rien de tel pour relancer l'atmosphère et les conversations. "Tout est fait de récup', de système D," explique fièrement Fred Ladrière, patron des lieux. "Nous avons un contact dans une déchèterie... Ensuite il n'y aucune limite, à part notre imagination."


Découvrir sans se ruiner

"Episode 0 - Dooz" est le seul bar à jeux de Strasbourg. Un concept qui fait visiblement des heureux. Près de 200 références - du jeu rapide et facile, du plus ardu destiné aux passionnés, en passant par toutes les nuances et variétés. Sauf à chercher un Monopoly ou un Trivial Pursuit: à ce moment-là mieux vaut passer son chemin. Aux tables on retrouve la même variété. Des étudiant(e)s bien sûr, mais aussi des travailleurs.

Charly, lui, est photographe professionnel. Il vient de Saint-Dizier pour le boulot, et fait escale pour la deuxième fois au bar à jeux. "L'ambiance rend vraiment bien et les mecs sont vraiment calés: ils connaissent leurs jeux. Ça permet de découvrir sans se ruiner." Tatouages sur les avant-bras, queue de cheval et piercing: Charly a le look auquel on pourrait s'attendre de la part d'un "geek", tout comme son acolyte Alex qui arbore fièrement barbe et tee-shirt Iron Maiden. De quoi impressionner Loukina et ses amies ? "Pourquoi j'aurais peur? N'importe quoi!" " Nous c'est déjà la sixième fois qu'on vient," enchaîne Adélaïde. "On a testé au moins une quinzaine de jeux! On préfère largement venir ici que de passer le jeudi soir dans des soirées dites étudiantes!"

Facteurs, ingénieurs, étudiants... "Il n'y a pas de clients types, ça change tous les jours, indique le patron. On fait beaucoup d'after-works, par exemple, il y a souvent des banquiers qui travaillent juste à côté. Samedi dernier une mamie a passé tout l'après-midi à jouer à Loups-Garous avec ses petits-enfants." D'ailleurs lui-même en est le parfait exemple. Après dix ans dans un cabinet d'expertise-comptable, Fred a décidé de tout lâcher. Avec son associée Marine Edel, ils ont monté Dooz, une escape room, en 2016.
 
L'idée d'un bar à jeux était toujours dans un coin dans leur tête. A l'origine il s'agissait simplement d'offrir un sas d'attente et de décompression aux clients de l'escape game. Depuis un an, l'espace s'est transformé en véritable bar, avec sa carte de boissons et de petite restauration. La plupart du temps l'entrée est gratuite, conditionnée à l'achat de consommations au bar ou à une partie d'escape. "Ce n'est pas la ruée vers l'or pour nous, mais ça marche! C'est un tout! Et l'essentiel, c'est d'avoir du plaisir à aller travailler," explique Fred.
 


Bientôt un deuxième bar à Strasbourg?

Reste que le jeu de société est en train de passer un cap de notoriété. "Avant on avait tendance à se cacher pour jouer, par exemple à un jeu de rôle. Maintenant les gens s'assument de plus en plus," confirme Fred. Au point de pousser LA boutique de Strasbourg, la boutique bien connue de tous les aficionados bien au-delà des frontières alsaciennes, Philibert, à prévoir l'ouverture prochaine de son propre Philibar, dès janvier prochain. Une concurrence? "On est super contents! Il y a des concurrences qui font du bien! Ça lancera encore plus de monde sur la voie du jeu! De toute façon on aura toujours des ambiances bien!" Alea jacta est 1.
 
Les plaisirs sont variés, tous comme les événements : soirées vampire, agents secrets ou pirates, mais aussi soirée dédiées aux jeux de rôles à table ou grandeur nature, tournois de cartes Magic (célèbre jeux de cartes à collectionner)... Les propriétaires ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Une quatrième escape room va bientôt être inaugurée, entièrement automatisée et rejouable. Question imagination, c'est no limit. Faites vos jeux, rien ne va plus! 
 
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