La petite librairie a ouvert au printemps dernier, au rez-de-chaussée d'un immeuble d'habitation sociale à Bischheim (Bas-Rhin). "Lignes de fuite" est une enseigne discrète, mais le gérant compte bien s'inscrire durablement dans le paysage des commerces de proximité de la commune.
Jusqu'au printemps dernier, Bischheim n'avait pas de librairie. Une aberration, selon Florian Crouvezier, qui a décidé de faire coup double : déménager dans cette commune au nord de Strasbourg, et en profiter pour ouvrir une librairie, "Lignes de fuite"
"C'est quelque chose qui me trottait dans la tête depuis tout petit" explique-t-il. Mais les détours de la vie lui ont fait emprunter des chemins de traverse : un master en histoire, puis quelques années à se chercher une vocation. "Je n'ai jamais voulu enseigner dit-il. C'était pourtant la voie toute tracée pour moi, mais ça ne m'attirait pas. Du coup, j'ai pas mal galéré. Un master en histoire, même avec mention, ça ne pèse pas grand chose... J'ai vécu de multiples piges, j'écrivais sur l'histoire locale, le patrimoine etc.... "
Mais passé le cap des trente ans, il était temps pour lui de prendre un nouveau départ. Et l'idée d'une librairie est revenue au premier plan. Il avait repéré un local qui allait se libérer à Bischheim. Il a fait ses cartons, quitté le centre ville de Strasbourg, pour concrétiser ce rêve de jeunesse : devenir libraire.
Amis de la poésie....
Florian Crouvezier a toujours aimé les livres. Et surtout, il a toujours aimé la poésie. Alors, c'était sans doute écrit : à deux rues de sa librairie vit un auteur, Jean-Michel Maulpoix, lauréat du prix Goncourt de la poésie pour l'ensemble de son œuvre. Il était d'ailleurs présent le jour de l'inauguration.
Dans les 30m2 de son commerce, Florian Crouvezier offre une belle sélection de poésie contemporaine. Mais il propose aussi beaucoup d'Alsatiques, et de la littérature jeunesse. Une librairie indépendante, généraliste : ce qui n'est pas en rayon peut être commandé. Et les clients ne s'en privent pas.
Le prix unique, exception culturelle française
Grâce à la Loi Lang de 1981 fixant un prix unique pour les livres en France, les petits libraires sont mieux armés pour affronter la concurrence des grandes enseignes, ou des commerces en ligne. "Les lecteurs ne le savent pas toujours, mais ça n'est pas plus cher de commander chez moi que chez la plateforme numérique que tout le monde connait. La seule différence c'est le délai : chez moi ça met une semaine, chez le concurrent en ligne c'est plus rapide puisqu'ils travaillent et livrent aussi le dimanche" Un choix laissé à la libre appréciation des clients.
Florian Crouvezier, lui, est déterminé à faire vivre un commerce culturel de proximité. Et accessoirement, à vivre de son travail. "Si tout va bien, ça sera le cas d'ici deux ou trois ans" dit-il. En attendant, le bouche à oreille commence à fonctionner, et des partenariats avec d'autres structures sont envisagés : le tiers-lieu qui va ouvrir juste en face de sa boutique, ou encore la bibliothèque de Bischheim. Petit à petit, tisser sa toile, localement.