Bas-Rhin : "le métier de buraliste a encore de l’avenir", malgré une conjoncture difficile

Les buralistes du Bas-Rhin se sont réunis en assemblée générale dimanche 19 septembre 2021 à Obernai. L’occasion de dresser un état des lieux d’une profession en mutation, inquiète mais résolue à survivre.

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"Aller de l’avant". L’injonction sonne comme un mantra pour les 260 buralistes du Bas-Rhin. Dimanche 19 septembre 2021, ils étaient conviés par leur fédération départementale à l’assemblée générale annuelle. L’occasion de revenir sur une année 2020 qui leur a été plutôt favorable, mais aussi d’évoquer les défis d’avenir de leur profession, en pleine mutation.

"Qu’on se le dise, nous ne sommes plus des buralistes pur et dur", résume Patrice Soihier, président, jusqu’à hier, de la chambre syndicale des débitants de tabac du Bas-Rhin. 

En sept ans de mandat, celui qui vient tout juste de céder son fauteuil, a pu constater la nécessaire évolution de la filière confrontée localement à la concurrence transfrontalière et par conséquent à la baisse des ventes de tabac.

"Ça fait des années que l’on réclame l’harmonisation fiscale sans succès. Soit nous nous avouons vaincus, soit nous nous disons : on y va et on affronte la chose", reprend-t-il.

"La proximité de l’Allemagne fait du mal"

Pour faire face, les commerçants français ont décidé de se rendre indispensables. "Désormais, on propose le compte Nickel, on est relais colis, relais poste, on va même pouvoir installer des distributeurs automatiques de billet dans les communes rurales". Présents sur tous les fronts, proposant de multiples services pour enfin être reconnus d’utilité locale. "Certains services sont peu rémunérateurs, mais ont créé du flux. On rencontre des clients qui pensaient qu’on ne vendait que du tabac et qui sont surpris". Une stratégie soutenue par les pouvoirs publics qui financent à hauteur de 30% les projets de transformation des commerces.

A Geispolsheim, Xavier Verissimo n’a pas encore obtenu l’aide promise. Ce buraliste s’est lancé dans la bataille du changement en 2019.

"Nous avons mis toute la surface commerciale à nue, pour faire un bar-restaurant, en gardant une partie presse, loto, et tabac", explique-t-il. "On perd de plus en plus de collègues. Si je n’avais pas fait ça, je ne serais peut-être plus là moi non plus. La proximité de l’Allemagne fait du mal. On vend moins de tabac, moins de presse papier. Si on veut pérenniser le métier, il faut investir".

Lui a déboursé 200.000 euros pour donner un second souffle à son activité et ne compte pas non plus ses heures. "Je n’arrête pas. Je suis passée de 80h par semaine à une centaine. Tout ça, ça aide un petit peu. On essaye de tenir."

Environ 150 fermetures à venir

L’optimisme des commerçants a ses limites… calendaires. Si en 2020, chacun a pu constater une hausse des ventes - + de 50% de produits vendus sur les six mois de confinement – la dégringolade est à nouveau constatée depuis six mois.

"C’était une embellie artificielle", confirme Philippe Coy, président de la confédération des buralistes de France. Ces deux dernières années, sur les 24000 professionnels que compte l’Hexagone, 500 ont mis la clé sous la porte. Ils pourraient être 150 en 2021. En Alsace, 4 à 5  jetteraient l’éponge chaque année, de manière temporaire ou définitive.

Selon Patrice Soihier, l’épidémie aura au moins eu le mérite de remettre les buralistes "au milieu du village". Restés ouverts, sur la liste des commerces dits essentiels avec de multiples services proposés, ils se sont imposés comme un vecteur indispensable de lien social. "On a répondu présent. La population ne voit plus le buraliste comme avant. Maintenant on nous regarde comme l’un des derniers maillons avant la désertification des centre-villes", affirme l’ex-président Bas-Rhinois.

Sur le terrain populaire, la partie semble gagnée. En revanche, la bataille pour une nouvelle politique fiscale sur le tabac reste vive. Le 29 septembre 2021, la mission d’évaluation sur la consommation de tabac et du rendement de la fiscalité applicable aux produits du tabac pendant le confinement, présidée par Eric Woerth, devrait rendre son rapport. "Ce seront des observations factuelles qui devraient confirmer ce que nous dénonçons. Le monde politique a parfois du mal à reconnaître certaines réalités", ajoute Philippe Coy.

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