Mercredi 8 septembre 2021, une restauratrice de Brumath a offert dix arrosoirs au cimetière communal. Des objets qui y sont régulièrement volés, obligeant les habitants à rapporter leurs propres bouteilles.
C’est un geste citoyen qui n’en finit pas d’être commenté sur la toile. Mercredi 8 septembre 2021, Teke Hanife, une restauratrice de Brumath, a acheté 10 arrosoirs qu’elle a ensuite marqués du nom de son établissement puis déposés au cimetière communal.
"En faisant cela, j’ai l’impression d’avoir redonné le sourire à beaucoup de personnes", commente-t-elle satisfaite.
Et pour cause. Avant cela, seul un arrosoir subsistait pour entretenir les agréments floraux des tombes. "C’est la galère pour en trouver un. Ça fait un moment qu’on a ce problème. Certains cachent des bouteilles en plastique dans des fourrés pour pouvoir arroser, et même ça on les volent", raconte Jacky Wendling. Son ras-le-bol et son écœurement, ce Brumathois, reporter bénévole, en avait fait part la veille sur les réseaux sociaux. C’est en découvrant son commentaire que Teke Hanife s’est décidée à agir.
"En l’espace de quelques secondes, c’était décidé. Il fallait que j’aille récupérer des arrosoirs. J’ai pris les 10 qu’il y avait en rayon, s’il y en avait eu 20, j’aurais pris les 20", raconte-t-elle. "Je n’ai personne dans ce cimetière. J’ai juste un frère qui est enterré en Turquie. La seule chose qui reste à faire dans un endroit comme celui-là, c’est de rendre hommage à ceux qui y reposent. Voler, c’est aberrant", poursuit-elle.
Il n’y a plus d’arrosoirs nulle part. Certains emmènent également d’autres choses.
Au total, la commerçante, filmée par le même Jacky Wendling se rendant au cimetière, a déboursé près de 40 euros pour remédier à une situation face à laquelle la municipalité s’avoue impuissante.
"Je loue l’initiative privée, évidemment. Mais cette dame risque d’être déçue de ne pas retrouver ses arrosoirs au bout d’un certain temps", réagit Etienne Wolf, le maire de Brumath. "C’est un problème récurrent. Ailleurs, dans d’autres municipalités c’est la même chose. Il n’y a plus d’arrosoirs nulle part. Certains emmènent également d’autres choses. Aujourd’hui quand vous enterrez quelqu’un, le lendemain matin, la moitié des choses qui se trouvaient sur la tombe ne s'y trouvent plus", se désole-t-il avant d'ajouter : "On ne peut pas se permettre d’avoir une surveillance toute la journée. Quant aux caméras, il y a d’autres priorités".
Une pluie de réactions
Depuis son geste, la donatrice croule sous les appels et les messages de remerciement. "Pour moi c’était minime mais en fait la portée est énorme. Rien que lorsque je suis allée au cimetière il y avait deux personnes âgées qui nettoyaient la tombe de leur fille. Ils avaient deux petites bouteilles en main. Quand ils ont vu les arrosoirs, ils avaient les larmes aux yeux. J’ai compris que j’avais eu raison de le faire".
Teke Hanife espère maintenant que son exemple fera "réagir les voleurs". "Je ne voulais pas que cela soit médiatisé au départ. J’espère que ça fera réfléchir et que ces incivilités cesseront", souligne-t-elle, en espèrant aussi que ses arrosoirs ne finiront pas dans les jardins privés.