Depuis début septembre, l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg propose un service de néonatologie à domicile. Cet accompagnement, qui permet une prise en charge complète du nouveau-né prématuré à la maison, rencontre un franc succès.
Très développée dans les pays scandinaves, la néonatologie à domicile s’implante progressivement en France. Une unité est en expérimentation pendant trois ans à l'hôpital de Hautepierre à Strasbourg et a déjà accompagné 19 bébés prématurés.
Après une hospitalisation, ces nouveau-nés prématurés peuvent désormais rentrer plus tôt à la maison. Une procédure encadrée par des puéricultrices, qui se déplacent chaque jour au domicile pour procéder à un suivi.
Un soulagement pour les parents, qui voient leurs enfants évoluer dans un environnement "moins anxiogène" qu’à l’hôpital.
Un service soumis à certains critères
Depuis sa mise en place, la néonatologie à domicile donne totale satisfaction auprès des familles. Il faut dire que ce service dispose de nombreux avantages, pour l’enfant comme pour les parents. "C’est plus calme, on passe plus de temps avec les enfants. C’est mieux, on a tout à disposition", nous confie Cassandra, maman de Clémentine, née 6 semaines en avance.
La néonatologie est néanmoins soumise à quelques conditions. Pour ne pas prendre trop de risques, le nouveau-né doit se trouver dans un périmètre de 30 kilomètres autour de Strasbourg et doit être stable sur le plan cardiaque et respiratoire.
Grâce à ce service, le bébé est rapidement mis au contact de ses parents et est ainsi protégé des stimulations stressantes (alarmes, déplacements bruyants etc.) propres au milieu hospitalier. Une fois rentré à la maison, l’enfant est suivi par des professionnels qui se déplacent quotidiennement pour aider et surtout rassurer les parents. "On vient peser le bébé et on vérifie son alimentation. Les parents ne sont pas livrés à eux-mêmes, c’est encadré. On vérifie aussi comment se sent la maman, c’est important", explique l’infirmière de Clémentine.
La néonatologie à domicile bientôt normalisée en France ?
L'unité a mis du temps à se mettre en place dans les différents centres hospitaliers français. La raison économique, avec un coût non négligeable du système de suivi à mettre en place, est souvent avancée. Pour le professeur Pierre Kuhn, à la tête du service de Hautepierre, cette vision serait biaisée car elle ne prendrait pas en compte les bénéfices financiers sur le long terme. "On diminue les hospitalisations, on améliore la qualité des soins et pour les parents il y a moins de dépression. Il y a un gain économique de santé publique."
Après avoir passé du temps en Suède auprès de grands prématurés, il espère pouvoir développer la néonatologie dans l’Hexagone. "L’idée c’est que cette expérimentation puisse permettre une très bonne évaluation médico-économique du système pour permettre ensuite une pérennisation et une diffusion beaucoup plus large."
Pour l'heure, l'établissement strasbourgeois dresse un bilan très positif de sa nouvelle unité. Sur dix-neuf nouveau-nés pris en charge, aucune complication n’a été recensée.