Brexit: l'Alsace se prépare au départ du Royaume-Uni dans un an

Dans un an, le Royaume-Uni quittera officiellement l'Union Européenne. En Alsace où les liens économiques avec nos voisins outre-Manche sont nombreux, il faut aussi se préparer à ce départ. Le Royaume-Uni est le deuxième partenaire commercial européen de la région après l'Allemagne.

La procédure de divorce est en cours : le Royaume-Uni devrait quitter officiellement l'Union Européenne dans un an, le 29 mars 2019. Ainsi en ont décidé les citoyens britanniques. Le "leave" (le "oui" en français dans le texte) l'avait emporté de justesse en juin 2016 lors d'un référendum, à 51,9%. Le Brexit se prépare aussi en Alsace : l'Angleterre est son deuxième partenaire commercial après l'Allemagne.

Car dès le lendemain du Brexit, la monnaie anglaise, la livre sterling, a chuté : -15%. Sans augmentation de salaires, cette dépréciation a conduit à une baisse du pouvoir d'achat des Britanniques, et donc de leur consommation. Un manque à gagner pour les entreprises françaises. 

La preuve en est avec la filiale vin : le Royaume-Uni en est le deuxième importateur mondial. La hausse des prix pourrait inciter les consommateurs britanniques à se tourner vers des vins du Commonwealth. Si la majorité des viticulteurs alsaciens préfèrent attendre avant de se prononcer, l'un d'eux confie avoir enregistré une augmentation de 30% de ses ventes dans les premiers mois puis une baisse. Dans l'ensemble, les exportations en vins en Alsace ont reculé de 5,7% en 2017 par rapport à 2016. Peut-être l'un des premiers effets. 


Basée à Wissembourg, Etesia fabrique des outils de jardin depuis 30 ans. L'entreprise compte plus de 200 salariés et se porte bien : 50 millions d'euros de chiffre d'affaires. Elle doit son succès en partie à sa stratégie internationale : Etesia exporte dans 30 pays et possède une filiale commerciale anglaise. L'annonce du Brexit a eu des répercutions directes sur l'entreprise alsacienne. Avec 15% de ses ventes réalisées outre-Manche, le Brexit est venu fragiliser son modèle économique. Selon Patrick Vives, le géant de la filiale Etesia UK, "le fait que les prix, en valeur absolue, convertis en livre sterling, soient plus élevés de 10% qu'ils ne l'étaient auparavant, ça n'a pas été de nature à développer nos ventes" .  En un an, Etesia redresse la barre et décide de conserver sa filiale commerciale en Angleterre où le marché des espaces verts est énorme. 



Même secteur, autre stratégie : l'entreprise savernoise Haemmerlin exporte ses brouettes dans 50 pays. Elle est implantée en France et au Royaume-Uni, à Walsall où elle fabrique un tiers de ses marchandises. Une stratégie qui lui permettait de diminuer les coûts. Ironie du sort, ses propres employés ont voté en majorité pour une sortie du Royaume-Uni. Avec le Brexit, le prix de revient des marchandises anglaises a fait un bond. Les effets s'en font ressentir aujourd'hui. Christophe Vinsonneau, le président de CDHG Group, explique : "ce qui a été spectaculaire, c'est que sur l'ensemble des entreprises, on a pu répercuter ces augmentations de prix. Cela a été plutôt bien accepté et maintenant, en revanche, on s'aperçoit que ces augmentations de prix entraînent de l'inflation, de la baisse de consommation. On doit maintenant rentrer dans une phase où l'on met la pression sur nos distributeurs pour qu'ils baissent les prix". Le groupe s'adapte pour continuer de régner sur le marché de la brouette. Il envisage de gérer les exportations vers le Moyen-Orient depuis Walsall, alors que jusqu'à présent elles étaient gérées depuis Saverne.


Face à ces premières répercussions et ces incertitudes, la Chambre de commerce et d'industrie régionale se prépare. Pour l'heure, le niveau des exportations de l'Alsace vers le Royaume-Uni est stable, mais la situation pourrait évoluer avec les négociations en cours. La CCI organisera dans les prochains mois des ateliers de travail avec ses confrères des Hauts-de-France et d'Ile-de-France pour structurer l'après Brexit. 


On ne sait rien


L'autre volet de ce Brexit, c'est le sort des citoyens. Leurs droits sont au coeur des négociations. Plus de 170 000 britanniques vivent et consomment en France, dont beaucoup de retraités. Une source de revenus non négligeable pour l'économie locale. "Ca va dans un sens qui n'est pas du tout favorable pour un retraité qui vit ici... Un retraité britannique qui est venu s'installer en France après avoir pris la retraite et qui vit avec une pension payée en livre sterling, cette personne a déjà ressenti les effets", confie Jack Hanning, installé à Strasbourg depuis 30 ans qui "regrette que rien ne soit vraiment joué". L'exception à Strasbourg, ce sont les anciens salariés d'entreprises françaises ou d'institutions européennes. Moins concernés, car ces derniers "vont toucher leur retraite en euros."


Le 19 mars, Bruxelles et Londres ont trouvé un accord sur une période transitoire, jusqu'à la fin 2020. Ces négociations semblent se diriger progressivement vers l'abandon d'un "Brexit dur" au bénéfice, peut-être des citoyens européens. La facture devrait aussi s'alléger pour les acteurs économiques. De simples hypothèses, car une seule certitude aujourd'hui : les lignes de ce divorce européen demeurent floues. 

 
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