Dans la perspective de la Journée mondiale contre le cancer, des chercheurs strasbourgeois ont fait le bilan des avancées en matière de recherches. Gabriel Malouf, spécialisé dans la recherche sur le cancer du rein à l'IGBMC, répond à nos questions.
Les chercheurs de l'IGBMC (Institut de génétique biologique, moléculaire et cellulaire) ont fait le point mardi 30 janvier sur le cancer, quatre jours avant la Journée mondiale dédiée à cette maladie. L'Institut de recherches, implanté à Illkirch-Graffenstaden, à côté de Strasbourg, s'intéresse plus particulièrement au cancer du rein, une forme de tumeur surreprésentée en Alsace.
Notre équipe a rencontré Gabriel Malouf, chercheur au sein de l'IGBMC, spécialisé dans le cancer du rein et médecin à l'ICANS (Institut de cancérologie Strasbourg).
Que cherchez-vous à comprendre dans votre laboratoire ?
"On vit une révolution importante dans le traitement du cancer du rein. L'arrivée de l'immunothérapie a ouvert des espoirs très importants pour les patients. 10 % d'entre eux guérissent totalement grâce à ces traitements. Hélas, 40 % ne le seront pas. Plusieurs causes peuvent expliquer cela, notre laboratoire cherche à comprendre les bases moléculaires qui font que certains patients vont répondre à ces traitements. Pour ceux dont ce n'est pas le cas, on cherche une nouvelle approche thérapeutique, de nouveaux médicaments."
En Alsace, vous avez constaté qu'il y a plus de femmes touchées par ce cancer. Avez-vous des pistes sur les facteurs de risque ?
"On sait que seulement 5 % des cancers du rein sont génétiques, d'autres facteurs peuvent en être la cause : l'hypertension, l'obésité, notamment. On sait aussi qu'en Alsace, il y a un risque plus élevé du cancer du col de l'utérus. C'est probablement associé, mais ça ne peut pas tout expliquer. Ce peut être aussi des causes liées à notre exposition professionnelle, ou d'un retard dans le diagnostic. Il y a donc clairement plusieurs pistes à explorer."
Où en est la recherche ?
"On vit une période excitante. Jamais dans l'histoire de l'humanité, on a eu des outils si performants pour mieux comprendre le cancer, l'écosystème tumoral et comment la tumeur s'est formée. On utilise des technologies de pointe pour mieux comprendre la génétique de cette tumeur ainsi que le dialogue entre les différentes cellules qui la composent. À terme, cela va donner des espoirs importants aux patients. En comprenant comment les cellules cancéreuses se parlent entre elles et avec les autres types de cellule, cela nous permet d'imaginer des traitements qui amélioreront la vie des patients."
En Alsace, vous avancez bien ?
"Oui, on est dans un lieu de recherche de pointe ici, à IGBMC. Nous avons des plateformes de très haut niveau, nous avons d'excellents étudiants. C'est un endroit magnifique pour faire de la recherche, mais on a besoin de soutien, de la part de structures publiques, de donateurs. Ce sont des projets d'ampleur nécessitant des moyens bio-informatiques et humains très importants pour pouvoir avancer."
Pour les patients non guéris, il va falloir beaucoup de temps pour leur donner de l'espoir ?
"On avance rapidement. Deux types d'immunothérapie fonctionnent bien aujourd'hui, d'autres traitements sont en cours d'essais thérapeutiques. J'encourage les patients à tester ces essais, avec des molécules de pointe, dans des centres experts. C'est la recherche, seulement, qui va permettre de faire des avancées : la recherche ici, dans ce laboratoire, mais aussi la recherche clinique à l'hôpital."