Des collégiens et des familles à la rue à Strasbourg par manque de places d'hébergement

Des familles demandeuses d'asile vivent dans la rue depuis des mois, dépendant de l'entraide, dormant dans des voitures. Et avec le froid et la neige, leur situation s'est dégradée nettement. L'hébergement d'urgence disponible est saturé, malgré le plan hiver déclenché par la préfecture.

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Plusieurs familles d'origine arménienne, demandeuses d'asile, sont sans domicile fixe à Strasbourg, alors que l'hiver et le froid s'installent. Une situation terrible, notamment pour les quinze enfants. Le plus jeune est âgé de d'un an et trois mois.

Des collégiens SDF

L'alerte est venue par les enfants, justement. Elle a été donnée par des enseignants pendant le week-end, découvrant que trois élèves de leur collège sont à la rue depuis la rentrée. Scandalisés et effrayés par les conditions météo de ce début de semaine, ils ont lancé un appel sur internet et les réseaux sociaux, et même une cagnotte pour leur venir en aide, qui a déjà récolté près de 2000 euros en quatre jours.


Les ados, dont un est en 4ème et les deux autres en 3ème, commençaient à donner des signes de fatigue en cours. Normal. Dépendants de la solidarité d'amis et d'associations, ils passaient la plupart de leurs nuits sous tentes ou dans des voitures. Difficile de faire ses devoirs dans ces cas-là, même pour ces excellents élèves.

Depuis la prise de conscience des enseignants, l'établissement prend en charge les repas des adolescents, via le fonds social du collège, et cherche une solution pour fournir des petits déjeuners. Mais l'Education Nationale ne peut agir en dehors de l'école. Certains professeurs s'organisent pour loger leurs élèves lorsqu'ils le peuvent.


L'Etat n'a pas ouvert suffisamment de places

Car les appels au 115 ne donnent souvent rien, par manque de place, notamment pour une famille entière, plus difficile à héberger que des adultes isolés. Plus de 600 demandes de prise en charge arrivent chaque jour au standard, dont les 2/3 concernent des familles. "Il y a des centaines de personnes qui sont en difficulté, qui auraient besoin d'une mise à l'abri, en particulier maintenant que les conditions de vie à l'extérieur deviennent difficile," reconnaît Marie-Dominique Dreyssé, adjointe au maire de Strasbourg en charge des solidarités.  Nous le savons, nous sommes en dialogue permanent avec l'Etat, qui n'a pas ouvert suffisamment de places dans le cadre du plan hivernal d'une part, et dans le cadre des demandeurs d'asiles d'autre part, où il y a encore des insuffisances notoires."

C'est à l'Etat d'occtroyer un hébergement d'urgence sur le territoire français, et ce sans discrimination liée à la situation administrative. La préfecture rappelle de son côté que le Bas-Rhin compte déjà 8476 places d'hébergement. Le plan hivernal permet d'ouvrir 264 places supplémentaires en fonction des besoins et des situations particulières. L'intensification de la veille sociale via les maraudes et l'ouverture de quatre centres de jours doit permettre d'identifier les personnes en grand danger, comme les enfants en bas âge.

264 places supplémentaires en hiver

Mais pour les associations le constat est sans appel: "Il n'y aura jamais assez de places," déplore Armand Pérégo, président de la Croix-Rouge du Bas-Rhin. "Les situations de ces familles sont dramatiques, humainement et humanitairement."  Pour le collectif SDF Alsace, les 264 places supplémentaires du plan hiver sont largement insuffisantes:


D'après le communiqué de la préfecture, le nombre de places d'hébergement dans le département est pourtant en constante augmentation, "de 120 % en 6 ans pour un budget de 47,6 millions d'euros". Reste encore la possibilité du déclenchement du plan grand froid, qui permet aux préfectures, en relation avec les collectivités territoriales, d'ouvrir des gymnases pour la mise à l'abri d'urgence. La décision dépendra des températures ressenties. Une solution d'urgence, rien de plus.



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