Comme son nom l'indique, le marathon vidéo 48h consiste à boucler un film en deux jours, pour le diffuser devant un public et un jury rassemblé dans une salle du cinéma UGC Ciné Cité à Strasbourg. Mais pour cette 13e édition, les conditions sont un peu particulières : tout le monde est confiné.
"D'habitude, le marathon vidéo 48h se tient chaque année en juin. On ne sait pas encore si l'édition 2020 aura lieu, mais dans tous les cas, nous avions envie de participer dès maintenant à l'effort de guerre. Voilà pourquoi l'intégralité des frais d'inscription des candidats vont servir à payer des repas pour le personnel soignant" raconte Michaël Krsovsky, co-organisateur de l'événement. Et le résultat est déjà là : 200 repas pourront être distribués aux personnels soignants des HUS de Strasbourg, grâce à un partenariat avec des restaurateurs et une entreprise de livraison.
Interdiction de parler de confinement
Le défi, pour la cinquantaine de participants: tourner un film de trois minutes maximum générique compris, dans un espace confiné, mais sans jamais aborder ce sujet "Il y a déjà plein de vidéos sur le confinement" explique Michaël Krsovsky " on voulait que les gens se changent les idées, les faire rire avec autre chose".
Vendredi 10 avril à 17h, le marathon était donc lancé via les réseaux sociaux : les équipes avaient jusqu'au dimanche soir pour finaliser un film sur le thème de "Pâques ou pas cap", avec deux contraintes supplémentaires : introduire un fer à repasser et un élastique, oui oui, c'est bien cela!
Alors évidemment, sans aucune possibilité de diversifier les lieux de tournage, ni de faire appel à des figurants, il fallait faire preuve de beaucoup de créativité.
Tournage à huis clos
Yannick Carton en est à sa septième participation au marathon vidéo. Habituellement, il s'entoure d'une équipe de professionnels -caméra, son, et post production - environ une dizaine de personnes. Cette fois, il était seul chez lui, avec sa compagne et un smartphone. Un couple d'amis contacté via une messagerie instantanée va leur prêter main forte, et c'est ainsi qu'ils écrivent ensemble le récit de deux soeurs qui tentent de préparer le meilleur repas de Pâques possible, afin de s'attirer les bonnes grâces de leurs parents. Chacun tourne de son côté, et à la fin, ça fait un film.
Du moins, en théorie. "Lorsqu'on échange à travers des messages, sans être ensemble, il faut choisir les mots justes, être précis dans ce que l'on veut, pour que ça soit correctement interprété. Sinon il faut tout recommencer et ça prend énormément de temps". Et le fer à repasser dans tout cela? Et bien il a servi à chauffer des casseroles, la plaque de cuisson étant, dans ce scénario, opportunément tombée en panne!
Douze images par seconde, c'est long à dessiner
Johanna Schicklin et Pauline Mougeot sont deux graphistes... et colocataires. Pour leur première participation, elles ont donc choisi de réaliser un film d'animation, ce qui résoud le problème du confinement. "En revanche, les délais étaient très courts. Douze images par seconde, c'est long à dessiner. On n'a pas pu faire un film de 3 minutes, le notre dure une minute et quarante cinq secondes" explique Johanna Schicklin.L'histoire d'un lapin domestique qui tombe amoureux d'un lapin en chocolat. Avec le fer à repasser, il va donc longuement se lisser les poils pour être le plus beau, puis il va s'attacher les oreilles avec un élastique. Mais il réalise trop tard que l'élu de son coeur est destiné à être mangé. Bref, une histoire d'amour qui finit mal...
Diffusion et palmares sur les réseaux sociaux
Pour cette édition très spéciale, la remise des prix devant un public de 500 personnes dans une salle de cinéma n'est bien évidemment pas envisageable. Il faudra se contenter de suivre la projection et le palmares par écrans interposés, ce mardi 14 avril à 19h en direct sur la page Facebook du marathon vidéo 48h.Les films sont notés par un jury qui regroupe des réalisateurs, des scénaristes, des comédiens. Mais là encore, il faudra faire impasse sur les 4.000 euros de récompense à répartir entre les lauréats. Les diplômes décernés seront purement symboliques, mais la satisfaction d'avoir participé à une action solidaire aura été le moteur de cette expérience. Le confinement, vu du bon côté.