Coronavirus - Strasbourg : Michel Deneken, président de l'université, annonce "une rentrée compliquée et inédite"

53.000 étudiants à accueillir pour cette rentrée 2020 dans les conditions sanitaires que l'on connaît, tout en assurant une continuité pédagogique : tel est le défi que doit relever l'Unistra (Université de Strasbourg) cette année. Explications. 

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La rentrée sera compliquée et inédite pour tout le monde. C'est certain. La Covid19 est passée par là et chamboulé notre quotidien jusque dans le moindre de nos gestes et de nos souffles. Imaginez alors quand il s'agit d'accueillir 53.000 étudiants. Des jeunes qui ont faim d'apprendre et soif de liberté. Un défi de taille pour le mastodonte qu'est l'Unistra ( Université de Strasbourg).   

Rentrée masquée

Les chiffres donnent le vertige. L'Unistra compte en septembre 2020 près de 53.000 étudiants dont environ 1.800 en alternance. Auxquels se rajoutent plus de 5.500 enseignants, enseignants-chercheurs et personnels (agents des bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens, de service et de santé). Tout ce monde réparti sur 9 sites : campus central Esplanade, Historique, Médecine, Meinau, Cronenbourg-Schiltigheim, Illkirch-Graffenstaden, Haguenau, Sélestat et Colmar.
 
La reprise des cours a eu lieu officiellement lundi 7 septembre dans les conditions sanitaires bien connues de tous désormais mais encore inédites à l'université. "Nous sommes dans un contexte totalement inédit : nous avons des étudiants que nous n'avons pas vu depuis le mois de mars. Nous sommes ravis de les revoir mais il faut le faire désormais dans un souci sanitaire nouveau. Déjà qu'en temps normal, l'université déborde, imaginez maintenant avec la distanciation et les précautions sanitaires ... il faut travailler autrement.  Respecter les mesures sans brider la vie." explique Michel Deneken, président d'Unistra.
 

Respecter les mesures sans brider la vie

Michel Deneken, président d'Unistra


Travailler autrement c'est d'abord porter le masque. Sur le campus, le port du masque est obligatoire pour tous, étudiants, personnels, visiteurs, en permanence dans l’ensemble des bâtiments universitaires, à l’exception des personnes seules dans leur bureau individuel. Des masques ont été distribués à tous les personnels de l'université, c'est une obligation de l'employeur. Les étudiants, eux, doivent ramener leur propre équipement. "On ne peut pas fournir des masques à tous les étudiants, c'est tout simplement impossible. Pour ceux en grande précarité financière, nous les invitons à contacter les associations étudiantes qui peuvent les aider."
 
Deuxième problème de taille : faire appliquer cette obligation sur le campus. "Nous parions sur l'information et la persuasion" explique Michel Deneken. Dans cette perspective disons pédagogique, depuis le 1er septembre, une "brigade sanitaire", composée d’une soixantaine d’étudiants vacataires formés à la sensibilisation des gestes barrières, parcourt les campus pour informer et rappeler ces différentes consignes aux étudiants.
 
Il faut dire que l'université ne peut pas aller beaucoup plus loin que cela. "Il y a effectivement un grand flou à ce niveau. Le code de l'éducation reste assez muet sur le pouvoir "de police" de l'enseignant, sur l'aspect coercitif. Pour le moment nous n'avons jamais été confrontés à un étudiant qui refuse de porter le masque en amphi par exemple mais nous pourrions imaginer d'annuler alors le cours purement et simplement."  Certaines universités souhaitent rajouter l'obligation du port du masque dans leur règlement intérieur. Histoire de régler le problème une fois pour toutes. Hypothèse pour l'heure rejetée par Michel Deneken : "Ce sera très compliqué à faire entendre, cela fera grincer des dents ..." Le ministère de l'Education nationale devrait, à ce propos, bientôt publier une note interne censée clarifier ce flou juridique.
 

Des tests de dépistages seront organisés sur le campus par l'agence régionale de santé (ARS).

Priorité aux 8038 petits nouveaux

Les masques, la distanciation et pour certains les études ... à la maison. "Il faudra forcément proposer des cours à distance afin de désengorger le campus et de pouvoir respecter les distances. Mais nous allons privilégier les cours en présentiel pour ceux qui en ont le plus besoin." Et d'abord les 8038 néo-bacheliers, ceux qui mettent les pieds sur le campus pour la première fois de leur vie. "Ils ont déjà eu une année de Terminale très compliquée, il faut que pour eux, particulièrement, nous soyons là. Sans compter que, pour les 1ères années, le risque de décrochage est grand. Si les cours se font à distance, ce risque est encore plus grand." 

Pour les autres, la direction de l'université assure qu'il "n'y aura jamais de 100% distanciel" mais un dispositif hybride entre cours en présentiel et télé-enseignement. Une alternance qui devrait permettre de ne pas concentrer tous les étudiants sur le campus en même temps. "Il faudra veiller lors de l'élaboration des plannings à ce que les étudiants aient le temps de rentrer chez eux ou de se mettre devant un ordinateur si cela est nécessaire." On imagine le casse-tête. Quant aux TP ou cours pratiques (en recherches notamment), tout se fera sur site. 
 

Il n'y aura jamais du 100% distanciel

Michel Deneken, président de l'Unistra


La question de la fracture numérique se pose évidemment. En France, 2 à 3% des étudiants n'auraient pas d'équipements propres. A Strasbourg, ils seraient entre 1000 et 1500. "Ils pourront aller dans les salles informatiques ou dans nos bibliothèques qui sont équipées". Et en cas de reconfinement ? Pas de réponse. 

Seule certitude la crise Covid et la réorganisation qu'elle nécessite coûte à l'Unistra. Beaucoup. A ce jour, le surcoût est estimé (et pour la seule année 2020) à 1,9 million d'euros dont
  • 600.000 € au titre des masques (plusieurs centaines de milliers de masques achetés), SHA, etc. (Le MESRI ayant fourni 30.000 masques)
  • 525.000 € au titre des prolongations des contrats des doctorants, post-doctorants et ATER (attaché temporaire d'enseignement et de recherche) 
Plus globalement, les conséquences financières globales seront à évaluer en fonction des dépenses non réalisées lors du confinement notamment et des pertes de recettes. Elles pourraient atteindre les dix millions d'euros.

Etudiants étrangers, forte baisse pour les entrants hors Europe

L'université compte plus de 53.000 étudiants, nous l'avons dit, dont habituellement 20% d'étudiants internationaux soit autour de 10.800 personnes. La Covid a freiné considérablement les échanges internationaux. Pour les entrants en provenance de pays hors Europe, la baisse est conséquente pour ce 1er semestre, certains pays ayant stoppé les échanges (le Canada, les Etats-Unis, l'Amérique du Sud, le Japon, l'Australie...)

Pour les sortants en direction de pays hors Europe, la baisse à ce jour est de 21% sur l'année universitaire : la baisse est massive ce 1er semestre mais le tout est contrebalancé par des départs reportés au 2e semestre. En Europe : la baisse est moins importante, autant pour les étudiants entrants que les sortants, les échanges étant encadrés par le programme Erasmus.
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