De SDF à entrepreneur, le parcours étonnant d’Eric Reibel, dit "le winneur fou"

Après avoir connu la rue il y a vingt ans, Eric Reibel, un Bas-Rhinois de 45 ans, est en passe de concrétiser un rêve. Développer son entreprise de construction de maison en bois économiques, écologiques et vertueuses. Un projet réalisé à la force des bras et du mental.

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Eric Reibel, 45 ans, revient de loin, il le sait. Son parcours, du chaos à la lumière, de SDF à entrepreneur, cet habitant d’Hilsenheim, (Bas-Rhin), le partage bien volontiers. Pas pour "se vendre, mais pour montrer aux autres que l’on peut toujours s’en sortir".

Sa recette à lui, son ingrédient ultime : l’optimisme. Au téléphone, on devine d’ailleurs un sourire vissé sur les lèvres, qui ne le quitte pas, y compris lorsqu’il évoque, avec pudeur, la galère qu’il a traversé. "Je me suis retrouvé à la rue, en pleines fêtes de Noël. J’allais aux Restos du cœur à Erstein, c’était difficile."

Une descente aux enfers vécue en 2002 suite à un projet d’entreprise qui a mal tourné, dans un contexte familial compliqué. A l’époque il ne sait pas encore que l’expérience lui servira de tremplin.

Business vertueux

Des années plus tard, après avoir suivi un coaching intensif et s’être "refait une santé financière, voilà son entreprise, Selenna Wood, spécialisée dans la construction de maisons en bois économiques et écologiques sur les rails.

Pour financer ses chantiers, Eric Reibel a aussi créé une branche immobilière éthique, permettant à ses clients d’acquérir des terrains à marges réduites. L’argent des commissions sert à la construction de microcrèches et de pépinières d’entreprises sur le territoire. "Une façon de créer de l’emploi" et de tenter de créer un modèle vertueux duplicable ailleurs.  

"Je travaille dans le sens de la nature. La société actuelle nous pousse à la surconsommation et à être en permanence insatisfait. Moi je veux être fier de ce que je fais. Me démarquer, réinventer le système."  

Un projet atypique qui intrigue et vaut à l'Alsacien de bénéficier de l'aide d'autres chefs d'entreprises venus spontanément à lui pour le soutenir.

"Un jour, Eric, que je ne connaissais pas mais que je suivais sur les réseaux sociaux, a demandé un coup de main pour une installation électrique. J'ai décidé de le soutenir. Quand on connaît sa situation, on sait qu'il fait tout pour s'en sortir tout en aidant les autres. Ce sont des valeurs qui parlent. Et je considère que c'est un précurseur", explique Mickael Ebersoldt, à la tête d'une entreprise d'électricité.

La fierté que j’ai, c’est d’avoir gardé mes convictions jusqu’au bout.

Eric Reibel, entrepreneur

Idéaliste Eric ? Certainement.  "Au début, on me disait « t’es fou, t’es taré », et j’ai d’ailleurs fini par perdre confiance en moi. Et puis je me suis relevé. Il a fallu prouver aux gens qu’on pouvait me faire confiance et avoir confiance en mon modèle".

Pour l’heure, une première microcrèche de 125 m² a vu le jour en fin d’année dernière à Hilsenheim, construite à la force des bras et du mental. "La structure, les ateliers autour, les bureaux, j’ai tout fait tout seul". Eté comme hiver, quatorze mois  passés la pelle à la main à creuser la terre, dégager les pierres. Un chantier "artisanal",  vitrine de la détermination mais pas encore du succès.

L’histoire fait la force

Pour l’heure, il faut honorer trois premières commandes de constructions à Wittisheim et Eschau où une seconde microcrèche devrait bientôt être construite. La communauté de communes de Schoenau se serait également montrée intéressée. Mais pour tenir bon et accélérer le développement, il faut encore recruter de nouveaux collaborateurs, et dégager des fonds. Selon l’entrepreneur, "la demande est là. Une vingtaine de projets pourraient voir le jour dans les prochaines années".

Habitué à avancer avec l’expérience et les tentatives ratées, Eric Reibel croit en lui. "Les difficultés que j’ai dû surmonter ont été bénéfiques. Ma fierté, c’est d’avoir gardé mes convictions jusqu’au bout."

Plus qu’une revanche sur la vie, le quadragénaire, père de deux fillettes, évoque "un apprentissage" qu’il entend aujourd’hui partager. "Je veux dire aux gens de ne pas être fatalistes. Le plateau d’argent n’existe pas. Il faut se battre". Croyez en vous, soyez vous-même.

Des conseils abondamment distillés sur les réseaux sociaux où l'entrepreneur partage ses évolutions et où il a gagné le surnom de "winneur fou", entendez "gagnant fou". Un fou aux défis aussi nombreux qu’incertains, néanmoins porteurs d’espoirs en ces temps de morosité et de pessimisme ambiant.            

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