DECRYPTAGE : Le loup est-il vraiment de retour dans le Bas-Rhin ?

Quatre attaques de troupeaux de moutons depuis mai dernier dans la vallée de la Bruche pourraient bien indiquer que le loup est revenu dans le Bas-Rhin. Mais a-t-il vraiment décidé de se réinstaller dans le secteur, ou s'agit-il juste d'un ou deux individus isolés de passage ? 

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Un bouc retrouvé mort sur la commune de Ranrupt (Bas-Rhin), la nuit du 5 au 6 août 2019. Quatre brebis tuées et deux autres blessées, lors de deux attaques dans le même secteur, les 8 et 9 juillet. Et un autre bouc égorgé, ainsi qu'un agneau disparu, en mai 2019, toujours à Ranrupt.

L'oeuvre d'un - ou de plusieurs - loups ? A chaque fois, l'ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) est venu examiner les dépouilles. "Chacun de ces constats, transmis à la DDT (Direction départementale du territoire), fait l'objet d'une expertise qui permet de dire : 'Non, ce n'était pas un loup', ou bien 'Oui, c'était peut-être un loup' ", explique Christophe Fotré, le directeur de la DDT. Dès que l'intervention du loup n'est pas exclue, les éleveurs des moutons victimes du prédateur peuvent prétendre à une indemnisation. Mais des constats sur des dépouilles ne suffisent pas pour identifier avec certitude l'auteur du méfait.



Un indice très compromettant

Pour pouvoir accuser le loup sans aucune hésitation, les spécialistes ont besoin d'indices. L'un deux, particulièrement compromettant, leur a été fourni en mai 2019, la même nuit de la première attaque de moutons. Dans la même zone, un loup a réussi à se faire tirer le portrait à son insu par un piège-photo. De là à déclarer cet individu coupable de la mort du premier bouc, il n'y a qu'un petit pas, aisément franchi.

Mais lui mettre sur le dos toutes les autres attaques est une autre paire de manches. Grâce à cette photo, "on est à peu près sûrs qu'un loup est passé dans le Bas-Rhin en mai, affirme Christophe Fotré. Il peut être reparti, tout comme il peut être resté. Et on ne peut pas dire avec certitude si c'est encore le même, ou si un autre est arrivé entre-temps."


Un présumé coupable assez insaisissable

Le loup européen (canis lupus lupus) a fait son grand retour en France depuis plusieurs décennies. Certains spécimens sont venus d'Italie, en traversant les Alpes et le parc du Mercantour, pour se développer vers l'ouest et les Pyrénées, mais aussi vers le Jura et le nord-est. D'autres sont arrivés par le nord, depuis les pays de l'Est. L'observatoire du loup atteste leur présence, ou du moins leur passage, dans la plupart des départements. Les loups vivent principalement en meute, mais les jeunes, devenus adultes, partent de leur côté pour conquérir de nouveaux territoires. "Aujourd'hui, tout laisse à penser que ces attaques dans le Bas-Rhin, si elles peuvent vraisemblablement être imputées au loup, sont le fait d'un - ou de plusieurs - individu(s) isolé(s), et non d'une meute", précise Christophe Fotré. 


Alors, le loup fait-il vraiment son grand come back ? 

Dans l'immédiat, les spécialistes refusent de donner une réponse définitive à cette question. "Pour l'instant, on recèle un certain nombre d'éléments qui permettent de dire qu'il est passé par le Bas-Rhin, mais pas forcément de façon continue" précise Christophe Fotré. De toute manière, sachant qu'un individu se déplace aisément de 30 à 40 kilomètres par jour, le territoire d'un loup ne peut pas être limité à la haute vallée de la Bruche. Et même si les quatre attaques dans la vallée de la Bruche pouvaient être imputées avec certitude à un seul individu, "impossible de dire pour l'instant si ce loup va décider de repartir dans les trois mois" ou, au contraire, s'installer dans les parages.

Selon un plan d'action mis en place au niveau national, le département du Bas-Rhin, comme beaucoup d'autres, est placé en observation. Des bénévoles ont pour tâche de recueillir "des indices de présence : témoignages visuels, déjections fécales ou actes de prédation, sur des moutons mais aussi du gibier comme les chevreuils". Seule la collecte de ces indices durant une période suffisamment longue, un ou deux ans au minimum, permettra d'apporter la preuve que des loups ont trouvé la région suffisamment attractive pour s'y établir et fonder une famille. 
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