En Alsace, 3000 personnes sont atteintes chaque année par la maladie de Lyme, une infection pouvant endommager gravement le système nerveux, le coeur, les articulations, entre autres organes majeurs. Des chercheurs et des cliniciens expérimentent un mode de détection précoce par biopsie de la peau.
En Alsace, 3000 personnes sont atteintes chaque année par la maladie de Lyme, une infection pouvant toucher gravement le système nerveux, le coeur, les articulations, entre autres organes majeurs. Des chercheurs et des cliniciens expérimentent un mode de détection précoce par biopsie de la peau, d'autant que 10 à 20 % des tiques que l'on rencontre dans la nature, dans l'Est de la France, sont porteuses de la maladie de Lyme.
Des chimistes, des biologistes et des praticiens hospitaliers strasbourgeois ont donc décidé de coopérer pour trouver une nouvelle méthode de diagnostic direct. Ensemble, ils cherchent à mieux comprendre le processus d’infection par la bactérie Borrelia, injectée dans la peau par la piqûre de la tique. Ils étudient notamment le rôle de la peau dans la prolifération de la bactérie et sa survie et celui de la salive de la tique qui est injectée en même temps que la bactérie.
A la tête de ces travaux de recherche, Nathalie Boulanger qui dirige le Groupe Borrelia à la faculté de médecine de Strasbourg et Laurence Sabatier du laboratoire de spectrométrométrie de masse bioorganique au CNRS de Strasbourg. Elles coopèrent avec le centre de référence de la maladie de Lyme et les cliniciens des Hôpitaux universitaires de Strasbourg.
Cette nouvelle méthode de détection directe « doit éviter de conduire à des complications lourdes et à des dommages irréversibles. » selon le plan Lyme à l’Assemblée Nationale de septembre 2020.
Objectif des recherches : permettre un diagnostic le plus précoce possible
Ces scientifiques cherchent un moyen de diagnostiquer l'infection le plutôt possible, pour que le patient puisse être traité rapidement avec des antibiotiques qui ont montré leur efficacité. Car lorsque la maladie touche les organes comme le cœur, le système nerveux et les articulations, le diagnostic est plus compliqué. Ils souhaitent donc détecter directement la présence de la bactérie dans la peau chez l’homme, grâce aux marqueurs d’infection que sont les protéines de Borrelia.
"Plus le diagnostic est tardif, plus les souffrances sont fortes et plus il faudra longtemps pour retrouver les fonctions normales." explique Nathalie Boulanger. Une des difficultés rencontrées par les chercheurs vient de la capacité d'adaptation de la bactérie. Borrelia à s’adapter à son milieu, que ce soit la peau d’un humain ou celle d’un animal, et elle est capable de s'y multiplier.
"On a d’abord travaillé sur la souris " explique Nathalie Boulanger, "et il s’est avéré que lorsqu’on fait une biopsie n’importe où sur le corps de la souris infectée, la peau est porteuse de la bactérie. C’est le cas aussi pour le chien, maintenant, il faut voir si c’est le cas chez l’être humain. » La découverte est prometteuse mais les travaux sont loin d'être finis. Au cas où Borrelia ne resterait pas dans la peau chez l’homme, les scientifiques recherchent aussi, en parallèle, à détecter des marqueurs de sa présence dans les liquides biologiques profonds comme le liquide articulaire, en cas d'arthrite de Lyme, ou céphalorachidien en cas d'atteinte du système nerveux.
« On a déjà testé notre diagnostic précoce chez des patients avec un érythème migrant et cela a bien fonctionné chez un certain nombre d'entre eux.»
Pour l’heure, les travaux de ces scientifiques sont en phase de recherche et développement, après quoi, ils devront être validés. Il faudra donc encore de la patience, d’autant que les investissements dans ces études sont moins massifs que pour le covid par exemple, car la maladie, même si elle peut être très handicapante et douloureuse, n’est pas mortelle. Les premiers essais fait "in vivo"sur les souris ont encourageants. Mais pour passer à l'étape supérieure, des patients vont être recrutés selon des critères très particuliers, dans différents services cliniques d'infectiologie, de dermatologie et neurologie, des Hôpitaux universitaires de Strasbourg.
Conseils de prévention
En attendant qu'un diagnostic précoce voit le jour, il faut se souvenir que 10 à 20 % des tiques sont infectées en Alsace. Après une sortie dans la nature, il est donc recommandé de faire une inspection corporelle minutieuse, sans oublier la tête, où ces petites bêtes se cachent aisément dans des cheveux.
En cas de piqûre, il faut extraire la tique le plus tôt possible avec un tire-tique ou une pince fine, sans rien n'y appliquer. Si une plaque rouge d'au moins 5 cm de diamètre et qui s'étend se forme, il faut consulter un médecin au plus vite.