Elections européennes: "Ce n’est pas parce qu’on est handicapé qu’on ne peut pas voter", Martine, 53 ans

Depuis mars 2019, la loi justice reconnait le droit de vote aux personnes en situation de handicap mental, placées sous tutelle. Ce dimanche 26 mai à Mulhouse, nous avons suivi Martine, François ou encore Jean-Luc, jusqu’aux isoloirs, à l'occasion des élections européennes.
 

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Jusque-là, leur droit de vote était soumis à la décision d’un juge. Les personnes en situation de handicap mental, placées sous tutelle, voient désormais leur pleine citoyenneté reconnue grâce à la réforme de la justice adoptée en mars dernier. Les élections européennes de ce dimanche 26 mai sont donc les premières où elles peuvent glisser un bulletin dans l’urne.

Ce n’est pas parce que nous sommes handicapés que nous ne pouvons pas voter.
- Martine, handicapée mentale -
 

Un rendez-vous immanquable pour Martine Herbivo. En milieu de matinée, cette Mulhousienne est rentrée d’un pas timide dans le bureau de vote numéro 26 du centre-ville, sans pouvoir voter, faute d’avoir réussi à s’inscrire à temps sur les listes électorales. Mais peu importe, l’enjeu du jour résidait surtout dans la découverte de "l’ambiance électorale". A ses côtés, Peggy Gennari, éducatrice, a d’emblée repris les bases du vote: "quand tu arrives, tu as des listes. Tu choisis ceux pour qui tu veux voter, tu comprends?"

Faire de la pédagogie, "c’est nécessaire" pour la professionnelle. "Aujourd’hui, l’objectif c’est d’expliquer la démarche, pour pouvoir revenir en confiance lors de prochains scrutins", explique-t-elle, avant d’ajouter : "on leur dit : ça y est vous pouvez aller voter, mais c’est nouveau pour eux, et le temps de préparation a été très court entre la promulgation de la loi et le jour du vote" déplore-t-elle encore.

Dans une atmosphère si particulière, au milieu des isoloirs, Jean-Luc Niassy lui, affichait un large sourire. Pas vraiment impressionné. "Faut voter. Je suis content.  Nous sommes citoyens, c’est normal. Ne pas voter, c’est ne pas être citoyen". Handicapé mental, il a déjà exercé son droit civique par le passé. Pour lui, avec cette mesure, c’est une forme de discrimination qui tombe. Même chose pour François Haller, un peu moins à l’aise, perdu au milieu des 34 listes en concurrence.

C’est le jeu démocratique. Mais c’est très compliqué, y a trop de candidats  
-
François Haller, handicapé mental -


Les européennes…des élections compliquées pour une première. "Il leur faut assimiler la vie politique en peu de temps. Malgré tout, ils savent que ce qui se passe dans ces élections, ça a aussi un impact pour eux. Il y a des choses qui se décident notamment en matière de handicap, au niveau européen. L’accessibilité des handicapés aux restaurants a par exemple été votée à cet échelon" reprend Peggy Gennari. Avec ses collègues, au sein de l’ADAPEI, Papillons Blancs d’Alsace, l’association départementale de parents et d'amis des personnes handicapées mentales, l’éducatrice de terrain a développé des actions de sensibilisation pour aider le public concerné à saisir les tenants et les aboutissants du scrutin.

"Un travail de longue haleine" qu'elle voudrait voir soutenu par les partis politiques eux-mêmes. "Dans la mesure où on leur permet d’être de vrais citoyens, il faudrait mettre en place des supports spécifiquement adaptés au handicap. Avec par exemple, des visuels simplifiés, plus lisibles et faciles à comprendre. Nous, on accuse déjà un manque de moyens dans nos structures, on n’a pas forcément le temps de faire tout ce travail d’accompagnement. Il faudrait nous aider" assène-t-elle.

L’Etat et les partis politiques jouent-ils le jeu ? Pour l’heure, parmi les 34 listes candidates, seules 5, dont LaRem, LFI, PS/Place publique, EELV, Générations, auraient déclaré vouloir adapter leurs documents de campagne. En France, plus de 300.000 majeurs sont placés sous tutelle.
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