Féminicides: "il est temps que les choses bougent vraiment" témoigne le père de Laëtitia Schmitt, tuée en juin 2018

Alors que le gouvernement lancera un "grenelle des violences conjugales" à la rentrée, 35 familles de victimes ont signé vendredi 19 juillet une tribune pour demander l’instauration de mesures contre les féminicides. Parmi elles, celle de Laëtitia Schmitt, assassinée en juin 2018.

77. Un chiffre noir. Il évoque, le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint en France depuis le début de l’année 2019. Sur cette terrible liste figure notamment Sandra Baumann, 25 ans, retrouvée sans vie dans son appartement strasbourgeois en avril dernier. Soupçonné de l'avoir tuée, son compagnon a été placé en détention provisoire.
 
Dans ce contexte d’urgence, face au nombre croissant de féminicides, début juillet, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a annoncé la tenue d’un "grenelle des violences conjugales" à Matignon à la rentrée. Objectif : réunir les ministres concernés, les acteurs de terrain, les services publics, ou encore les associations, afin de réfléchir aux moyens concrets de faire reculer le phénomène.

Du concret. C’est justement ce qu’exigent les familles de victimes. Elles sont 35 à avoir co-signé une tribune, publiée sur Franceinfo vendredi 19 juillet, dans laquelle elles formulent une série de mesures qu’elles jugent "rapides à mettre en place". "Nous, familles et proches de victimes de féminicide, voulons dire stop et le clamer haut et fort : ces meurtres, ces assassinats auraient pu être évités", écrivent-elles. Parmi les signataires, les proches de Laëtitia Schmitt, morte sous les coups de couteau de son ex-compagnon en juin 2018 à Schweighouse-sur-Moder.
 
Ce n’est pas la première fois qu’ils prennent la plume pour demander au gouvernement une amélioration de la prise en charge des victimes de violences. Un mois après le meurtre, ils avaient déjà adressé un courrier à Marlène Schiappa. "On a bien obtenu un retour mais c’était une réponse de courtoisie" regrette le père, Jean-Marc Schmitt. Pas question de se décourager pour autant. Depuis un an, la famille porte le combat, "sans aucun esprit de vengeance", mais dans le but "de faire avancer les choses une bonne fois pour toute. Quand on voit 77 femmes tuées depuis janvier 2019, il y a forcément de la colère, on se dit que finalement rien ne bouge. Il est temps de trouver des solutions efficaces, même si nous sommes bien conscients qu’on ne pourra pas éviter tous les drames" avance encore Jean-Marc Schmitt.
 

Le bracelet électronique, ça permet de dire aux coupables de violences qu’ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent
- Jean-Marc Schmitt, père de Laëtitia Schmitt -


Outre l'inscription du terme "féminicide" dans le code pénal, la création d'un module "violence conjugale et féminicide" lors de la formation initiale des policiers et des gendarmes, la reconnaissance du statut de victime pour les familles de victimes, ou encore la création d'un service d'Etat dédié au soutien psychologique, à l'assistance juridique et administrative de ces familles, c’est d’abord le port du bracelet électronique obligatoire, pour les auteurs de violences conjugales, et ce dès la première condamnation, que défendent ardemment les Schmitt.

Lorsqu’elle a été mortellement agressée, Laëtitia était en possession d’un "téléphone grave danger" qu’elle a eu le temps d’activer. "C’est bien mais cela n’a pas suffi" regrette son père. "Son compagnon savait qu’elle allait s’en servir, il a agi en fonction. S’il avait eu un bracelet électronique, cela aurait laissé le temps à ma fille de se mettre à l’abri. Le bracelet, ça permet de dire aux coupables de violences qu’ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent".

Lundi 1er juillet 2019, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, s’était dite favorable à ce que le dispositif, qui a notamment fait ses preuves en Espagne, soit généralisé partout en France. "Ça me met en colère parce que les solutions nous les connaissons depuis longtemps et pourtant elles ne sont pas mises en place. Pourquoi ça ne bouge pas plus rapidement ? Maintenant on va faire un grenelle pour discuter, mais plutôt que de discuter, il faudrait passer à l’action"reprend Jean-Marc Schmitt.

Du grenelle, les familles en attendent donc ce qu’elles savent déjà, avec l’espoir que des décisions soient enfin prises. En espérant aussi, être invitées à la table des discussions.
 
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