Entre 2.200 (selon la police) et 3.500 personnes ont défilé à Strasbourg ce mardi contre le gel des salaires et la politique du gouvernement. Qui sont-ils ? Pourquoi sont-ils descendus dans la rue ? Portraits et témoignages.
Il est 10 heures ce mardi à Strasbourg et les drapeaux s'agitent place Kléber : GCT, FSU FO, Solidaires, CFDT, CFTC... Une dizaine de syndicats ont appelé les fonctionnaires à manifester pour le pouvoir d'achat et l'emploi. A Strasbourg, ils sont entre 2.200 et 3.500. A Mulhouse, au même moment, un millier de personnes défilent. Nous avons demandé à ces manifestants ce qui les a décidés à défiler et ce qu'ils attendaient concrètement.
On perd de l'argent depuis 2010
Astrid Montavon, professeur d'histoire-géographie au lycée Marc Bloch de Bischheim depuis 40 ans
Ce que je voudrais, c’est une compensation de la perte de notre pouvoir d’achat depuis 2010, c’est de l’ordre de moins 10%. Je voudrais aussi qu’on tienne compte de l’augmentation des effectifs dans le secondaire. Moi j’ai 35 élèves dans ma classe, comment voulez-vous les aider à progresser quand ils sont 35 dans une classe, on n’arrive même plus à bouger !
Si vous croyez qu’on fait grève pour passer le temps, c’est faux. Je suis là pour dire qu’il y a un malaise au travail et il serait temps de s’en rendre compte !"
On ne pourra plus se défendre dans les petites entreprises
Bernard Rousseaux, 50 ans, géomètre du cadastre
Le gouvernement diminue le nombre de fonctionnaires et cela a un impact direct sur mon travail. Par exemple, moi j’avais un emploi sur Molsheim, et il a été supprimé par le biais de commission paritaire, j’ai été obligé de demandé ma mutation à Strasbourg."
Des gens tombent malades à cause de la charge de travail
Toma Grcic, 45 ans, analyste développeur au Crédit mutuel
Dans mon cas, on n’a pas assez de salariés pour faire le travail, la charge se reporte sur les autres, il y a des gens qui tombent malades à cause de ça, alors que les entreprises ont les moyens d’embaucher. Tout ça, ce ne sont que des histoires de coût, c’est ça qui est horrible.
Dans le privé et le public, on a les mêmes problèmes : on n’a pas assez de gens pour faire le travail et on n’a pas de reconnaissance. Alors que l’argent est là, l’évasion fiscale se chiffre à des milliards d’euros."
Marre qu’on stigmatise les fonctionnaires !
Sandra Gkonziela, 24 ans, employée de crèche municipale à Bischheim
"Moi je suis là contre le gel du point d’indice et le jour de carence qu’on veut nous enlever. On n’a pas été augmentés depuis plusieurs années, on est payés à peine plus que le SMIC.
En plus, ils veulent nous retirer le jour de carence, ça veut dire environ 70 euros en moins si on est absent un jour, on n’est pas d’accord. On est moins payé que dans le privé et on n’a plus d’avantage. C’est dommage de généraliser : j’en ai marre qu’on stigmatise les fonctionnaires alors qu’il n’y a plus d’avantage à l’être."