Strasbourg: chirurgie esthétique, implants... où placer les limites de la médecine de convenance ?

Le Forum européen de bioéthique se tient à Strasbourg jusqu'au 2 férvier. Mardi 28 janvier, une table-ronde était organisée sur le thème de la médécine de convenance : quand la technicité n'est plus un obstacle, peut-on tout faire ?

Médecine de soins et de convenances peuvent-elles co-exister ? C'était le thème de l'un des débats organisés mardi 28 janvier à Strasbourg, dans le cadre du Forum européen de bioéthique qui se tient jusqu'au 2 février. Chirurgie esthétique, améliorations des performances physiques ou encore rétine haute résolution.. tout ou presque est imaginable en matière de médecine de convenance. Alors où sont posées les limites actuelles ?
 


La première limite entre médecine de convenance et de santé est fixée par l'assurance maladie. "En matière de chirurgie esthétique, que l'on refasse un nez cassé ou un nez disgracieux, les techniques sont les mêmes et la souffrance aussi, en terme de décalage par rapport à la réalité. C'est l'assurance maladie qui se charge de mettre la frontière entre ce qui est remboursé ou non", explique Catherine Bruant-Rodier, professeur de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique aux hôpitaux universitaires de Strasbourg. Ainsi seule la chirurgie reconstructrice et plastique peut faire l'objet d'une prise en charge par la sécurité sociale. Les actes de chirurgie esthétique ne sont pas remboursés.

 

"On intervient s'il y a une réelle souffrance"

La sécurité sociale constitue donc un premier curseur mais qui est parfois très binaire. Par exemple, en cas de réduction mamaire, il faut retirer au moins 300 grammes pour être remboursé, sinon il s'agit d'une opération de chirurgie esthétique non prise en charge. Le mal-être peut-il se mesurer au gramme près ? Difficle à estimer. "On intervient s'il y a une réelle souffrance et que l'on peut aider les gens", souligne Catherine Bruant-Rodier.

En chirurgie esthétique, elle réalise souvent des opérations non remboursées. Par exemple ces derniers temps, il y a plus de demandes de chirurgie de la vulve, qui consiste à modifier la taille des grandes ou petites lèvres. A l'inverse, les liftings sont de moins en moins demandés, selon cette dernière. Et elle reconnaît que ces demandes obéissent également à des idées véhiculées par la société. "Dans une certaine mesure, ces demandes sont influencées par des phénomènes de mode", indique-t-elle. 

 

"Ce que vous me demandez ne sert à rien"

Alors : peut-on tout s'offrir à condition de pouvoir payer ? Intervient la responsabilité des médecins qui doivent parfois dire non. "Je pense que la médecine de convenance fait partie du soin et qu'il faut s'intéresser à la qualité de vie", fait remarquer Grégoire Moutel, médecin hospitalo-universitaire spécialiste des questions d’éthique en santé. Mais "c'est parfois de la responsablité de la médecine de dire ce que vous me demandez ne sert à rien et le bénéfice est presque nul", comme le souligne Jean Leonetti, député des Alpes-Maritimes, maire d’Antibes, ancien président des états généraux de bioéthique.

En chirurgie esthétique, Catherine Bruant-Rodier doit sans cesse estimer la "balance bénéfice/risque" et refuse parfois d'intervenir si des patients ont des demandes changeantes multiples qui attestent d'une mauvaise acceptation de leur corps plutôt que d'un défaut avéré à corriger. En cas de liposuccion, elle explique également qu'un amaincissement est parfois préférable pour que le patient obtienne satsifaction. Ceci dit, chacun médecin place son curseur. "Les professionnels ont une sensibilité médicale plus ou moins forte et sont plus ou moins sensibles à l'argent", lâche-t-elle.

 

Transformer son coprs pour l'art

La chirurgie peut aussi parfois être complètement détournée de la médecine et s'inviter dans la sphère de l'art. ORLAN, artiste plasticienne, a fait de son corps transformé par la chirurgie esthétique l'objet de son travail. Elle a effectué près d'une dizaine d'opérations de chirurgie esthétique pour transformer son visage et s'est même fait poser des implants de silicone au-dessus de ses arcades sourcilières. 
 

L'artiste était d'ailleurs l'invité d'une table ronde intitulée "C’est mon corps, j'en fais ce que je veux : #Tattos #Piercings #Etc…", mardi 29 janvier. Elle milite pour une liberté totale de transformer son corps : "Toute ma vie, j'ai tenté de sortir du formatage et que mon corps soit à moi", a-t-elle expliqué.
 
Vous avez aussi envie de prendre part au débat ? La réflexion se poursuit jusqu'au 2 février avec plusieurs tables rondes sont organisées chaque jour dans la salle de l'Aubette ou la salle Blanche de la Librairie Kléber. 
 

 
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