Grève à la Haute école des Arts du Rhin pour protester contre la baisse du nombre de professeurs et d'élèves

Le personnel et les élèves de la HEAR, la Haute école des arts du Rhin, seront en grève jeudi 18 avril 2024 à l’appel de la CGT et d’un comité de mobilisation monté au sein de cette école située à Strasbourg et à Mulhouse. Ils s’opposent à la réforme voulue par la direction qui conduirait à la diminution du nombre de professeurs et d’élèves dès la rentrée prochaine.

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Ce jeudi 18 avril 2024, ce sera la deuxième grève en un mois pour le personnel et les étudiants de la HEAR, la Haute école des arts du Rhin. La première qui s’était déroulée le 26 mars avait réuni une centaine de manifestants

La contestation émane de la CGT et d’un comité de mobilisation qui s’est récemment monté au sein de l’école. Tous craignent pour l’avenir de la HEAR, une véritable institution en Alsace qui forme chaque année plusieurs centaines d’élèves à des arts variés, de l’illustration à la musique en passant par le design textile.

En cause : une baisse des subventions publiques allouées à l'école qui conduirait la direction à prendre des mesures d'économie drastiques. S'élevant aujourd'hui à plus de 12 millions d'euros, le budget annuel de la Hear devrait baisser et la direction réfléchirait à un plan de restructuration. L'établissement présente en effet 1,5 million d'euros de déficit structurel selon la direction. 

Parmi les mesures les plus contestées, la réduction du nombre d’élèves en 1ʳᵉ année. En 2023, ils étaient 58 à Strasbourg et 30 à Mulhouse. À la prochaine rentrée, ils ne seront plus que 52 exclusivement à Mulhouse. La nouveauté a été annoncée sur le site web de l'école alors que les vœux des élèves sur Parcoursup sont déjà finalisés.

Pour Lisa, étudiante en 2ᵉ année et membre du comité de mobilisation, c’est un très mauvais signal. "On supprime de moitié les effectifs, cela va accentuer la sélection des élèves, les études supérieures sont de moins en moins accessibles alors que les universités devraient être ouvertes à tous", estime-t-elle. 

Outre la réduction du nombre d’élèves, des pistes sont envisagées par la direction pour réduire le personnel : non-remplacement des professeurs partant à la retraite (ils seront une dizaine ces deux prochaines années) et non-renouvellement de postes et de CDD.  

"Ces mesures nous inquiètent et surtout, c'est le flou le plus total. Cela fait des semaines que l’on demande à avoir des données détaillées sur les effectifs en place et sur les budgets, mais nous n’obtenons rien" déplore Nasser Khelifi, assistant d’enseignement et secrétaire général de la CGT HEAR. Lisa craint une détérioration des conditions d’apprentissage : "Cela aura un impact direct sur nos conditions d'études, cela revient à réduire la qualité de la pédagogie.

Un "simulacre de démocratie"

Les grévistes dénoncent aussi la méthode de la direction. Des conseils pédagogiques extraordinaires ont été mis en place par le directeur Stéphane Sauzedde avec l’ensemble des représentants de l’école pour réfléchir aux réformes à venir.

"Un simulacre de démocratie" tempête Nasser Khelifi. "Quatre scénarios sont sortis de ces échanges mais le directeur a imposé le sien sans aucune consultation et au mépris de toutes les instances. Il va appliquer les mesures qu’il a lui seul décidées" affirme le syndicaliste. 

J'aurais préféré qu'on ait au moins une année en plus pour bien échanger et réfléchir à des solutions, mais il aurait fallu plus de mou budgétaire pour ça

Stéphane Sauzedde

Directeur de l'école

Contacté, Stéphane Sauzedde réfute toute volonté de contournement des différents acteurs. "La CGT a quitté le processus en plein milieu pour appeler à la grève, dit-il. Ils voyaient qu'il y aurait des postes fermés : ils sont dans leur rôle. Le processus collectif, qui a été mis en place depuis décembre et qui intègre toutes les instances de gouvernance, dont les syndicats et les représentants d'étudiants, a été percuté par cette grogne. Ensuite, il a fallu effectivement trancher, ce qui a été fait avec l'accord de la majorité des parties encore présentes.

Le directeur reconnaît en revanche que le calendrier est "très serré" pour des décisions d'une telle importance. "J'aurais préféré qu'on ait au moins une année en plus pour bien échanger et réfléchir à des solutions, mais il aurait fallu plus de mou budgétaire pour ça. Les élèves pour la rentrée 2024/2025 sont recrutés dès le mois d'avril et si on ne prend pas de décision avant cela, on se retrouvera dans une situation véritablement critique dans un an." Il estime par ailleurs que cette restructuration permettra à la HEAR de "retomber sur ses pattes". "L'école n'est pas affaiblie, au contraire", assène-t-il. 

Le personnel et les élèves se regrouperont dès 9 heures, jeudi 18 avril, dans le jardin de la Hear pour dénoncer le manque de transparence de la direction et dire leur inquiétude pour l'avenir. 

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