Interdiction des animaux sauvages dans les cirques à Strasbourg : "ce ne sera pas la fin d'un art"

Par un voeu adopté en conseil municipal, la ville s'est exprimée pour l'interdiction des cirques qui comportent des numéros avec des animaux sauvages. Strasbourg s'engage aussi à promouvoir les spectacles "respectueux de la condition animale". 

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Strasbourg emboîte le pas à Ajaccio, Bastia, Paris, Rennes ou encore Montpellier. A l'unanimité, le conseil municipal de la capitale alsacienne a adopté lundi soir un voeu "relatif à l'interdiction de l'exploitation des animaux sauvages dans les cirques et à l'accueil à Strasbourg d'arts circassiens respectueux de la condition animale".  Le texte était déposé par Eric Schultz, adjoint au maire (La Coopérative - Génération.s).


Qu'implique ce vote pour les cirques qui voudraient se produire à Strasbourg ?


"On a adopté un vœu relatif à l’interdiction de l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques qui sont accueillis à Strasbourg. Il y a deux aspects : dire qu’on est opposé à l’accueil de ces cirques, mais aussi, et c’est important, qu’on n’est pas hostile au monde circassien et que l’on veut accueillir bien volontiers des cirques sans exploitation animale."



"Pour tous les cirques qui ont déjà prévu un passage par Strasbourg, comme Arlette Gruss [du 30 mai au 6 juin, NDLR], c’est engagé. Ils ont construit leur tournée, on ne va pas leur dire : « Annulez. ». Ce n’est pas la peine d’aller dans des batailles juridiques. On va mettre en place une construction progressive à partir de l’été pour expliquer qu’on ne les accueillera plus l’année prochaine sauf s’ils ont fait des efforts pour lesquels on va les accompagner. On peut aussi inviter des nouveaux cirques, comme celui d'André-Joseph Bouglione, sur notre territoire."


La commune a-t-elle le pouvoir d’interdire les cirques qui utilisent des animaux sauvages ?


"C’est une déclaration d’intention de la ville. On demande surtout le respect des textes de loi et le respect des besoins physiologiques des animaux. Si un cirque ne les respecte pas, nous pouvons en refuser l’installation, mais il faut que cette décision soit motivée. Donc on demandera systématiquement des contrôles vétérinaires pour vérifier que la loi est appliquée."

"On peut refuser un accueil dans notre commune. Ce sont les critères du refus que nous devrons motiver, en s’appuyant sur les normes vétérinaires. Si on n’a pas possibilité de les installer sur un terrain suffisamment grand, par exemple. Pour une zone urbaine comme Strasbourg, c’est quasiment impossible de les accueillir dans les normes."

"D’autre part, on n’achètera plus et on ne diffusera plus de billets de spectacles qui ont des animaux sauvages. C’est notre compétence."


Seules cinq communes en Alsace ont adopté des dispositions similaires… Est-ce qu’une résolution isolée comme celle-ci peut avoir un effet ?


"Ce vœu s’applique à la commune de Strasbourg mais nous allons l’adresser à chacun des maires de l’Eurométropole avec un courrier pour les inciter à se joindre au mouvement. On a déjà la ville d’Illkirch-Graffenstaden qui a interdit les cirques avec les animaux sauvages. Maintenant il faut convaincre les 31 communes qui restent à joindre le mouvement."

"Mais déjà à Strasbourg, c’est pas mal, car la ville a une position centrale. On peut avoir un effet symbolique et politique d’entraînement sur d’autres communes. Les grands cirques, s’ils ne peuvent pas venir à Strasbourg, ne se déplaceront peut-être pas dans la région. C’est une pression supplémentaire."

L’adoption de ce vœu a-t-elle été influencée par la mobilisation des associations en Alsace (manifestations le 12 avril à Strasbourg, procès de One Voice qui dénonçait l’état de santé d’une éléphante) ?


"Le procès sur l’éléphante Maya, où le cirque a été débouté, traduit une montée en conscience globale qui évolue depuis plusieurs années. On voit très bien, parmi les collègues et la population, qu’on a une adhésion de plus en plus forte. Rappelez-vous novembre 2017 : le tigre abattu en plein Paris, c’était aussi une prise de conscience. C’est maintenant que le débat doit se poser."



"D’ailleurs, il y a eu unanimité des 40 élus présents. On est sur un point de compromis : le débat, c’était interdiction des animaux sauvages ou interdiction de tous les animaux. On commence par cette première étape. Pour moi, l’emploi d’un animal pour un spectacle de cirque ne se justifie pas. Il y a suffisamment de numéros d’acrobates, de jongleurs, d’équilibristes pour que ce ne soit pas nécessaire. Ce ne sera pas la fin d’un art, bien au contraire. C’est un renouveau."


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