Le parquet de Paris a demandé le 9 octobre le renvoi en correctionnelle de sept Strasbourgeois, âgés de 23 à 26 ans, partis en Syrie fin 2013 pour y rester un an, ont annoncé jeudi des sources proche du dossier et judiciaire.
Les juges d'instruction doivent désormais décider de renvoyer ou non en procès ces jeunes hommes, qui sont tous en détention provisoire. Deux membres du même groupe, des frères, ont été tués en Syrie, où se trouverait toujours un dixième homme. Ils sont soupçonnés de s'être enrôlés dans les rangs du groupe jihadiste État islamique en Irak et au Levant (EIIL), depuis devenu le groupe État islamique (EI).Ils ont été recrutés par Mourad Farès, qui fut un des principaux rabatteurs de jihadistes français apparaissant dans de nombreux dossiers de filières syriennes, notamment celui des jeunes partis de Lunel où certains sont soupçonnés de s'être rendus coupables d'atrocités. Arrêté par les Turcs après avoir fui la Syrie, ce propagandiste du jihad avait été remis aux autorités françaises en septembre 2014. Il est actuellement écroué. Durant l'enquête, les jeunes Strasbourgeois n'ont pas varié dans leurs explications, affirmant être partis en Syrie dans un but humanitaire. Ils ont aussi expliqué être tombés de haut face aux horreurs qu'ils ont pu y découvrir. Ils sont revenus en France de manière échelonnée à partir de février 2014 avant d'être arrêtés en mai dans le quartier populaire de la Meinau à Strasbourg.
Aux yeux des enquêteurs, l'argument du périple humanitaire ne résiste pas à l'analyse: ils connaissaient Mourad Farès, que certains avaient rencontré à trois reprises avant de partir, échangeaient avec lui sur Facebook et ne pouvaient rien ignorer de son islamisme radical. Des éléments mettant à mal leur défense ont été retrouvés dans leurs ordinateurs, notamment des photos de certains d'entre eux posant avec armes et treillis dans les rangs de l'EI. Ils auraient également suivi un entraînement au maniement des armes.
Et ils sont tous restés au moins un an dans cette zone de jihad. Selon les derniers chiffres cités cette semaine par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, 520 Français sont actuellement en Syrie et en Irak, 250 en sont revenus, 700 ont exprimé le souhait de s'y rendre. La mort sur place d'un peu moins de 140 Français a été confirmée par les services, un chiffre qui ne tient pas compte de ceux qui auraient pu être tués dans les récentes frappes aériennes de l'armée française. Bien que toujours conséquent, le flux de départ semble toutefois moins important depuis l'été, selon des sources proches du dossier.