Le géant du spectacle et des concerts, Stacco, demande son placement en redressement judiciaire

Le colosse européen de l'installation scénique, Stacco, fragilisé financièrement, devrait être placé en redressement judiciaire le mardi 12 décembre. Cette entreprise, basée à Wasselonne (Bas-Rhin), a monté la plupart des scènes pour Johnny, Les Eurockéennes, les Vieilles Charrues et bien d'autres. La société accuse un déficit de 2,5 millions d'euros qu'elle n'arrive pas à combler.

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Stacco, le géant européen de l’installation scénique, a sollicité sa mise en redressement judiciaire en raison de graves difficultés financières. L'entreprise, basée à Wasselonne dans le Bas-Rhin, affiche une dette de 2,5 millions d'euros, dont une grande partie représentée par des prêts contractés lors de la pandémie de Covid-19. La demande de la société, déposée à la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne (Bas-Rhin), doit être examinée le mardi 12 décembre. 

En attendant, l'usine bas-rhinoise fonctionne toujours malgré les doutes sur sa pérennité. Notamment en vue d'équiper l'une des grandes salles parisiennes pour les Jeux olympiques de 2024. L'entreprise, qui se sait incontournable dans le domaine de l'événementiel, ne s'avoue pas vaincue. "Stacco vivra malgré les difficultés financières. La fabrication travaille, la prestation aussi. Nous avons des contrats, la commande de l’Arena de Paris pour les Jeux olympiques est en cours de réalisation. Il y a de l’activité, le tout est d’avoir une stabilité financière que je ne peux plus assurer aujourd’hui", explique le PDG de Stacco, Raymond Schweitzer.

Un colosse aux pieds d'argile

L'entreprise de fabrication, de location et de montage de matériel scénique a longtemps régné en maître dans le monde du grand spectacle. C'est, par exemple, 35 ans de collaboration avec Johnny Hallyday, l'organisation des concerts de Mickaël Jackson, le festival des Eurockéennes, des Vieilles Charrues ou des Francofolies. Un monopole qui ne laissait que peu de place à la concurrence. 

Jusqu'à l'avènement du covid qui a stoppé net l'activité de l'entreprise, de 2020 à 2022. "L’année 2023 s’est plutôt bien passée, 2022 a été une catastrophe", souligne Raymond Schweitzer. Si la reprise est là, elle ne s'est pas faite sans conséquences désastreuses. "Pendant la crise sanitaire, les spectacles se sont arrêtés. Après le covid, il y a eu beaucoup de travail parce que tout le monde voulait se rattraper. Résultat, il y a eu une pénurie de personnel qualifié sur le marché de l’événementiel en 2022, avec une surenchère sur les salaires. Les techniciens demandaient jusqu’à 500 euros par jour", déplore Christophe Girardot, ingénieur chez Stacco.

La spirale infernale

Des salariés compétents sont partis voir ailleurs, chez les plus offrants parfois, des intermittents ont fait défection, débauchés par des concurrents. La qualité du travail a baissé. "Quand quelqu’un vous lâche sur un événement et que vous n’avez pas le temps de vous retourner, ça se ressent sur la qualité du montage. Ça nous a coûté cher en heures supplémentaires, les gens travaillaient parfois dans des conditions difficiles. Quand un chantier n’avance pas à la vitesse souhaitée, c’est angoissant pour l’organisateur".

Cette série de phénomènes en cascade a fait perdre confiance aux clients. Stacco est entré dans un cercle vicieux. Difficile de remonter la pente dans ces conditions, même si le matériel et les moyens sont là. "Stacco était un gage de qualité jusqu’au covid, ce qui n’est probablement plus le cas", regrette Christophe Girardot. 

Il faudra éponger les dettes, retrouver du personnel et regagner la confiance. Pour l'instant, Stacco a réduit la voilure. Deux ou trois spectacles par jour contre dix auparavant, une baisse d'activité en personnel de 50%. Mais Stacco, qui réalisera dans les prochaines semaines la tournée de Patrick Bruel et de Starmania jusqu'en 2025, fait son possible pour ne pas décrocher et entend bien plaider sa cause devant la chambre commerciale. 

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