Strasbourg est la seule ville en France où l’on peut suivre une formation universitaire en "wellness management", c’est-à-dire en gestion des structures de bien-être. Les employeurs recherchent de plus en plus ces profils spécialisés.
Une nouvelle formation a le vent en poupe en Alsace. Le master de "wellness management" est une réponse à la demande d'employeurs dont la clientèle recherche toujours plus de cocooning, de confort et de bien-être.
Ce master se décroche au bout de 5 ans d’études, en alternance. Pour l'heure, seules deux promotions ont été formées à l’université de Strasbourg, mais les candidatures d'étudiants sont de plus en plus nombreuses. En cette fin mai, le secrétariat en a déjà reçu une centaine. Les prochaines inscriptions seront ouvertes vers la mi-juin.
Bartolomé fait partie des étudiants qui clôturent leur formation cette année. De manière générale, les candidats sont issus d'un parcours hôtelier, du domaine du tourisme ou de la fac de sport. Lui avait avait pratiqué du sport à haut-niveau pendant deux ans, avant d'opter pour ce master.
Développer de nouveaux talents et de nouvelles ressources
"Les cours théoriques m'ont déjà permis d'innover ici chez Sensas." Il nous montre la salle des écrans d'où lui et ses collègues animent les séances d'escape game, proposés par l'entreprise de Mundolsheim où il est en alternance (six semaines en entreprise et deux semaines à l'université). "J'ai par exemple mis en place des fiches repères et conseils pour notre équipe d'animateurs. Car on est formé pour offrir du bien-être aux clients, mais aussi aux employés."
Pour son patron, Pierrick Rompillon, directeur du centre, Bartolomé tombait à pic. "On gagne un temps précieux, car ces jeunes ont des bases solides dans le domaine du management. Dès qu'ils arrivent, ils sont opérationnels, ce qui signifie que nous, les employeurs, avons besoin de consacrer moins de temps à leur formation." D'ailleurs il embaucherait volontiers d'autres profils comme lui, car la demande de jeux en groupe augmente beaucoup, depuis que les citoyens ont eu à subir les confinements et privations de sorties. Les comités d'entreprises, les familles, les groupes d'amis sont avides de moments de détente et d'amusement collectif.
"Notre objectif" explique Astrid Muller, co-responsable de la formation (créée avec le lycée hôtelier d'Illkirch et la faculté des sciences du sport en 2018) "est de former nos étudiants dans toutes les sciences liées à la gestion de structures de bien-être, de loisirs ou de loisirs sportifs. Ils étudient donc le marketing, le droit, l'événementiel, la gestion des ressources humaines, la communication dans le domaine du bien-être et du loisir. Les employeurs, notamment alsaciens, avaient une forte demande d'un tel diplôme."
Pour les enseignants des cours théoriques, le défi consiste à "développer de nouveaux talents et de nouvelles ressources." Tristan Lagarde, en charge du cours de communication, marketing et digital, est lui-même dirigeant d'une entreprise de cosmétique. "On a besoin d'innovation. Le monde de l'entreprise évolue très vite, grâce ou à cause des nouvelles tendances digitales. Les entreprises ont besoin de changer, de se transformer. Ce sont justement de nouvelles formations comme celle-ci, avec une ouverture d'esprit, des solutions neuves, et surtout des personnes opérationnelles dès l'obtention du diplôme qu'ils nous faut. "
Visites régulières dans des structures existantes
Outre les six semaines passées en entreprise pour leur alternance, les étudiants visitent régulièrement des structures hôtelières de luxe avec spas, des centres thermaux, sportifs et de loisirs, pour un échange avec des professionnels du domaine. Pour le directeur d'exploitation de l'Hôtel 4*des Haras à Strasbourg, Médéric Brendel-Manier, "le wellness manager est un poste clé, surtout dans les grands complexes hôteliers. Il contribue à l’expérience globale du client."
Il leur consacre deux heures pour une visite du site, doté d'un spa, d'une piscine et d'une salle de sport. Les étudiants peuvent aborder avec lui des questions très pratiques comme la mise en place de créneaux horaires pour enfants, afin de préserver la tranquillité des adultes venus se détendre au calme, la gestion des massages, l'organisation de meetings etc.
Pour les élèves et l'enseignante, c'est un moment précieux qu'ils vont débriefer en cours, avant d'aller découvrir d'autres entreprises, prêtes à les accueillir pour évoquer le concret de ce métier en plein développement.
Depuis 2018, deux promotions de quinze élèves ont été formées. 92 % des diplômés ont trouvé un emploi dans les métiers de gestion du bien-être.