En s'associant à un communiqué commun à plusieurs universités françaises et associations de l'enseignement supérieur, l'Université de Strasbourg a explicitement condamné le projet politique du Rassemblement national au lendemain du premier tour des élections législatives.
L'Université de Strasbourg est officiellement sortie de sa réserve. Elle a indiqué "s'associer à la déclaration" commune de plusieurs organismes majeurs des études supérieures françaises appelant à "lutter contre le Rassemblement national", dans un communiqué publié le 1er juillet sur son site. "Nous ne pouvons accepter le projet politique du Rassemblement national sans trahir ces valeurs et l’esprit des Lumières qui est au fondement même de l’Université et de nos écoles", est-il écrit dans le texte notamment signé par l'association France Universités, une association regroupant des dirigeants de plus de 120 établissements d'enseignement supérieur en France.
"La menace est immédiate, réelle et inédite, est-il encore indiqué dans le texte. Elle doit être affrontée avec gravité et détermination car elle ne constitue pas une alternance ordinaire en démocratie (...) la politique portée par le Rassemblement national met en danger notre enseignement supérieur et la chance qu’il offre à toute la jeunesse, quels que soient son parcours, ses origines et son milieu social."
Le congrès de l’université de Strasbourg, qui rassemble toutes ses instances dirigeantes, avait déjà pris position contre le RN, le 25 juin dernier, dans une motion adoptée à 87 voix pour et trois abstentions. Les membres évoquaient ainsi une "mise en danger des valeurs de l’université, héritière de l’humanisme", annonçant défendre ces valeurs "avec leurs bulletins de vote".
Le RN consterné, les syndicats étudiants en soutien
Consternation chez les membres du Rassemblement national, qui y voient une "marque du passé". "C'est complètement dépassé comme comportement, estime Virginie Joron, candidate dans la 2e circonscription du Bas-Rhin et qualifiée en 3e position pour le second tour. Quelle légitimité ont-ils à ostraciser de cette manière notre électorat ? Ces histoires de barrage républicain vont à l'encontre des principes démocratiques." Plusieurs cadres du RN, dont Marine Le Pen, ont pris la parole ce 2 juillet pour fustiger le "front républicain", alors que les désistements s'enchaînent en faveur de candidats "républicains".
Côté étudiant, l'Alternative étudiante Strasbourg (AES), syndicat ancré à gauche, salue la nouvelle. "C'est une bonne chose, même si nous aurions préféré que cela soit fait avant, peut-être en marge des européennes par exemple, estime Simon Levan, membre de l'AES. Nous avions demandé à ce que l'Université appelle à aller voter massivement, déjà à l'époque. Il est évident que le RN au pouvoir serait un danger pour les étudiants étrangers."
Le programme officiel du Rassemblement national pour ces législatives ne mentionne pas du tout l'enseignement supérieur, mais plusieurs déclarations de candidats indiquent une volonté d'y appliquer aussi la "préférence nationale". "Nous voulons effectivement donner la priorité aux étudiants français, comme c'est déjà le cas dans d'autres pays du monde", confirme Virginie Joron, qui assure par ailleurs que "mis à part ça, les étudiants étrangers seront très bien accueillis, contrairement à ce qu'on peut entendre ici ou là". L'Université de Strasbourg compte 20% d'étudiants étrangers, et vient d'être distinguée pour sa capacité à accueillir les étudiants internationaux.