Le 23 novembre 1944, Strasbourg retrouve sa liberté après quatre années d’occupation nazie. La 2ᵉ Division Blindée (2ᵉ DB) du général Leclerc joue un rôle clé dans cette libération. Voici cinq objets emblématiques de ce grand moment de l'Histoire de Strasbourg.
1. Le Livre d’or du gouverneur militaire de Strasbourg
Ce livre d’or est comme une sorte de fil rouge de l’histoire de Strasbourg, un document dans lequel de nombreux invités de la ville ont écrit et laissé une trace. Le 23 novembre 1947, trois ans après être entré dans la ville avec la 2ᵉ DB, le général Leclerc y inscrit une dernière dédicace en hommage à la ville libérée.
Ses écrits font référence au serment de Koufra, une promesse faite depuis le désert de Libye en 1941 : libérer Strasbourg.
Curieusement, le général Leclerc fait une erreur en écrivant dans ce livre d'or. Il inscrit la date de 1945... alors que la ville a bel et bien été libérée en 1944. Cette erreur pourrait être due à l'émotion, encore très vive à l'époque.
Cinq jours après avoir signé ce livre, le général Leclerc meurt tragiquement dans un accident d’avion, faisant de ces lignes la dernière trace écrite de celui qui libéra la ville.
2. La première édition de L’Alsace Libérée
Pendant l’occupation, les Dernières Nouvelles de Strasbourg deviennent les Strassburger neueste Nachrichten (SNN), sous contrôle nazi.
Le 29 novembre 1944, quelques jours après la libération de Strasbourg, le premier numéro de L’Alsace Libérée est publié. Ce journal symbolise le retour de la presse libre après des années de censure nazie.
Pour l'imprimer, ont été utilisées les rotatives qui servaient auparavant à imprimer... le journal de propagande nazie. Les Allemands avaient réquisitionné ce matériel lors de leur prise de la ville quelques années plus tôt. En réutilisant cet outil, les Français se réapproprient ce symbole de répression pour en faire, de nouveau, un symbole de liberté.
Par la suite, le premier numéro des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) sort le 21 décembre 1944. Rédigé en français, il reflète le refus d’utiliser la langue allemande, même si cela compliquait la lecture pour certains Alsaciens. L'origine de ce numéro reste incertaine, entre résistants, libérateurs ou anciens journalistes des Dernières Nouvelles d'Alsace.
L’Alsace Libérée deviendra plus tard Les Dernières Nouvelles d’Alsace, un journal toujours publié aujourd’hui.
3. Le képi du général Leclerc
Le képi du général Leclerc est un objet emblématique de son parcours et de ses victoires. Acquis à Londres en 1943 lorsqu’il devient général de division, ce képi initialement orné de trois étoiles symbolise son ascension militaire et son rôle à la tête de la 2ᵉ DB.
En 1946, deux étoiles supplémentaires sont ajoutées pour marquer sa promotion au grade de général d’armée.
4. Le fanion de Koufra
Ce petit morceau de soie brodée représente la première grande victoire des Forces Françaises Libres lors d'une bataille qui se déroule dans l’oasis libyenne de Koufra. Celle-ci marque un tournant dans la guerre et inspire le fameux serment de Koufra : "Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos belles couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg."
Le fanion capturé, conservé comme un trophée, incarne l’engagement du général Leclerc et de ses hommes à libérer la France.
5. Le drapeau de la Libération de Strasbourg
Ce drapeau improvisé, créé le jour même de la libération de Strasbourg le 23 novembre 1944, est un symbole fort du patriotisme des Strasbourgeois.
Confectionné par Emilienne Lorentz, une commerçante charcutière de la place Saint-Étienne, il est composé de matériaux de fortune : le bleu d’un tablier peint, le blanc d’un drap de lit... et le rouge d’une bannière nazie, détourné de son usage initial et transformé en un symbole de liberté. La croix de Lorraine, symbole de la France Libre, y est également dessinée au charbon de bois.
Hissé à 142 mètres de hauteur sur la cathédrale de Strasbourg, ce drapeau réalise symboliquement le serment de Koufra prononcé par Leclerc trois ans auparavant.