Le camion école de l'association Espace Jalnik est parti en fumée dans la nuit de jeudi à vendredi, emporté par la vague de violence qui a embrasé plusieurs villes de France. Le véhicule, ainsi que les instruments de musique sont détruits. Mais pas la détermination des membres de l'association.
Ils l'avaient baptisé le Musikerium : un van dans lequel étaient entreposés des instruments de musique. Chaque été, le véhicule sillonnait les différents quartiers de Strasbourg pour promouvoir la culture et différentes formes d'expression artistique auprès de citoyens souvent exclus des offres institutionnelles.
"C'est grâce au Musikerium que ma fille Adeline a découvert la musique, raconte Helin. Elle avait 7 ans. Aujourd'hui, trois ans plus tard, elle est au conservatoire". La fillette joue désormais de la harpe et du piano. Et la gratitude de sa maman pour l'équipe de l'association Jalmik est immense. "Ils nous ont ouvert un parcours" dit-elle.
Aujourd'hui, le Musikerium est en cendres, et le feu s'est propagé à une autre camionnette que l'association venait tout juste d'acquérir. "On en avait besoin pour transporter les bancs, les tables, les tonnelles que nous utilisons pour les ateliers" précise Thierry Zo’Okomo Ndinda, directeur pédagogique et artistique.
Dialoguer, plus que jamais
La découverte des véhicules calcinés a été un coup dur, mais aussi et surtout, une incitation à continuer. " Même avec ceux qui ne peuvent pas discuter, il faut discuter" assène Thierry Zo’Okomo Ndinda. "Plus que jamais on se rend compte que les gens de toutes les couches de notre société ont besoin de se rencontrer, de se parler" peut-on lire sur le site internet de l'association.
Pourtant, le constat est là. Le camion école, parfaitement identifié et bien connu dans le quartier de Hautepierre a clairement été visé. "De même que l'école primaire, le collège, et le local associatif du quartier" ajoute Thierry Zo’Okomo Ndinda. "Toucher à une école, c'est insensé, c'est toucher au sacré, dit-il. Mais ceux qui ont fait ça ont eu envie de choquer. De faire le buzz".
Ines, une jeune femme qui travaillait au centre socioculturel le Galet à Hautepierre exprime son incompréhension. "Je suis dégoûtée, c'est n’importe quoi ce qu'ils ont fait" dit-elle.
Pas de rancœur
Face à cette stratégie de la terre brûlée, l'association est résolue à revenir au plus vite auprès des habitants, et en particulier des enfants. Pour montrer, inlassablement, qu'une issue est possible. Pour ne pas s'enfermer dans la rancœur. Pour recommencer à jouer ensemble, de la musique, et pourquoi pas de la harpe. Adeline viendra avec la sienne au mois d'août, histoire de dépanner.
Mais dès le 10 juillet, la caravane est censée reprendre sa tournée d'été dans le quartier de la Meinau, et l'équipe a la ferme intention d'honorer ce rendez-vous. Un appel est lancé à tous ceux qui peuvent prêter, ou donner des instruments. À tous ceux qui peuvent aider, d'une façon ou d'une autre. Instruments, sono, matériel artistique divers, soutiens financiers... Les petits gestes qui façonnent les belles victoires.