"Mauvais sang ?" : règles, menstruations, pourquoi c'est l'affaire de tous

Les règles, c'est quoi ? ©Ana Films / FTV

Les ragnagnas, les doches, les équerres, avoir ses coquelicots, ses ourses, avoir la visite de l'oncle Flow ou de Michel, traverser la mer Rouge, contempler les chutes du Niagara, voir les Anglais débarquer (en tunique rouge) ou craindre l'Armée rouge. Autant d'expressions pour éviter de prononcer ces simples mots : avoir ses règles. Pourquoi tant de gêne ? C'est l'objet du documentaire "Mauvais sang ?" d'Éléonore Greif.

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Le principe du tabou, c'est qu'on n'en parle pas. N'est-ce pas monsieur de Lapalisse. Parmi les tabous les plus universels et pourtant incompréhensibles, avoir ses règles semble avoir gagné le gros lot. Pourquoi ce cycle, on ne peut plus naturel, provoque-t-il autant de gêne ?

À travers les témoignages de femmes, jeunes ou moins jeunes, d'hommes et de personnes transgenres, le documentaire Mauvais sang ? fait un tour d'horizon sur des comportements autour des menstruations.

Voici trois bonnes raisons de regarder Mauvais sang ? d'Eléonore Greif en lien ici.

1. Parce que vous êtes une femme

Et que vous représentez un peu plus de la moitié de la population mondiale. Des premières règles, dont toutes se souviennent, à la très attendue ou très crainte ménopause, les menstruations — ou leur absence — rythment la vie des femmes.

Le point commun pour la première apparition des règles, c'est la douleur au ventre et la découverte dans les toilettes de tâches maronnasses au fond de la culotte.  Embarrassant. Que les filles soient préparées ou non à leur arrivée, la toute première fois les prend toujours par surprise. A l'image du témoignage de Fanny avec ses questions qui se bousculent : "1. Je comprends rien. 2. C'est quoi ce truc ? Qu'est-ce qui m'arrive ? C'est douloureux en plus : il y a une notion de honte, mélangée avec de la peur, de l'angoisse." Pas vraiment de quoi se réjouir, même quand l'événement est espéré.

Sans parler de la gentille tradition — comme dans le film Diabolo Menthe de Diane Kurys -, qui consistait alors à se prendre une baffe magistrale pour marquer le coup. Un vrai plaisir ce passage dans un corps de femme. "La gifle pour les premières règles ; peut-être que ça, je le savais et c'est peut-être pour ça que je n'en ai pas parlé", témoigne encore Fanny.

Françoise enfonce le clou "j'étais désespérée que ce soit cela qui marque le tampon d'être une femme. Je m'en serais bien passée ; ça faisait un peu honte ; je n'avais pas le droit de le dire à mon père pour ne pas le choquer."

Quand on organise le tabou : les femmes souffrent en silence, les hommes ne veulent pas savoir et tout le monde accepte les règles… du jeu.

2. Parce que vous êtes un homme…

… des années 2020. Et que vous vous sentez concerné par le sort de votre fille-femme-mère-sœur-cousine-copine. Ou même peut-être parce que vous êtes un homme transgenre et que vous avez eu ou avez encore des règles.

Concerné, comme Francis, papa de deux jeunes filles. Qui raconte, compatissant, le "choc" que son ex-épouse a vécu et "a voulu éviter à ses filles". "À l'apparition des premières règles des filles, elle a organisé une soirée au restau avec ses copines à elle et un cadeau pour symboliser et marquer la jeune fille dans le clan des femmes. Moi, j'aurais voulu être avec, mais j'ai pas eu le droit." Exclu parce que masculin.

C'est ainsi, qu'en croyant bien faire, en positivant l'événement par un rite d'étape joyeux, en incluant la jeune fille dans "le clan des femmes", ces marqueurs positifs contribuent, malgré eux, à exclure une moitié de l'humanité de cet événement et de sa prise en charge. Marc le raconte d'une façon très simple : "moi, j'ai compris super tard pourquoi les filles allaient plus souvent aux toilettes que les garçons."

3. Parce qu'en parler, c'est contribuer à visibiliser

Détabouïser. Désacraliser. Démythifier. Continuer à battre la mayonnaise, ne pas avoir peur des malheurs que la femme réglée pourrait apporter, refuser la mise à l'écart qui est imposée dans certaines cultures. Réfuter la question de la pureté et de l'impureté sous-tendue par les religions.

Comme disaient les chroniqueurs radio des années 90 Doc et Difool : "ce n'est pas sale, ton corps change !"

Faire connaître. Faire savoir. Déconstruire les visions culturelles qui datent d'un autre temps où l'homme tout-puissant, voulant être sûr de sa paternité, faisait peser sur les femmes nombre de convenances et de lois destinées à les soumettre.

Légitimer la douleur enfin. En comprendre les causes, chercher des traitements, investir et ne plus la relativiser. S'emparer de ce système génital, comme on s'empare du système digestif, en en maîtrisant le fonctionnement, les dérèglements et les maladies pour les traiter au mieux. Un défi à relever pour les politiques publiques.

Ah ! Encore un mot. Sans sombrer dans le politiquement correct, ni déboulonner l'histoire, sans refuser la saine ironie et la franche rigolade, il serait de bon ton de fourguer aux oubliettes quelques expressions malheureuses telles que "Qu'est-ce t'as ? T'as tes règles ou quoi ?" ou "Elle est grave hystéro celle-là". Non ?

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