Multiplication des dépôts sauvages devant les déchèteries : "les gens estiment qu'ils payent des impôts, alors si c'est fermé, ils jettent tout par terre"

En cette période de forte affluence dans les déchèteries, les dépôts sauvages se multiplient. Ils coûtent cher à l'Eurométropole mais peuvent aussi coûter cher à leurs auteurs. En théorie.

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Un frigidaire, un lave-linge, une poussette, des tas de cartons, des matelas... Ce ne sont pas les paroles de la chanson La complainte du progrès, de Boris Vian, mais le spectacle qui s'offrait à la vue des passants un de ces derniers dimanches devant la déchèterie du Wacken à Strasbourg. La scène se répète régulièrement, et elle coûte cher à la collectivité. 

"Ces phénomènes, c'est clairement de l’éco-irresponsabilité" résume Sébastien Mathurin. Le responsable du département déchèterie à l'Eurométropole de Strasbourg pointe le manque de civisme des usagers. "En fait, les gens ne se renseignent pas sur les horaires. On a quand même une plage large de 8h à 18h45. Et même le dimanche matin. Mais dès que la déchèterie est fermée, les personnes estiment qu’elles sont venues, qu'elles payent des impôts, alors fermée ou pas, elles laissent tout par terre."

Le premier qui jette c’est l’appel d’air. S'il y a un papier, le lendemain vous aurez une montagne de déchets.

Sébastien Mathurin

Responsable du département Déchèterie à l'Eurométropole de Strasbourg

Et de fait, hors période d'ouverture, le même tableau se retrouve, en plus ou moins fourni, à intervalles réguliers. Particulièrement à la fin de l'été et à la rentrée, quand les particuliers font du tri ou des travaux chez eux. Selon le responsable, il y a plusieurs cas de figure.

Quand des professionnels se présentent avec de gros volumes, ils sont redirigés vers des déchèteries spécialisées, payantes. "Mais quand on refuse l'accès, on voit même des personnes qui s'énervent et qui nous laissent tout devant pendant les heures d'ouverture." Et le phénomène s'auto-amplifie. "Le premier qui jette, c’est l’appel d’air. S'il y a un papier, le lendemain vous aurez une montagne de déchets."

Lorsque les employés découvrent un nouveau dépôt sauvage, un camion grue est acheminé sur place, un agent ramasse tout pêle-mêle et "ça a un coût exorbitant pour la collectivité, sans compter qu’on ne valorise pas ces déchets."

Sanction difficile à appliquer

Si le dépôt sauvage est passible d'une amende, dans les faits les sanctions sont difficiles à appliquer. "De temps en temps, on appelle le gars qu’on a pu identifier avec les vidéos ou même on fait appeler la police pour leur dire de venir chercher leurs déchets, mais ça prend du temps." Et puis surtout, la loi n'est pas du côté de l'Eurométropole. "Les personnes peuvent dire qu'il y avait déjà un tas d'ordures quand elles ont déposé les leurs et, du coup, elles ne sont pas responsables. Et nous, on ne peut pas prouver que le tas n'existait pas." Sans compter que le véhicule peut aussi avoir été prêté. 

Ces comportements sont déplorables à la fois pour l’image, pour l’environnement, et pour le moral des agents (ils sont 34 répartis sur 7 sites) qui subissent la colère des usagers. "C'est terrible parce que quand quelqu'un est frustré par quelque chose, il reporte son mal-être sur les petits", se désole Sébastien Mathurin. Pourtant, une solution alternative est toujours proposée, comme par exemple de se rendre à l'association Envie si on a des pots de peinture. "Et puis, les agents font respecter les règles, on limite à un ou deux mètres carrés de déchets par personne, mais ils font la part des choses" et sont tolérants.

 

Ces situations se produisent régulièrement, mais la fréquentation des déchèteries de l'Eurométropole de Strasbourg est quant à elle en forte hausse depuis plusieurs années. "Par exemple, à la Vigie, on a 1 000 personnes par jour alors qu'on était sur 800 avant le Covid." Et les pics sont aléatoires. "Avant, on savait qu'en septembre par exemple, il y avait plus de trafic à cause des déménagements. Aujourd'hui, c'est tous les jours la roue de la fortune. On ne comprend plus les pics de suractivité", conclut Sébastien Mathurin. Et toujours pas les dépôts sauvages. 

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