"Nous avons fait ce que nous avons pu": Abry-Arnold, la chaîne d'ameublement alsacienne, ferme ses cinq magasins après plus de cent ans d'existence

Après plus de cent ans d’existence, l’entreprise familiale alsacienne d’ameublement et de tapis, Abry-Arnold, ferme ses portes. Un choc pour beaucoup d'Alsaciens. Les cinq enseignes d'Haguenau, Strasbourg, Vendenheim, Colmar-Houssen et Kingersheim fermeront progressivement d'ici février 2025.

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Abry-Arnold faisait un peu partie du paysage. Des centres-villes et des zones périurbaines alsaciens. L'enseigne, spécialisée dans l'ameublement, tapis et rideaux, y était implantée depuis plus de cent ans, chaque génération d'Arnold reprenant le flambeau depuis la première boutique, ouverte à Strasbourg en 1920. Aujourd'hui, la pression des grands groupes internationaux est trop forte. La baisse de fréquentation aussi. Abry-Arnold ferme ses rideaux de velours.

Proximité

À Vendenheim, dans la zone industrielle périphérique de Strasbourg (67), l'ambiance est morose malgré les couleurs flamboyantes des tissus. Les clients, souvent des habitués de longue date, se désolent. "Je viens depuis vingt ans, j'ai toujours été bien reçue et surtout, je trouve ce qui me plaît. Ça m'attriste cette fermeture oui. Je ne sais pas où j'irai ensuite." La proximité leur manquera. "Ici, c'est à taille humaine, c'est ça la proximité. Les vendeurs prennent le temps de discuter, on est bien conseillés, dans les autres grandes enseignes, c'est impersonnel, je n'aime pas", raconte une autre cliente.

Il n'y a pas que les clients qui sont fidèles à l'enseigne. Les salariés aussi. Véronique Compagnon est comptable chez Abry-Arnold depuis 37 ans. Bientôt, elle devra trouver un nouvel emploi. Comme les 60 autres salariés de la marque. "C'est difficile quand on arrive presque au bout de sa carrière, mais bon, on est accompagnés, on a un cabinet qui va nous suivre et nous aider à rechercher un emploi. C'est compliqué, mais on ne se sent pas lâchés, on est soutenus."

Concurrence

Eric Arnold, codirigeant d'Abry-Arnold, a voulu faire les choses bien. Fermer avant qu'il ne soit trop tard, dans un contexte économique très tendu pour les enseignes d'ameublement. "C'est une page qui se tourne, mais il est important de réagir au bon moment. Le marché de la déco est extrêmement compliqué ces dernières années, on a une accélération du phénomène depuis début 2024. La fréquentation baisse. Après mûre réflexion, on a décidé de fermer nos commerces pour arrêter l'activité dans les meilleures conditions pour nos employés et nos fournisseurs. Le plan social a été validé, avec une cellule de reclassement pour nos 60 salariés avec qui on travaille depuis de nombreuses années. Économiquement, on ne pouvait pas ne garder qu'un seul magasin, tout est connecté, les frais fixes n'auraient pas pu être amortis. On n'a fait ce qu'on a pu."

On a décidé de fermer nos commerces pour arrêter l'activité dans les meilleures conditions pour nos employés et nos fournisseurs.

Eric Arnold, co-gérant d'Abry-Arnold

La première fermeture concernera le magasin historique du centre-ville de Strasbourg. Celui, ouvert en 1920 par l'arrière-grand-mère d'Eric. Tout le stock réparti sur 800m² sera bradé. Le rideau de fer tombera définitivement à Strasbourg le 19 octobre.

Les quatre autres fermetures suivront : Kingersheim (68), le 26 octobre, puis Haguenau (67), le 31 octobre. Ensuite celui de Colmar-Houssen (68), qui fermera le 16 novembre. Et enfin le siège de la société, à Vendenheim, le 1ᵉʳ février 2025. 

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