On connaissait le Machu Picchu, voici désormais le matou Pichu. Ce roux, aux yeux émeraude, peu farouche, traîne tant ses pattes dans le quartier du Neudorf à Strasbourg (67) qu'il est devenu une mascotte, mieux une attraction touristique. Chat alors.
Quand ma copine Elsa m'a montré hier les photos de son chat, des étoiles plein les yeux, j'ai cru à une blague. Pichu, que je n'ai d'ailleurs jamais eu la chance de voir chez elle, est devenu une star des réseaux sociaux. Pourtant, bon, c'est un chat de "races" plutôt banal. Roux, mignon, sans plus (Elsa, pardonne-moi). Il fallait creuser ce sujet intriguant, à patte de velours, si possible.
Une vie de chien
Un premier coup d'œil sur Facebook me suffit à comprendre. Visiblement, au Neudorf, Pichu fait partie du mobilier urbain. Mieux, à douze ans, il est au faîte du toit et de la gloire. Il est devenu la mascotte de son quartier.
Il faut dire que le pépère, également surnommé "Doudou" ou "Minette" par des riverains ignorants, mène une vie de vagabondage digne d'un chien bohème. "Il a toute sa liberté, il rentre quand il veut. De toute façon, il ne supporte pas d'être enfermé. Parfois, il passe une semaine dehors avant de daigner revenir nous voir. Il fait sa vie. Il va dans les jardins, il se promène à quelques numéros de chez nous, un peu plus bas. Il a son spot. On commence réellement à s'inquiéter quand on ne le voit plus traîner dehors ou qu'il ne revient pas pendant deux semaines. Et inversement, ce sont les autres qui s'inquiètent quand il fait une halte prolongée chez nous. On refuse de mettre nos coordonnées sur son collier, quand on l'a fait, on a été embêtées jour et nuit" explique Célia, la compagne d'Elsa, un peu moins fan de cette gloire nouvelle.
"Quand on est inquiètes, on appelle les vétérinaires du secteur, il est pucé et tatoué. On a la liste et on est sûres de l'y retrouver. Une fois même, quelqu'un l'a ramené chez le véto pour soigner une blessure à l'oreille et a payé les frais. C'est incroyable, les gens feraient mieux de se préoccuper des humains à la rue plutôt que des chats errants."
En attendant, la réputation de Pichu a traversé la frontière. À force de montrer ses moustaches, est arrivé ce qui devait arriver : Pichu, rebaptisé "Minette" a été géolocalisé sur Google, au 61 rue de Colmar, et épinglé comme attraction touristique, cinq étoiles, plus que le Ronron Gourmet.
La page n'existe plus, mais les recherches se poursuivent. Tintin, est venue par exemple spécialement de Belgique, ce mercredi 16 octobre, pour le retrouver. Bingo. Gros crush.
Un bourreau des cœurs
Les commentaires sur le félin, indifférent aux flatteries comme chacun sait, y étaient, il faut le dire, dithyrambiques. "Super chat, très sociable et accueillant, bien qu’il fasse souvent la sieste. À voir si vous passez dans le quartier " ou "le plus gentil des chats". Elsa ne peut que confirmer. "Ben oui, c'est un super chat, il est gentil et affectueux. Je me suis longtemps demandé pourquoi Pichu provoquait de telles réactions, mais oui, ça doit être parce qu'il est tout doux."
Tellement doux, que certains le sont devenus un peu moins.
Tellement doux qu'Elsa reçoit parfois des messages équivoques de ses voisins. "J'ai passé une nuit inoubliable avec Pichu, merci". Un vrai bourreau des cœurs. "C'était une voisine qui l'avait recueilli pour la nuit, pensant qu'il était abandonné et qui nous a retrouvées sur Facebook. Ça arrive souvent. Je ne sais pas ce qu'il lui a fait, elle était conquise."
"Non mais au-delà de ça, c'est vrai que Pichu créé du lien social dans le quartier. Quand je vais le chercher à son spot et que je le ramène à la maison dans les bras, les gens m'arrêtent et me disent "Ha, mais c'est le vôtre" et on papote un peu. Et ce n'est pas que les mémés, pas du tout. Non franchement, je suis très fière de lui, vraiment."
Elsa craint tout de même un peu que Pichu soit victime de son succès. Ce ne serait pas la première fois. Décidément, Pichu mène une vie bien trépidante et l'adage dit vrai : le chat retombe toujours sur ses pattes." Une fois, des occupants d'AirBnb du quartier ne voulaient plus nous le rendre, on a dû lourdement insister, voire menacer. On craint que quelqu'un lui fasse du mal ou nous le vole, mais il aime tellement être dehors que nous n'avons pas trop le choix. C'est un chat."
Ses craintes n'empêcheront pas Elsa d'entretenir encore un peu le mythe "les petites sont trop fières". Elle songe pour Noël à habiller le chat d'un bonnet. Ce serait le pompon oui si Pichu détrônait le sapin dans le cœur des touristes et sur Google.