PORTRAIT. Catherine Bolzinger, une maestra qui mène ses choristes amateurs jusqu'à l'excellence

C'est un chœur qui compte parmi les plus grands. Le chœur philharmonique de Strasbourg existe depuis 20 ans, dirigé depuis ces débuts par Catherine Bolzinger, une cheffe de chœur convaincue de l'importance de mener à l'excellence des chœurs amateurs. Portrait d'une maestra magistrale.

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C'est une cheffe de chœur étonnante, souriante, charismatique. On pourrait lui donner mille qualificatifs. Elle séduit et touche au cœur ses choristes et les nourrit d'images et de couleurs pour modeler leur voix. Elle sait les faire respirer et souffler, et sa présence intense les capte d'un bout à l'autre d'une répétition ou d'un concert.

Dimanche 24 mars, ils sont réunis pour répéter ensemble le Requiem de Fauré, au répertoire de leur prochain concert à Colmar, le 27 mars. Un weekend de travail pour les chanteurs amateurs qui travaillent depuis 20 ans sous les ordres de cette maestra énergique.

"C'est une aventure incroyable", résume Catherine Bolzinger. "Il y a vingt ans, j'avais vingt ans de moins et j'enseignais au conservatoire, j'avais fait le CNSM, une formation professionnelle de chef de chœur, et on m'a confié cette direction. Je me suis en fait construite en construisant ce chœur et en l'accompagnant dans son développement. Et en 20 ans, on a chanté toutes les grandes œuvres, depuis l'époque baroque jusqu'à la musique contemporaine. On a chanté des œuvres qui ont été écrites pour nous, pour ce chœur."

Un orchestre professionnel et un chœur amateur ensemble sur scène, son objectif

Et ce chœur, elle y tient, elle le tient depuis toujours. Travailler avec des amateurs, les façonner, les faire travailler comme des pros pour les amener sur des scènes importantes, au côté d'orchestres professionnels, c'est son challenge, sa passion.

Le chœur philharmonique de Strasbourg continue d'ailleurs de chanter avec l'orchestre philharmonique de Strasbourg, une tradition que cette cheffe voudrait voir s'étendre. "Ce chœur est resté 18 ans dans le giron de l'orchestre philharmonique de Strasbourg, il a été créé à l'initiative de Patrick Minard, le directeur général de l'orchestre. C'était comme une pépinière. On a grandi puis on a pris notre indépendance administrative et artistique."

"On va bientôt travailler avec l'orchestre professionnel de Stuttgart et j'en suis très contente. On ne le sait pas mais les relations difficiles entre les professionnels et les amateurs en France sont liées à notre Histoire. Avec la Révolution française, on a coupé cette pratique amateure pour valoriser la place centrale à Paris et les ensembles professionnels plutôt que les orchestres populaires, et ça a déraciné dans notre pays la pratique en amateur, ce qui continue d'exister dans d'autres pays : les pays baltes, en Angleterre, aux États-Unis. Dans ces pays, les chœurs amateurs, c'est fréquent qu'ils aient un excellent niveau et qu'ils chantent avec des orchestres professionnels. Dans notre pays, c'est beaucoup plus rare, nous sommes quatre chœurs de ce type en France seulement. Je suis contente d'avoir semé ça, en vingt ans de pratique."

Elle vient d'ailleurs de prendre la direction du chœur de Haute-Alsace, qui n'a plus que 38 chanteurs amateurs. L'idée de cette cheffe, c'est de recréer un orchestre philharmonique, sur le modèle de ce qu'elle a construit à Strasbourg, un défi qui la replonge vingt ans en arrière. Ses yeux pétillent.

Je suis visuelle, c'est bizarre pour une musicienne

Catherine Bolzinger, cheffe de choeur

Catherine Bolzinger fait face à 90 musiciens d'habitude, ils sont moins nombreux pour le Requiem de Fauré en ce moment. "Quand je dirige, j'ai des images qui passent devant mes yeux. Des images qui viennent de la musique que j'imagine avant qu'ils chantent et aussi de ce qu'ils m'envoient."

"Ils me donnent leur énergie, je prends leur énergie, je la modèle. Et le chœur se transforme au moment du concert, ce n'est plus une somme d'individus, mais c'est comme un corps chantant, comme un seul individu."

"Comme une vague : c'est plein de petites gouttes d'eau, mais on ne voit qu'une seule vague. Le chœur ça devient ça au moment du concert. La musique est pour moi une matière vivante, toujours réinterprétée. Toujours. Et tout ce "faire ensemble", c'est la clef d'un bonheur profond."

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La cheffe de choeur Catherine Bolzinger dirige une répétition du choeur philharmonique de Strasbourg, France 3 Alsace ©Florence Grandon. FranceTélévisions

Et ses chanteurs sortent galvanisés d'une répétition avec elle.

Des chanteurs admiratifs

Céline Kuhn est infirmière libérale et soprana depuis 11 ans dans le chœur. Chanter est devenu vital pour elle : "après une journée de travail, on n'a plus envie, on est fatigué. Mais quand on arrive, quand on se met à chanter, tous les soucis, toute la journée qui part. On a un sentiment d'amour qui arrive, c'est indescriptible. C'est un sentiment de bien-être comme si on allait au spa ou se faire masser."

Céline chante aussi dans d'autres chorales. Mais Catherine est une cheffe à part. "Elle arrive, par quelques indications, à faire une bascule. Par deux-trois mois, elle arrive à avoir ce qu'elle veut d'entendre. Et puis sa gestuelle est tellement romantique, tellement amoureuse, elle nous emmène et elle est avec nous."

Thomas Zinglé travaille à l'Eurométropole de Strasbourg et il est baryton dans le chœur depuis deux ans. "Catherine est solaire. Elle est exigeante, sans jamais forcer le trait. Elle accompagne chacun, chaque pupitre, chaque voix. C'est vraiment très agréable de travailler avec elle. Et cette œuvre de Fauré, c'est un moment de paix, très paradisiaque avec ces voix hautes. On va dans le divin presque."

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Extrait de la répétition du Requiem de Fauré par le choeur philharmonique de Strasbourg sous la direction de Catherine Bolzinger, le 24 mars 2024 ©Florence Grandon. FranceTélévisions

Le chœur organise régulièrement des auditions pour enrichir ses rangs de nouveaux choristes bénévoles et engagés.

L'agenda des concerts se trouve sur la page du chœur

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