Des parents d’élèves d’Ostwald, au sud de Strasbourg, manifesteront le samedi 2 juillet. Ils viennent d’apprendre que des dizaines d'enfants n’auraient pas de place à la cantine à la rentrée prochaine. Plus qu’un casse-tête, une source d’angoisse pour les familles concernées.
Les grandes vacances approchent. A deux semaines du grand départ, beaucoup de parents ont déjà la tête dans les bagages. Mais à Ostwald, un courriel tombé le 17 juin dans les boîtes de messagerie a gâché la fête.
"C'était un message concernant les inscriptions à la cantine pour la rentrée prochaine. J’y apprends que mon fils, scolarisé en CM2, est bien admis. Mais ma fille, qui entre en grande section de maternelle, est refusée. Alors qu’elle était déjà à la cantine l’an dernier", raconte l’une des mamans concernées.
"Ça m'a sidérée, se souvient-elle, encore sous le choc quelques jours plus tard. Je me suis retrouvée totalement désemparée à la lecture de ce message, d’autant qu’il ne comportait aucune explication sur les raisons du refus de prendre en charge ma fille". Au total, 107 enfants de maternelle et de primaire, issus des quatre groupes scolaires de la commune (les sources d’O, le Schloessel, Jean Racine et le Bohrie) se sont vus refuser leur place. Autant de familles qui se retrouvent démunies à deux mois seulement de la rentrée scolaire.
"Certains d’entre nous pleurent, d’autres n’en dorment plus la nuit. C’est très stressant d’autant que les congés arrivent. On est nombreux à ne pas savoir quoi faire", témoigne cette maman. Comme beaucoup d’autres, elle travaille. Son mari également : commercial, il est en déplacement la moitié de la semaine. "Comment va-t-on faire ? J’ai bien mes parents, mais ils ont 77 ans et habitent à Strasbourg. Je ne me vois pas leur demander de faire chaque jour la route aller-retour pour s’occuper du déjeuner de notre fille. Et encore nous, on a de la famille pas loin, mais ce n’est pas le cas de tout le monde".
Ma fille de 5 ans m'a demandé : "où est-ce que je vais manger ? dehors ? toute seule ?"
Dominique*Maman démunie
Face à l’inquiétude et au mécontentement des familles, la mairie a organisé une réunion le mercredi 22 juin pour évoquer des solutions alternatives. Dominique y a assisté et en est sortie, comme beaucoup d’autres, consternée : "on nous a proposé de s'installer dans des salles inoccupées et d’y faire manger les enfants avec un repas tiré du sac, sous la surveillance de parents. Mais on ne peut pas prendre une telle responsabilité : il y a des questions d’assurances, d’agréments, d'allergies. On nous a aussi suggéré de s'organiser entre parents, en se relayant pour que chacun accueille chez lui cinq enfants par jour. C’est aberrant."
56 nouvelles places débloquées en urgence
"Nous travaillons encore pour trouver des solutions pour la rentrée prochaine. Nous venons de parvenir à débloquer 56 nouvelles places pour des accueils occasionnels", tente de tempérer la maire d’Ostwald, Fabienne Baas. Ces nouvelles places ne suffiront pas à contenter tout le monde : à la rentrée prochaine, la capacité d’accueil sera de 334 places (80 pour les maternelles, 254 pour les élémentaires) alors que 385 demandes d’inscription ont été déposées.
"On a bien conscience que le compte n’y est pas. Nous héritons d’une situation qui a perduré pendant des années au cours desquelles notre territoire s’est étendu, se justifie Fabienne Baas. Le nombre de demandes n’a cessé d’augmenter sans que les structures nécessaires ne soient adaptées."
Jusqu'ici, c'était un peu la règle "premier inscrit, premier servi". Il faut rendre le système plus équitable.
Fabienne BaasMaire d'Ostwald (Bas-Rhin)
Les parents ont voulu comprendre : selon quels critères ont été choisis les enfants admis à la cantine ? Pourquoi, dans une même fratrie, le grand frère pourra y aller alors que sa petite sœur est refusée. "Mon grand a proposé sa place à la petite, raconte la maman. C’est fou qu’on en arrive là".
La question a été posée à la directrice du pôle petite enfance, enfance et jeunesse de la ville d’Ostwald. Elle confirme que les critères d'attribution ont changé. "Nous ne communiquons pas ces critères, mais ils sont faits pour qu’il n’y ait aucune discrimination entre les familles, et que ce ne soit pas chaque année les mêmes qui profitent de la cantine", explique Marie Leonhardt. Le fait que les deux parents travaillent peut-il être un motif prioritaire ? "Non, ce ne serait pas équitable pour les familles qui ne sont pas dans cette situation, précise–t-elle. On sait aussi que la restauration scolaire est une garantie de bonne hygiène alimentaire à laquelle tous les enfants n’ont pas accès chez eux. Cela fait aussi partie des critères."
Faute de justification précise, une quarantaine de parents réunis en collectif ont sollicité leur députée, un médiateur des droits et lancé une pétition. "Certains sont dans la panique totale, se demandant s’il faut que l’un des deux parents quitte son emploi", décrit une autre maman. D'autant que plusieurs d'entre eux ont déjà tenté de faire appel à une assistante maternelle, mais elles ne sont plus assez nombreuses pour répondre à toutes les demandes.
La municipalité espère que chacun aura une solution pour la rentrée. "On va refaire le tour des familles pour ajuster au mieux les moyens mais nous ne pourrons pas pousser les murs, prévient Fabienne Baas. Nous comptons aussi sur les parents pour trouver des alternatives et d’autres modes d’organisation". Deux réunions avec les parents concernés par les refus sont prévues d’ici les grandes vacances. Est également annoncée la mise en place d’un groupe de réflexion sur la question associant familles, services de la ville et responsables des groupes scolaires dès la rentrée prochaine.
D’ici là, les familles rappelleront leur désarroi lors d’une manifestation le samedi 2 juillet à Ostwald.