Procès France Télécom: "nous sommes soulagés", réagissent les proches d’une victime alsacienne après le jugement

Le jugement du procès France Télécom est tombé ce vendredi 20 décembre. Dix ans après la vague de suicide chez ses salariés, l’entreprise et ses ex-dirigeants ont été reconnus coupables de harcèlement moral. Un soulagement pour la famille Perrin, seule partie civile alsacienne.
 

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Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement vendredi 20 décembre dans l’affaire France Télécom. Suite à la vague de suicide survenue dans l’emblématique entreprise de télécommunications, deux de ses ex-dirigeants ainsi que son ex-PDG Didier Lombard ont été reconnus coupables de harcèlement moral et condamnés à un an de prison dont 8 mois avec sursis et 15.000 euros d’amende pour avoir mis en place une politique de réduction d’effectifs "jusqu’au boutiste" au début des années 2000. L’entité a quant à elle écopé de 75.000 euros d’amende, peine maximale.

Un verdict jugé satisfaisant par la famille d'une victime alsacienne, partie civile. "Nous sommes très contents. La prison ferme, on ne s’y attendait pas. Certes, cela ne nous rendra pas Robert, mais peut-être que cela nous apaisera un peu", réagit Monique Perrin, belle-soeur de Robert Perrin.

Ce technicien avait 51 ans lorsqu’il a mis fin à ses jours par arme à feu. En poste à Strasbourg, sans enfants, il était rentré aux PTT en 1975. Sous l’ère France Télécom, il avait accepté d’effectuer des horaires décalés, sur lesquels sa vie personnelle était calée. "Il était très attachée à son entreprise, très fier d’y travailler", se souvient sa belle-soeur. Mais un beau jour, c’est le désenchantement. L’employé apprend que sa "brigade" est menacée. Elle résistera, mais lui devra sans doute se reconvertir, peut-être même déménager. Robert plonge dans l’anxiété, tombe malade. "Ça a duré deux mois. C’est allé très vite. Plus de trente ans carrière pour en arriver là, c’est incroyable." Acculé, "n’arrivant plus à faire face", Robert Perrin se suicide le 17 mai 2008, en laissant une lettre dans laquelle il met en cause l’entreprise.
 
Onze ans plus tard, ses proches ont le sentiment que justice a été rendue, même si ils regrettent toujours que le chef d'inculpation d'homicide involontaire n'ait pas été retenu par le juge d’instruction en charge du dossier. "Le mécanisme de harcèlement était organisé. Ils (les ex-dirigeants) se doutaient qu’il y aurait des victimes", tempête Monique Perrin.

"Ils n'ont jamais eu de remord, ils ont constamment rejeté la responsabilité sur des subalternes. Je n'ai que dégoût et mépris pour ces personnes", a, de son côté, réagi Jean Perrin, le frère de Robert.

Pour lui, ces deux mois de procès  pendant lesquels le tribunal a examiné en détail les cas de trente-neuf salariés - dix-neuf se sont suicidés, douze ont tenté de le faire, et huit ont subi un épisode de dépression ou un arrêt de travai - ont été très "difficile à vivre".

Les époux Perrin, tous deux employés chez Orange, (ex-France Télécom) veulent croire qu’il aura un impact sur le patronat et les actionnaires. "Il faut que ces gens comprennent que le monde ne peut pas tourner comme ça. Il faut du respect, de la bienveillance dans les entreprises. A Orange, des restructurations se préparent, mais désormais elles sont abordées d’une autre manière. Il y a des avancées positives, mais dans d’autres entreprises ce n’est pas encore le cas", affirment-ils.

A l'époque, engagé dans le virage de la privatisation et des nouvelles technologies, France Télécom, avait tablé sur la suppression à marche forcée de 22.000 postes en trois ans et souhaitait procéder à 10.000 changements de métier. A l'issu du procès, l'avocat de Didier Lombard a interjeté appel du verdict. "C'est une insulte aux victimes. Monsieur veut laver son honneur, mais quel honneur? Il ferait mieux d'assumer sa peine", s'insurge Monique Perrin, avant d'ajouter: on va se préparer à un deuxième procès, on sera là, on ne lâchera pas."

Dans cette affaire, quatre autres responsables, jugés pour "complicité de harcèlement moral", ont écopé de quatre mois de prison avec sursis et de 5.000 euros d'amende.

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