Quand la pluie affecte le moral et les chantiers, "on est obligé d'être des peintres météorologues"

Il aura plu quasiment cinq semaines sans discontinu. Mis à part notre moral qui en a pris un sacré coup, certaines professions ont été particulièrement touchées par cette météo défavorable. Exemples avec les restaurateurs et les métiers du bâtiment, comme les peintres et les couvreurs.

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Cinq semaines de pluies quasi incessantes. Le mois de mai a été pourri, disons-le. Au-delà de la garde-robe estivale qui est restée planquée au fond du placard, certaines professions ont été mises en difficulté par la pluie. C'est le cas des restaurateurs ou des métiers du bâtiment.

Sur ce chantier d'Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin), ces couvreurs zingueurs profitent de la première journée de soleil depuis cinq semaines pour terminer leur travail, mardi 4 juin. Rénovation du bardage. Leur client a de la chance, il n'a eu qu'un mois d'attente. D'autres, devront patienter jusqu'en novembre : la pluie a gelé les chantiers, accumulant les retards de réception.

Des délais rallongés

"C'est très compliqué, c'est un désastre, quand il pleut sur les chantiers, on ne peut que les couvrir. Les gens attendent. Les retards se comptent en mois, au moins deux. Du coup, on travaille plus le samedi, le dimanche. Les bâches ne suffisent pas toujours et on ne peut pas laisser les gens avec des infiltrations" explique Leny Chasagrande 

Son collègue opine du chef. "Le beau temps est primordial quand on couvre. Quand il pleut ça glisse, c'est trop dangereux. On arrête, et on fait le travail administratif, on prend d'autres chantiers, on fait des devis et on repousse, on repousse", complète Sean Hubert.   

Garder l’œil rivé sur les prévisions météo est une nécessité pour tous les professionnels du bâtiment. En particulier pour les peintres, qui n’ont, eux non plus, pas beaucoup travaillé le mois dernier. Impossible de s’attaquer à une façade, s'il y a le moindre risque de précipitation.

Un chantier qui n'est pas achevé n'est pas facturé donc vous n'encaissez rien

Bruno Ehrhardt , artisan peintre

"Quand il pleut, on ne peut pas travailler dans la mesure où l'eau est très néfaste à nos travaux. On doit être peintre météorologue, anticiper et savoir à quel moment la pluie va arriver, c'est complexe et pénible au quotidien. Un chantier qui n'est pas achevé n'est pas facturé donc vous n'encaissez rien. Dans une situation déjà en tension, cela peut poser un problème pour la trésorerie de certaines entreprises. Après ce n'est pas exceptionnel, là, c'est la durée qui peut nous gêner. Cinq semaines si vous êtes à cheval sur deux mois, vous avez toutes les charges, les salaires, les fournisseurs, les traites, en fin de mois à payer et si votre fonds de roulement est insuffisant et que vous n'avez rien encaissé ça peut être compliqué, en face, vous avez un banquier et un fournisseur en face qui attend. Là, l'artisan, avec la meilleure volonté du monde, ne pourra rien faire de plus que ce qu'il ne fait déjà", témoigne Bruno Ehrhardt, artisan peintre et vice-président de la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment.)

Terrasses clairsemées

Même constat chez les restaurateurs de Strasbourg, ceux pour qui la saison des terrasses devait commencer en mai. La capitale alsacienne compte tout de même 18 000 m² de terrasses. Rien de catastrophique pour autant. Chez ce gérant de bar qui a pignon sur rue à la Krutenau, la fréquentation a baissé de 10 à 15% en mai. "Ce n'est pas la catastrophe." Les Strasbourgeois semblent défier le mauvais temps, surtout depuis les restrictions liées à la covid où ils ont pris le pli d'être dehors. 

Il faut accepter aussi de temps en temps qu'il ne fasse pas beau

Jacques Chomentowski, vice-président UMIH67

"On n'a pas de bilan à tirer puisqu'on n'a quasi pas eu de terrasses au mois de mai. C'est un mauvais début de saison. Chaque année, on a à peu près le même nombre de jours de terrasse, j'espère que ça va s'égaliser et qu'on s'y retrouvera. On n'a pas d'emprise sur le temps, on attend le soleil. Si on faisait faillite à chaque fois qu'il pleut, on ne pourrait pas maitriser nos affaires puisqu'on ne maitrise pas la météo. Il faut accepter aussi de temps en temps qu'il ne fasse pas beau. C'est une saison qui commence mal, on va voir comment elle se termine" explique, philosophe, Jacques Chomentowski, vice-président de l'UMIH67 (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie)  

L'an dernier, après un printemps magnifique, le mauvais temps s’était invité en pleine saison estivale, entre juillet et août. Cette année, le scénario sera peut-être différent. Peut-être.

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