"La situation n’est plus vivable" : les services des urgences de Sélestat, Obernai et Strasbourg en grève illimitée

Les urgences du groupement hospitalier Sélestat-Obernai sont en grève illimitée depuis le 9 juillet. Les urgences du CHU de Strasbourg rejoignent le mouvement ce mercredi 10 juillet. Les personnels dénoncent des conditions de travail dramatiques et demandent des ouvertures de lits. 

 

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Les soignants du groupement hospitalier Sélestat-Obernai (GHSO) sont dans une colère… rouge. Ce mardi 9 juillet, ils ont rejoint la longue liste des services d’urgences entrés en grève pour dénoncer le manque de moyens accordés à la santé publique et les conditions de travail catastrophiques dans lesquelles les équipes surnagent, tant bien que mal.
 


"Nous sommes en situation de détresse profonde. Une situation qui n’est humainement plus vivable, ni pour les patients, ni pour les professionnels", dénonce Claude Bassot, représentant du personnel CFDT.

Ce mardi midi, une trentaine de salariés ont manifesté devant le service. Au cœur des revendications immédiates, l’ouverture d’une trentaine de lits de suites de soins et de rééducation, mais aussi d’une dizaine de lits en hôpital de jour au NHO à Obernai. Des besoins que l’Agence régionale de santé (ARS) refuserait de combler faute de moyens.

"Il y a une saturation réelle du service des urgences, mais toutes les unités de soins sont impactées. C’est une énorme désorganisation à tous les niveaux", reprend Claude Bassot. Un constat qui se traduit en chiffres. "Pour ce qui concerne la bobologie, il y a 6 heures d’attente en moyenne pour être pris en charge par un médecin et nous avons des personnes qui patientent 24 ou 48 heures sur des brancards. C’est anormal", s’alarment les syndicats qui pointent du doigt le manque de moyens face à une explosion des admissions. Les urgences du groupe Sélestat-Obernai ont été conçues pour gérer 17.000 passages par an. Les soignants en dénombreraient le double, 34.000.

"Imaginez des couloirs remplis de lits. On est parfois obligés de fabriquer des paravents avec les moyens du bord pour garantir l’intimité des patients et préserver un minimum leur dignité. A certains endroits, il n’y a pas de prise à oxygène. Là encore on bricole des arrivées comme on peut." Et Claude Bassot dénonce la détresse du personnel : "Quand vous embrassez ce métier, c’est pour répondre à des valeurs. Aujourd’hui, on passe à côté de l’humain. La peur de l’erreur est dans les têtes quotidiennement."

Peur, colère et des réponses gouvernementales jugées "insatisfaisantes" sur le terrain. Le groupement alsacien vient donc grossir le mouvement social qui continue de s'étendre dans les urgences françaises. A ce jour, plus d’une centaine d’établissements seraient en grève. Les personnels d'Obernai et Sélestat doivent rencontrer la direction ce vendredi 12 juillet. 
 

Quelques avancées au CHU de Strasbourg 

Les personnels du CHU de Strasbourg-Hautepierre sont un tout petit peu plus sereins, depuis ce mercredi 10 juillet. La direction leur a fait plusieurs propositions, rapportées par le représentant syndical de FO, Stéphane Lévêque, s'exprimant au nom de l'intersyndicale : "La première mesure qui nous satisfait, c’est l’ouverture de 40 lits pour désengorger les urgences et les autres services en tension. Ensuite on a la confirmation de la volonté de la direction de recruter jusqu'à 150 soignants et combler le plus possible les postes vacants."
 
Autre annonce déclarée satisfaisante par Stéphane Lévêque : la création de groupes de travail pour améliorer l’attractivité de l’hôpital, recruter des personnels dans les différents secteurs en tension et fidéliser les agents en place. "Mais la lutte continue car on sait très bien que des réformes prévues comme « ma santé 2022 » et la loi dite de transformation du système de santé vont mettre à mal la prise en charge des patients et vont précariser la fonction publique hospitalière. Il faudra encore se battre au niveau national. "
 
 

A terme, ces grévistes craignent d’aller vers des soins à deux vitesses "à l’anglo-saxone, où les plus aisés pourront se payer des médecins avec leurs mutuelles et les moins riches devront patienter des mois pour voir un médecin."
 
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