Un bruit assourdissant suivi d’un important panache de fumée, ce mercredi matin, le quartier du Port-du-Rhin a été le théâtre d’une impressionnante explosion. C’est un silo à grains qui a été touché. Le point sur ce que l’on sait du drame à la mi-journée.
Un bruit violent, un coup de tonnerre, une boule de feu observée à des centaines de mètres à la ronde, voilà comment les témoins décrivent le violent incendie qui s’est déclaré ce mercredi dans la zone portuaire sud de Strasbourg. Un silo de la société Silostra, propriété du groupe Comptoir agricole, a explosé faisant plusieurs blessés.
Dans quelles circonstances l’explosion s’est-elle produite ?
L’explosion est survenue aux alentours de 9h20 ce matin dans le quartier Port-du-Rhin chez le principal négociant de céréales de la région, le Comptoir agricole, coopérative à laquelle adhèrent 4000 producteurs alsaciens. Elle a touché un silo à grains contenant 22.000 tones de maïs. La structure haute de 60 mètres s'est volatilisée, ne restent que des poutres noircies par la fumée.
Le risque d’explosion est connu dans ce type de silo. Le stockage de céréales peut provoquer l’équivalent d’un coup de grisou. En 2013, à Marckolsheim, un incendie s’était déclaré dans une entreprise du port, Téréos, sans faire de victimes.
Y a-t-il des victimes ?
Peu après l’explosion, un premier bilan faisait état de 11 blessés. Un chiffre revu depuis à la baisse. Selon la Préfecture, 20 personnes étaient sur place au moment de l’incident. Mais un dernier bilan officiel recense 4 personnes évacuées dont 1 blessé en urgence relative et 3 blessés en urgence absolue, qui souffriraient de brûlures au 2é et au 3é degré. Leur pronostic vital n’est cependant pas engagé.Ils ont été conduits vers l'aérodrome du Polygone où un hélicoptère les attendait pour les transporter au centre de traitement des grands brûlés à Metz. Les 4 victimes travaillaient sur des travaux d'entretien qui avaient été programmés sur le site.
Une 20é d'autres personnes "commotionnées" ont également été prises en charge sur place par le point d’urgence médico-psychologique (PUMP).
Quelles sont les raisons de l’explosion ?
Pour le moment, les causes de l’incident ne sont pas formellement établies. La Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ) de Strasbourg est saisie d'une enquête ouverte par le parquet pour blessures involontaires. "Selon les premiers éléments, il s'agirait d'une explosion accidentelle", a indiqué la police. Interrogé par Les dernières nouvelles d'Alsace (DNA), Marc Moser, président du Comptoir agricole, avance une "première hypothèse". Selon lui, l'origine du sinistre serait "une explosion due à des poussières" qui se seraient enflammées en raison "d'étincelles au niveau des travaux de maintenance".
L'enquête en cours devra répondre à plusieurs interrogations soulevées quelques heures après les faits. La présence de 450 tonnes d'ammonitrates, un engrais azoté utilisé à grande échelle dans l'agriculture, hautement inflammable, stockés à proximité du silo pose notamment question. Ces engrais ont fait craindre un sur-accident, une déflagration qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques.
Quel dispositif mis en place ?
Un périmètre de sécurité a été établi à 200 mètres autour du lieu de l’explosion. Même si l’incendie était maîtrisé en milieu de journée, des interventions techniques de sécurisation se sont poursuivies une bonne partie de la journée sur le site. Il s'agissait notamment de nettoyer les débris amiantés du toit soufflable du silo qui a volé en éclat. Par ailleurs, la tour accolée à la structure qui menacait de s'effondrer, a été sécurisée.
Au total 108 pompiers et 60 engins du service départemental d’incendie et de secours (SDIS67) ont été dépêchés sur les lieux pour maitriser l'incendie et prendre en charge les victimes, appuyés par le SAMU. Le préfet du Bas-Rhin, Jean-Luc Marx, a activé « le centre opérationnel départemental » afin de coordonner l’intervention des services de secours. De leur côté, la ville de Strasbourg a activé son plan communal de sauvegarde et le rectorat a activé une cellule de gestion de crise suite au confinement d’une dizaine d’écoles présentes à 1 kilomètre à la ronde. Les mesures de confinement des établissements concernés ont été levées en fin de matinée.
L'accès au secteur...
Le trafic fluvial et la circulation routière sont restées paralysées une bonne partie de la journée. Les poids lourds dont le siège n’est pas situé dans la zone ont été invités à quitter le secteur jusqu’à la levée du périmètre de sécurité. Quant à la population, elle était invitée à éviter de circuler dans le secteur afin de ne pas gêner les interventions en cours.
Une cellule d’information du public a été mise en place. Numéro d’appel : 0 811 000 667
Ce soir, la Préfecture indique que le transit nord-sud sur la zone portuaire sud pourra reprendre à partir de 20h, par la rue de La Rochelle. Seule la rue du Rhin napoléon reste coupée pour la nuit et jusqu’à une heure indéterminée demain. Elle précise également que la Direction Régionale des Entreprises de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi (Direccte) Grand Est met en place les mesures de chômage partiel pour les entreprises qui, situées dans le périmètre de sécurité, doivent temporairement interrompre leur activité suite à l’accident.
Une première pour la ville de Strasbourg
Très rapidement après l'explosion, la ville de Strasbourg a activé son plan communal de sauvegarde. L'activation de ce plan est une première depuis son élaboration en 2011. Déclenché en cas d'évènements majeurs, il prévoit l'organisation nécessaire pour assurer l'alerte, l'information, la protection et le soutien de la population au regard des risques.
« Ce plan permet de mobiliser l’ensemble des services de la ville et de les mettre au service de la Préfecture en cas de risques ou de dangers particuliers » explique Alain Fontanel, premier adjoint au maire de Strasbourg. « Il nous a permis de mettre en place un pc sécurité, d’être en lien étroit avec la Préfecture mais aussi de mobiliser la police municipale et l’ensemble des fonctionnaires de la ville » précise encore l'élu.
La ville qui craignait des risques supplémentaires liès à l'incendie initial avait mis en place des mesures de circulations adaptées mais aussi préparé un plan d'évacuation du site et de ses alentours qui n'a pas été mis en oeuvre, fort heureusement.